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KeywordMot-cléStichwörtParola chiavePalabra clave: Humilité | Humility | Demut | Humildad | Umiltà
14occurences in collectionoccurrences dans le recueilAuftritte in der Sammlungoccorrenze nella raccoltaocurrencias en la colecciónTC0163
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ID (coll.)ID (rec.)ID (Samml.)ID (racc.)ID (col.) | ID (ex.)ID (ex.)ID (Ex.)ID (ex.)ID (ex.) | AuthorAuteurVerfasserAutoreAutor | TitleTitreTitelTitoloTitulo | ExemplaExemplaExemplaExemplaExempla | KeywordsMots-clésStichwörterParole chiavePalabras claves |
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TC0163 | TE018077 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 15. | JAKUSHIN, LE SECRÉTAIRE DU DÉPARTEMENT DES AFFAIRES DE LA COUR ENTRÉ DANS LA VOIE.– 1) Le secrétaire des affaires de la cour, Jakushin, désire entrer dans la Voie du Bouddha et se montre très compatissant. Il remet sa propre ceinture à une femme qui pleure pour avoir égaré une ceinture garnie de pierres précieuses destinée à son maître. Puis Jakushin emprunte une ceinture à quelqu’un pour remplir son office de secrétaire lors de la séance à la cour. 2) Un jour, il se rend au palais, monté sur un cheval. Il s’arrête pour vénérer chaque pagode, chapelle ou stèle. Il laisse son cheval paître à sa guise, si bien que le soir arrive. Le valet de Jakushin est excédé et fouette brutalement l’animal. Jakushin pousse des cris et se lamente : un lien l’unit certainement à ce cheval qui a pu être son père ou sa mère dans une existence antérieure. On comprend alors pourquoi on peut lire dans les notes du secrétaire : « Mon corps hante la ville, mais mon cœur s’est retiré du monde ». 3) Quand Jakushin prend de l’âge, il se rase la tête et va étudier les écritures sur le mont Yokawa. Là, il rencontre le révérend Zôga qui accepte de le former. A la lecture des premiers mots du Maka shikan (« La grande somme de quiétude et de contemplations »), le secrétaire éclate en sanglots. Le maître Zôga pensant que son élève ne peut avoir déjà pénétré le sens profond du texte est furieux et lui décoche un coup de poing. Jakushin se retire, mais demande de nouveau au maître de lui expliquer les écritures. Mais il éclate de nouveau en sanglots, et se fait encore malmener par Zôga. Quelques jours plus tard, il renouvelle sa demande auprès du maître, et se met encore à pleurer, et plus fort que jamais, lors de la lecture des écritures. Alors le révérend a lui aussi les larmes aux yeux devant la vénération de son élève. Il lui dispense ensuite sereinement son enseignement. Jakushin parvient à un haut degré de vertu, Quand il accomplit sa Renaissance, c’est le seigneur de la chapelle entré en religion qui assure la cérémonie de lecture de l’oraison chantée et qui donne cent mille pièces de chanvre blanchi au soleil. |
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TC0163 | TE018063 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 1. | LE CONTRÔLEUR MONACAL GENBIN RENONCE AU MONDE ET DISPARAÎT.– Le contrôleur monacal Genbin, préférant la solitude et la méditation au commerce de ses confrères, disparaît sans avertir quiconque. Quelques années plus tard, un de ses anciens disciples prend le bac pour traverser une rivière. Le passeur est un vieux moine hirsute et vêtu d’une robe malpropre. Le disciple, ému, reconnaît le contrôleur monacal qui semble avoir, lui aussi, reconnu son disciple, mais qui feint l’indifférence. Ne voulant paraître étrange aux yeux des autres passagers en interrogeant le passeur, le disciple décide de venir voir le contrôleur à son retour de voyage. Arrivé à l’embarcadère, il constate que le passeur n’est plus le même. On lui dit que l’ancien passeur était très pieux, réclamant peu pour le passage de la rivière et très apprécié des gens du pays. Mais depuis peu, il a disparu et nul ne sait où il se trouve. Le disciple se lamente, car il comprend que son maître a vidé les lieux, se voyant découvert par son disciple. On dit que Genbin a composé un poème dans lequel il est le gardien d’une rizière. Un contrôleur monacal, ému par cette histoire, installe un bac près du lac, pour devenir passeur à son tour. Son projet n’a jamais abouti, mais ce souhait reste une chose merveilleuse ! |
