(Fr.) LE BON SAMARITAIN. 1/ Jésus dit à ses disciples bien avant sa Passion: 2/ Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez. 3/ des rois et des princes ont désiré entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu, voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu. 4/ Bienheureux les yeux qui voient ce que vous voyez, ces mots signifient ceci. 5/ Quand nous entendons chanter la nuit de Noël qu’un enfant nous est né, un fils nous est donné et que nous voyons le corps de Jésus-Christ au saint sacrement de l’autel, 6/ nous entendons et nous voyons ce que les gens de l’Ancien Testament ne pouvaient entendre ni voir. 7/ Aussi nous sommes encore plus tenus qu’eux à aimer Dieu. 8/ Nous avons deux yeux qui voient les choses présentes; nous en avons aussi deux au coeur qui voient le passé et l’avenir. 9/ C'est de ces deux yeux-là que regardaient les apôtres quand Jésus leur dit: Bienheureux les yeux qui voient ce que vous voyez. 10/ Il voulait dire que ceux qui regarderaient avec autant de sagesse que les apôtres partageraient avec eux la bénédiction éternelle. 11/ A ce moment-là un docteur de la loi demanda à Jésus quel était le plus grand commandement de la loi. 12/ Il répondit: Qu'y a-t-il d’écrit dans ta loi? -Il y est écrit: 13/ Aime Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée, de tout ton force, et autant ton prochain que toi-même. 14/ Jésus lui dit: Fais cela et tu vivras. Le docteur de la loi lui demanda: Seigneur, qui est mon prochain? Jésus lui répondit: 15/ Un homme allait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba aux mains de voleurs qui le dépouillèrent, le blessèrent et le laissèrent à demi mort. 16/ Par là passa un prêtre, qui n'eut pas pitié de lui; un diacre qui passa ensuite n'en fit pas plus. 17/ Un samaritain passa par là, qui eut pitié du blessé, versa sur ses plaies du vin et de l’huile et le plaça devant lui sur sa monture. 18/ Il le confia au chef d’étape en disant: Mon ami, aie soin de ce blessé; voici deux deniers et si tu dépenses davantage, je te rembourserai à mon retour. 19/ Dites-moi, maître, qui fut le plus prochain du blessé, le prêtre, le diacre ou le samaritain? 20/ - Celui qui eut pitié de lui fut le plus prochain, dit le maître. - Faites-en donc autant à tous ceux qui auront besoin de vous, répondit Jésus. 21/ Il faut interpréter cette parabole. L’homme qui allait de Jérusalem à Jéricho, c'est Adam; 22/ car quand il fut créé par la Trinité, il fut fait en vision de paix qui signifie Jérusalem. 23/ Quand il eut péché il passa de Jérusalem à Jéricho qui signifie vallée de péché. 24/ Il tomba aux mains des diables qui le dépouillèrent de la robe d’innocence le blessèrent de plusieurs péchés mortels, 25/ et le laissèrent à demi mort, car quand nous avons péché mortellement, bien que nous serions damnés si nous mourions en cet état, 26/ nous ne sommes pourtant pas entièrement morts et pouvons être ressuscités par un vrai repentir et une bonne confession: c'est pourquoi il demeura à demi mort. 27/ Les patriarches qui vinrent ensuite, Abraham, Isaac, Jacob, et les autres patriarches, si saints qu’ils aient été, 28/ ne purent cependant guérir Adam de sa maladie de péché, parce qu’ils n'apportaient pas la clé d’enfer pour l’en délivrer ni celle de paradis pour l’y faire entrer. 29/ Vinrent ensuite les prophètes, qu’on appelle ici diacres parce que quand un évêque ordonne un diacre, il lui dit: Fils, reçois le Saint-Esprit. 30/ Et bien que les prophètes eussent le Saint-Esprit, ils ne purent guérir Adam de sa maladie. 31/ Ensuite vint Jésus, de si haut que le sein de son Père sur la terre. 32/ Il se donne ici le nom de samaritain, car samaritain signifie gardien et il était venu pour retrouver et réparer ce qui avait été mal gardé. 33/ Il eut, lui, pitié d’Adam et lui versa sur ses plaies du vin et de l’huile, quand il blâma les péchés avant de les pardonner. 34/ C'est ce que signifie la crosse d’un prélat, qui est aigüe par le bas et crochue par le haut pour attirer le pécheur avec douceur: on doit le piquer en lui montrant le danger de son péché, 35/ et ensuite le traiter doucement en lui donnant l’absolution et en lui représentant la bonté de Dieu et sa miséricorde qui ne peut être mesurée. 36/ S’il porta le blessé devant lui sur sa monture il faut penser à son corps humain qui trente deux ans supporta pénitence et souffrance pour l’amour de nous; 37/ et nous en profiterons si nous n'y faisons pas obstacle, car la monture travaille pour son maître. 38/ Ainsi Jésus-Christ fut notre monture et son Père du ciel l’envoya travailler pour nous. 39/ Et ce fut une des raisons pour lesquelles il pencha la tête sur la croix, comme s’il voulait dire: 40/ Je suis fort chargé, car je porte sur mon dos les péchés de tout le genre humain. 41/ Ensuite il nous confia à la garde de saint Pierre et de tous ceux qui ont la gérance de l’Eglise. Jésus les appelle ses chefs d’étape comme il nous appelle ses brebis, 43/ car de même que la brebis laisse son fumier à l’étape, nous devons laisser nos péchés au confessionnal. 44/ Celui qui les en rapporte n'y a fait aucun profit et il n'est pas une vraie brebis du Seigneur. 44/ Les deux deniers qu’il donna au chef d’étape, c'est connaissance du bien et du mal ou bien l’Ancien Testament et le Nouveau. 45/ S’il dit: Et si tu y dépenses plus que les deux deniers je te rembourserai à mon retour, 46/c'est que, quand il reviendra tenir son Jugement, chacun sera glorieusement payé selon ses actes. 47/ Pas plus qu’il n'oubliera les méchancetés des damnés, il n'oubliera les bonnes oeuvres des élus.