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TC0163 | TE018076 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 14. | UN MAÎTRE EN DISCIPLINE YÔKAN AU MONASTÈRE ZENRIN-JI.– 1) Le maître en discipline Yôkan demeure toujours au service de l’empereur, malgré sa profonde piété envers l’invocation au Bouddha. Retiré sur des collines au Zenrin-ji, il vit en prêtant aux gens. Chacun le respecte et ne commet de malhonnêteté à son endroit. Si un indigent ne rembourse pas son prêt, Yôkan se dédommage en lui faisant réciter les invocations, en plus ou moins grand nombre selon le montant de l’emprunt. Puis l’empereur nomme Yôkan intendant du Tôdai-ji. Contre toute attente, celui-ci accepte. Ses disciples se disputent âprement les terres du Todai-ji exemptées d’impôt. Mais l’intendant, lui, les consacre [les revenus] de toutes les terres pour la réfection du monastère. Il se déplace sur une étrange monture pour se rendre au monastère. Dès la fin des travaux de restauration, il donne sa démission. Il n’a détourné aucun bien du monastère pour son propre usage et les gens comprennent que l’empereur a estimé que Yôkan était le seul à pouvoir prendre soin du monastère délabré. 2) Le maître Yôkan fait distribuer aux malades du Yakuô-ji les fruits d’un prunier du monastère. Cet arbre surnommé « le prunier champ de compassion » demeure encore aujourd’hui, témoin du passé. 3) Un jour au monastère, un visiteur voit le maître étaler un grand nombre de bâtonnets à calculer. L’homme pense que Yôkan calcule les intérêts de ses prêts mais ce dernier lui répond qu’il a oublié le nombre d’invocations au Bouddha qu’il a prononcées ces années passées. 4) Le maître en discipline se rend à la cérémonie d’intronisation de sa fonction d’intendant vêtu d’habits peu ragoûtants, monté sur un cheval étique et d’aspect misérable. Les enfants lui demandent si la cérémonie va bien avoir lieu, et le maître répond qu’en fait les enfants se demandent si c’est bien lui l’intendant du Tôdai-ji ! 5) Ensuite Yôkan désire devenir chapelain du monastère Hosshô-ji, édifié par un empereur retiré, car « qui accepte l’aumône peut bien accepter la royauté » ainsi que le dit ce verset relevé dans les Ecritures. Là aussi, il se rend à son palais dans une tenue non conforme aux usages. Par la suite, il ne se rend jamais au monastère pour s’acquitter des ses fonctions. Les moines se plaignent auprès de l’empereur qui rétorque que l’indiscipline de Yôkan est d’un autre prix que la discipline de tout un chacun et n’émet aucun blâme. 6) A la fin de sa vie, le maître fait venir auprès de lui un ascète comme ami de bien. Il lui demande de réciter le texte des douze catégories d’écriture du Grand Véhicule. Yôkan est très mécontent car l’ascète ne fait qu’énumérer les titres des douze catégories. Dans ses derniers moments de lucidité, il fait réciter l’invocation au Bouddha et écoute en purifiant son cœur. Il prononce ensuite à plusieurs reprises un verset et accomplit sa Renaissance. |
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TC0163 | TE018074 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 12. | UN MOINE SE PRÉSENTE CHEZ AKIYOSHI, GOUVERNEUR DU MIMASAKA.– Un moine entre dans la maison du gouverneur du Mimasaka et psalmodie les Ecritures. Il répond à son hôte qui le questionne qu’il vit d’aumônes dans un monastère. Il ajoute qu’il a engrossé une fille qui est à son service, et il demande alors au gouverneur de lui donner des vivres pour subvenir aux besoins de cette femme. Le gouverneur, pris de pitié, accepte. Le moine, ne souhaitant pas que l’on sache où il demeure, refuse d’être accompagné par un porteur et repart portant lui-même les provisions. Le gouverneur, intrigué, le fait suivre par un domestique. Après une longue marche, le moine entre dans un ermitage de branchages au fond d’une profonde vallée isolée. Il déballe les vivres et parlant seul, déclare qu’il a de quoi se nourrir durant sa retraite. Puis il se lave les pieds et entre dans le silence. Le domestique, dissimulé sous un arbre, s’émeut en entendant le moine réciter le sûtra du lotus toute la nuit. Le lendemain le domestique s’en retourne et rapporte à son maître tout ce qu’il a vu. Le gouverneur, s’étant douté lors de la visite du moine qu’il avait affaire à un homme peu ordinaire, renvoie le domestique à l’ermitage avec d’autres vivres et avec une lettre dans laquelle il demande au moine de l’avertir de ses besoins. Le moine, plongé dans sa récitation du sûtra du lotus ne répond pas. Le domestique s’en retourne, après avoir déposé les vivres devant l’ermitage. Quelques jours plus tard, le domestique, curieux, retourne sur les lieux. Là, il trouve l’ermitage désert. Le moine est parti, emportant les premières provisions avec lui, mais laissant les autres vivres déposés devant l’ermitage. Pour cacher leurs mérites, ceux qui possèdent l’esprit de la loi déclarent avoir commis des fautes, craignant de devenir objet de vénération. |
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TC0163 | TE018065 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 3. | LE CHAPELAIN BYÔDÔ QUITTE LA MONTAGNE ET SE REND EN UN AUTRE PAYS.– L’éminent chapelain Byôdô , après avoir pris conscience de l’inutilité de sa vie entravée par le souci de la gloire, le profit et le soin de son corps, décide subitement de quitter la montagne où il réside, pour ne jamais revenir. Il chemine au hasard, et arrive dans la province d’Iyo, dans laquelle il vit en quémandant sa nourriture. Là, on le surnomme « le mendiant du porte à porte ». Sur la montagne, les moines s’étonnent de l’absence de leur chapelain et, le pensant mort, ils procèdent aux rites funéraires. Le nouveau gouverneur s’installe dans le pays d’Iyo, et y charge du culte le maître instructeur Jôjin, un ancien disciple du chapelain. Un jour, « le mendiant du porte à porte » entre dans la cour de la résidence du gouverneur et subit les rires moqueurs des enfants et les insultes des gens rassemblés là. Pris de pitié, le maître instructeur Jôjin le fait venir près de lui, et malgré l’apparence inhumaine et déguenillée du mendiant, il reconnaît son ancien maître. Très ému, il aide le chapelain à se hisser sur la galerie, et tous les gens sont émus à sa vue. Le chapelain répond brièvement et s’en retourne. Jôjin part à sa recherche, fait fouiller toute la forêt mais ne trouve aucune trace de son maître. Bien plus tard, un forestier trouve le chapelain mort, assis les mains jointes, tourné vers l’ouest. Pénétré de respect, le maître instructeur accomplit les rites. Ceux qui ont éveillé leur cœur quittent les lieux où ils ont vécu, loin de la gloire et du profit. |
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TC0163 | TE018064 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 2. | LE CONTRÔLEUR MONACAL GENBIN EST AU SERVICE D'UN ADMINISTRATEUR DE DISTRICT AU PAYS D'IGA.– Genbin se présentant comme un pauvre moine est engagé par un administrateur du pays d’Iga, qu’il sert avec diligence durant trois années. Ce maître, sous le coup d’une accusation, se voit chasser du pays où il est établi depuis plusieurs générations. Le moine, informé de cette situation propose à l’administrateur de monter à la capitale et de s’expliquer auprès du gouverneur. Le moine ajoute qu’il connaît un homme dans l’entourage du gouverneur à qui il pourrait parler. L’administrateur accepte et se rend à la capitale avec le moine. Ce dernier, voulant montrer bonne figure, demande à son maître de lui prêter des vêtements pour entrer dans la résidence. Là, tous se précipitent, et s’agenouillent devant le moine en signe de respect. Le grand conseiller le presse de questions sur son absence, mais le moine dit qu’il est venu pour une affaire particulière. Il demande la grâce pour son maître à qui il est très attaché. Le conseiller, sans demander aucune explication, prend immédiatement un arrêté qui confère à l’administrateur une position encore plus avantageuse qu’auparavant. De retour près de l’homme de l’Iga complètement stupéfait, le moine dépose l’arrêté sur les vêtements prêtés, et disparaît.rnrn |
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TC0163 | TE018072 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 10. | A)UN SAINT HOMME DU TENNÔ-JI ET B)UN MENDIANT CACHENT LEURS VERTUS.– A) Un pauvre ascète, vêtu de haillons, vagabonde, moqué par les enfants qu’il croise sur son chemin. Il débite des propos insensés, tel un fou. Une nuit, il demande l’asile à un éminent clerc qui accepte de l’accueillir. Pendant la nuit, l’ascète demande au clerc d’éclaircir quelques questions qui l’embarrassent depuis bien des années. Le clerc, émerveillé, découvre un homme très instruit sur les subtilités du dogme de l’école du Tendai. L’homme, satisfait des réponses du clerc, s’en va au point du jour. Le clerc conte cette rencontre aux gens du voisinage qui vénèrent dorénavant l’ascète. Sans doute agacé d’avoir été percé à jour l’ascète finit par disparaître, et on raconte qu’on l’a trouvé des années plus tard au pied d’un grand arbre, les paumes jointes, assis sur ses talons et les yeux fermés à tout jamais. B) Un mendiant vêtu de haillons, se nourrissant à l’occasion de chair de poisson ou de poulet, passe aux yeux de tous pour un idiot. Mais il emprunte régulièrement pour quelques jours des Ecritures et des commentaires à un saint moine. Il meurt sur la digue, tourné vers l’ouest, les paumes jointes et bien droit sur ses talons. Ces personnages sont des êtres supérieurs tournés vers l’autre vie, cachant leurs mérites loin de la société des hommes. |
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TC0163 | TE018066 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 4. | SENKAN, CHAPELAIN IMPERIAL, RENONCE AU MONDE ET VIT EN RECLUS.– Le chapelain impérial Senkan, grand érudit, rencontre le révérend Kûya et lui demande que faire pour assurer son salut dans sa prochaine vie. Devant l’insistance du chapelain, le révérend lui conseille le renoncement. Le chapelain se dépouille de ses ornements, renvoie les gens de son escorte, part seul et devient un reclus. Encore insatisfait, il aperçoit une nuée couleur d’or vers laquelle il se dirige. Il construit un ermitage en ce lieu, se retire du monde et pratique l’ascèse. On dit que ce chapelain est apparu en songe comme l’avatar de Kannon et que le nom de Senkan est la forme abrégée de ce Bodhisattva. |
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TC0163 | TE018067 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 5. | LE RÉVÉREND ZÔGA, DU PIC DE TÔ, RENONCE AU MONDE ET ACCOMPLIT SA RENAISSANCE.– Le révérend Zôga , promu à un brillant avenir grâce à ses hautes vertus, n’aspire secrètement qu’à renaître au paradis. Il prie pendant mille nuits et supplie à haute voix d’être possédé par l’esprit de la Voie. Au terme de ces nuits, le moine renonce à sa position. Lors d’une cérémonie, il ramasse les restes du banquet parmi les mendiants, puis s’enferme dans un ermitage pour pratiquer son ascèse. Ayant acquis une solide réputation, il est invité par l’impératrice qui désire entrer en religion. Mais Zôga ne fait que débiter des propos incohérents avant de s’en aller. Une autre fois, convié à une cérémonie en l’honneur du Bouddha, il ne fait que critiquer et n’accomplit aucun rite, sans doute pour se tenir à distance des gens et ne plus être sollicité. Une autre fois, juché sur une vache d’aspect misérable, et portant un saumon séché à sa ceinture, Zôga accompagne son maître monacal convié au palais de l’empereur. Les gens l’invectivent, mais le moine rétorque qu’étant le disciple de son maître monacal depuis son plus jeune âge, il est le seul à pouvoir le servir comme piqueur de bœuf. Il chantonne « La notoriété, quel embarras ! La mendicité, quel agrément ! » avant de s’éloigner. Sentant sa fin approcher, Zôga joue seul au jeu de go, jette les quartiers d’une selle sur ses épaules, et danse en imitant la danse des papillons. Il explique à ses disciples intrigués que ces deux choses lui étaient interdites quand il était enfant. Puis il compose un poème avant de rendre son dernier souffle. On peut qualifier le comportement de ce moine de pure folie, mais il est dicté par l’unique désir de se tenir à distance de ce monde. |
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TC0163 | TE018146 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 80. | LE RÉVÉREND KAKUNÔ, QUI DEMEURE AUPRÈS DU TOMBEAU DU PRINCE, AIME LA MUSIQUE.– A) L’ascète Kakunô a un amour peu ordinaire pour la musique. Sa seule occupation est de fabriquer toutes sortes d’instruments avec des matériaux offerts par la nature (planche, crin de cheval, tige de bambou…). Tout en jouant de ces instruments, il se dit que le concert des Bodhisattvas et des saints doit être vraiment merveilleux. Si un enfant s’empare d’un de ses instruments pour jouer et le détruit, Kakunô se met en colère. Des années plus tard, quand l’ermite meurt, il entend résonner à ses oreilles le céleste concert. Son corps demeure longtemps indemne de toute dégradation, et tous les gens du voisinage viennent le vénérer, tel un Bouddha. Il disparaît le quarante-neuvième jour [période intermédiaire avant que soit fixé le sort posthume du défunt], et nul n’a connaissance de son destin. Pour ceux qui croient que la musique est une conduite qui conduit à la terre pure, elle devient en effet un moyen de Renaissance. B) Un saint homme très vertueux questionné sur ses pratiques dit qu’il s’applique à s’abstenir des mauvaises actions et à accomplir toutes les actions encouragées par le Bouddha. L’homme ajoute qu’il n’a aucune prétention sur son lieu de Renaissance, et c’est Le Bouddha qui le jugera et qui en décidera. Sa fin est merveilleuse : il meurt assis sur ses talons, les mains jointes immobiles durant plusieurs jours. C) Un ami de bien vient visiter un brillant docteur ès lettres chinoises qui agonise, et l’exhorte à invoquer le Bouddha. Mais l’homme, poète, est obsédé par les beautés du vent et de la lune et ne prête pas attention aux conseils de son ami. Alors celui-ci lui dit qu’un homme comme lui qui a composé tant de vers remarquables devrait laisser quelque pièce pour célébrer le paradis qui doit posséder encore plus de splendeurs que les plus beaux sites de notre monde ! L’homme voit en imagination aussi nettement qu’en réalité toutes les ressources du paradis. Il finit par prononcer l’invocation, et vit ses derniers moments comme il les a souhaités. Les amis de bien qui assistent les mourants doivent connaître à fond le cœur humain. D) La prêtresse de Yoshhida, mourante, fait venir le révérend Yakunin comme ami de bien. Celui-ci l’encourage à prononcer l’invocation au Bouddha. La dame récite plusieurs passages essentiels avec une expression de parfaite fermeté et connaît une fin merveilleuse qui attendrit tout son entourage. Mais le révérend, lui, s’est endormi pendant les prières et ne semble pas vouloir se retirer. C’est alors que la prêtresse revient à la vie. Durant quatre heures, elle ne montre plus l’expression qu’elle avait précédemment, et c’est toute languissante qu’elle rend son dernier soupir. Le révérend dit qu’elle vit là sa véritable fin. Un démon a accompli un de ses tours, déjoué par la vertu de ce saint homme. E) Un malade mourant fait venir un moine, ami de bien qui l’exhorte à prononcer l’invocation au Bouddha. Mais l’homme ne dit rien. Le moine, pensant que l’homme est sourd, récite l’invocation d’une voix forte à son oreille. Alors qu’il semble que tout soit fini, l’homme guérit. Il raconte plus tard que cette voix insupportable a résonné dans tous ses membres, et qu’il n’a pas eu la moindre pensée, fût-ce pour une Renaissance au paradis. |
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TC0163 | TE018122 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 58. | LE SAINT HOMME MOKU, QUI ASSISTE À LA CONSÉCRATION DU HÔJÔ- JI, AFFERMIT EN LUI L’ESPRIT DE LA VOIE.– Le saint homme Moku se rend au Hôjô-ji le jour de la consécration présidé par le chancelier et se prosterne devant les Bouddhas. Le chancelier n’égale personne en splendeur, mais quand paraît le seigneur, le chancelier passe pour moins que rien. Mais quand le seigneur se prosterne devant le Bouddha, le saint homme estime que c’est le Bouddha qui occupe le rang suprême. | |
TC0163 | TE018080 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 18. | L’ASCÉTE RAKUSAI DU MONASTÉRE MYÔHÔ-JI AU PAYS DE TSU.– 1) Rakusai décide de se retirer du monde et de vivre en ermite après avoir vu un homme travailler la terre en frappant durement son bœuf. En effet, c’est un horrible péché de jouir sans rien faire des productions dues aux efforts d’hommes et aux souffrances des bêtes. L’ascète parcourt tout le pays et arrive au monastère Myôhô-ji. Il se rend dans l’ermitage d’un moine qui est absent, met quelques fagots dans le feu et se chauffe le dos. Lorsque le moine revient, il est furieux devant les façons intolérables de Rakusai. Ce dernier lui dit être un ascète itinérant qui a éveillé son cœur. Pensant que son hôte est aussi un disciple du Bouddha, Rakusai s’étonne de son avarice. Il propose de lui rendre le bois qu’il a brûlé. Le maître des lieux demande alors à Rakusai de se mettre à l’aise et éprouve de la sympathie au récit de ses intentions. L’ascète défriche un coin de montagne et s’installe dans un ermitage construit avec des branchages. 2) Quelques années plus tard, un ministre entré en religion dépêche le guerrier Moritoshi pour rencontrer Rakusai avec ordre de constater la sainteté de cet homme. Le guerrier remet une lettre très bienveillante à l’ermite ainsi que des présents. Rakusai répond qu’il n’est rien pour bénéficier de telles paroles. Comme il serait malséant de refuser les cadeaux, il les accepte, mais seulement pour cette fois. Il ajoute qu’il n’a rien à demander au ministre et qu’il ne peut aucunement lui être utile. Le messager rapporte ces propos au seigneur qui trouve l’ermite véritablement digne de respect et décide de ne plus s’adresser à lui. Rakusai distribue tous ses présents à ses confrères du monastère sans rien garder pour lui. A un moine qui s’étonne de cette conduite, l’ermite répond que rendre ces offrandes serait, par crainte de convoitise, manquer de compassion. En effet, refuser serait contraire à l’esprit du Bouddha. 3) Près de ce monastère une veuve âgée vit dans un affreux dénuement. L’ermite lui fait constamment des dons provenant des offrandes qu’il reçoit de tous côtés. Un jour, il lui apporte des gâteaux de riz et en chemin laisse tomber son chapelet. L’ayant égaré dans une épaisse végétation, il renonce à le chercher et consulte un fabricant pour lui en commander un autre. Mais un corbeau vient alors se poser sur l’un des toits du monastère avec le chapelet de Rakusai dans son bec. L’ermite récupère son chapelet et depuis l’oiseau devient son familier. Par la suite, à voir ses façons, l’oiseau se fait pour ainsi dire le protecteur de la Loi. 4) De très nombreux lotus poussent dans un étang devant l’ermitage. Or, un été, aucune fleur n’éclot. A ceux qui s’en étonnent, l’ermite répond que c’est cette année qu’il doit quitter ce monde et que les lotus fleuriront dans le lieu où il se trouvera. Il s’éteint en effet cette année là, son esprit restant toujours aussi droit jusqu’à la fin. |
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TC0163 | TE018068 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 6. | LE RÉVÉREND DU TSUKUSHI QUITTE LE MONDE ET MONTE SUR LE KÔYA.– Un homme très vénérable et fortuné, propriétaire de nombreuses rizières, décide de renoncer à ses biens et à sa famille, et de pratiquer la Voie du Bouddha. Il part vers la capitale, et sur son chemin, il rencontre sa fille éplorée qui tente de le retenir. Mais, refusant tout obstacle à sa décision, il se coupe les cheveux pour preuve de son entrée en religion. Puis il monte sur le mont Kôya et s’adonne à l’ascèse. Sa fille se fait nonne, s’installe au pied de la montagne, nettoie et coud les vêtements de son père jusqu’à sa mort. Le saint homme, apprécié de tous, fait construire une chapelle et, ne trouvant pas d’officiant pour la consécration, voit en rêve un homme qui lui prédit l’arrivée d’un pieux laïc pour célébrer la cérémonie. Au jour dit, un moine de piteuse apparence paraît et le révérend lui demande de consacrer sa chapelle. Le moine est réticent mais accepte après avoir entendu le récit de la prédiction. En réalité, cet officiant est le maître instructeur Myögen, de l’école du Tendai, venu secrètement vénérer la sainte montagne. Le révérend, gardant son esprit droit jusqu’à sa dernière heure, devient très renommé, et le Kôya commence à connaître un éclat particulier. Selon les enseignements des sages, la cupidité engendre les souffrances en cette vie comme dans la prochaine. |
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TC0163 | TE018124 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 60. | UN HOMME PAUVRE QUI AIME LES PLANS D’ARCHITECTE.– Un vieil homme, privé par manque d’appui d’un poste de fonctionnaire, vit très pauvrement dans une chapelle délabrée. Il occupe son temps à quémander des papiers sur lesquels il dessine inlassablement les plans de la maison qu’il pourrait se construire. Cet homme, contrairement à d’autres, ne se donne pas le mal de bâtir la demeure qu’il projette. Son œuvre n’est qu’une feuille de papier, mais elle suffit à y loger son esprit. Ainsi « ceux qui, riches, continuent de nourrir des désirs, sont pauvres ; ceux qui, pauvres, ne désirent rien sont riches ». On dit qu’en Chine un maître de cithare garde son instrument dépourvu de cordes. Il assure que les mélodies lui reviennent quand il regarde sa cithare et qu’il se sent autant apaisé que s’il en jouait. |
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