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KeywordMot-cléStichwörtParola chiavePalabra clave: Générosité | Generosity | Grossmut | Generosidad | Generosità
15occurences in collectionoccurrences dans le recueilAuftritte in der Sammlungoccorrenze nella raccoltaocurrencias en la colecciónTC0163
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ID (coll.)ID (rec.)ID (Samml.)ID (racc.)ID (col.) | ID (ex.)ID (ex.)ID (Ex.)ID (ex.)ID (ex.) | AuthorAuteurVerfasserAutoreAutor | TitleTitreTitelTitoloTitulo | ExemplaExemplaExemplaExemplaExempla | KeywordsMots-clésStichwörterParole chiavePalabras claves |
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TC0163 | TE018077 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 15. | JAKUSHIN, LE SECRÉTAIRE DU DÉPARTEMENT DES AFFAIRES DE LA COUR ENTRÉ DANS LA VOIE.– 1) Le secrétaire des affaires de la cour, Jakushin, désire entrer dans la Voie du Bouddha et se montre très compatissant. Il remet sa propre ceinture à une femme qui pleure pour avoir égaré une ceinture garnie de pierres précieuses destinée à son maître. Puis Jakushin emprunte une ceinture à quelqu’un pour remplir son office de secrétaire lors de la séance à la cour. 2) Un jour, il se rend au palais, monté sur un cheval. Il s’arrête pour vénérer chaque pagode, chapelle ou stèle. Il laisse son cheval paître à sa guise, si bien que le soir arrive. Le valet de Jakushin est excédé et fouette brutalement l’animal. Jakushin pousse des cris et se lamente : un lien l’unit certainement à ce cheval qui a pu être son père ou sa mère dans une existence antérieure. On comprend alors pourquoi on peut lire dans les notes du secrétaire : « Mon corps hante la ville, mais mon cœur s’est retiré du monde ». 3) Quand Jakushin prend de l’âge, il se rase la tête et va étudier les écritures sur le mont Yokawa. Là, il rencontre le révérend Zôga qui accepte de le former. A la lecture des premiers mots du Maka shikan (« La grande somme de quiétude et de contemplations »), le secrétaire éclate en sanglots. Le maître Zôga pensant que son élève ne peut avoir déjà pénétré le sens profond du texte est furieux et lui décoche un coup de poing. Jakushin se retire, mais demande de nouveau au maître de lui expliquer les écritures. Mais il éclate de nouveau en sanglots, et se fait encore malmener par Zôga. Quelques jours plus tard, il renouvelle sa demande auprès du maître, et se met encore à pleurer, et plus fort que jamais, lors de la lecture des écritures. Alors le révérend a lui aussi les larmes aux yeux devant la vénération de son élève. Il lui dispense ensuite sereinement son enseignement. Jakushin parvient à un haut degré de vertu, Quand il accomplit sa Renaissance, c’est le seigneur de la chapelle entré en religion qui assure la cérémonie de lecture de l’oraison chantée et qui donne cent mille pièces de chanvre blanchi au soleil. |
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TC0163 | TE018076 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 14. | UN MAÎTRE EN DISCIPLINE YÔKAN AU MONASTÈRE ZENRIN-JI.– 1) Le maître en discipline Yôkan demeure toujours au service de l’empereur, malgré sa profonde piété envers l’invocation au Bouddha. Retiré sur des collines au Zenrin-ji, il vit en prêtant aux gens. Chacun le respecte et ne commet de malhonnêteté à son endroit. Si un indigent ne rembourse pas son prêt, Yôkan se dédommage en lui faisant réciter les invocations, en plus ou moins grand nombre selon le montant de l’emprunt. Puis l’empereur nomme Yôkan intendant du Tôdai-ji. Contre toute attente, celui-ci accepte. Ses disciples se disputent âprement les terres du Todai-ji exemptées d’impôt. Mais l’intendant, lui, les consacre [les revenus] de toutes les terres pour la réfection du monastère. Il se déplace sur une étrange monture pour se rendre au monastère. Dès la fin des travaux de restauration, il donne sa démission. Il n’a détourné aucun bien du monastère pour son propre usage et les gens comprennent que l’empereur a estimé que Yôkan était le seul à pouvoir prendre soin du monastère délabré. 2) Le maître Yôkan fait distribuer aux malades du Yakuô-ji les fruits d’un prunier du monastère. Cet arbre surnommé « le prunier champ de compassion » demeure encore aujourd’hui, témoin du passé. 3) Un jour au monastère, un visiteur voit le maître étaler un grand nombre de bâtonnets à calculer. L’homme pense que Yôkan calcule les intérêts de ses prêts mais ce dernier lui répond qu’il a oublié le nombre d’invocations au Bouddha qu’il a prononcées ces années passées. 4) Le maître en discipline se rend à la cérémonie d’intronisation de sa fonction d’intendant vêtu d’habits peu ragoûtants, monté sur un cheval étique et d’aspect misérable. Les enfants lui demandent si la cérémonie va bien avoir lieu, et le maître répond qu’en fait les enfants se demandent si c’est bien lui l’intendant du Tôdai-ji ! 5) Ensuite Yôkan désire devenir chapelain du monastère Hosshô-ji, édifié par un empereur retiré, car « qui accepte l’aumône peut bien accepter la royauté » ainsi que le dit ce verset relevé dans les Ecritures. Là aussi, il se rend à son palais dans une tenue non conforme aux usages. Par la suite, il ne se rend jamais au monastère pour s’acquitter des ses fonctions. Les moines se plaignent auprès de l’empereur qui rétorque que l’indiscipline de Yôkan est d’un autre prix que la discipline de tout un chacun et n’émet aucun blâme. 6) A la fin de sa vie, le maître fait venir auprès de lui un ascète comme ami de bien. Il lui demande de réciter le texte des douze catégories d’écriture du Grand Véhicule. Yôkan est très mécontent car l’ascète ne fait qu’énumérer les titres des douze catégories. Dans ses derniers moments de lucidité, il fait réciter l’invocation au Bouddha et écoute en purifiant son cœur. Il prononce ensuite à plusieurs reprises un verset et accomplit sa Renaissance. |
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TC0163 | TE018089 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 27. | UNE LUMIÈRE IRRADIE SUR LA TÊTE D’UN CONVERS AU SERVICE DU CONTRÔLEUR MONACAL DE L’IYO.– Un moine très pieux au service du contrôleur monacal de l’Iyo récite sans relâche l’invocation au Bouddha. Une nuit, le contrôleur monacal sort pour une affaire. Le moine marche devant la voiture, un flambeau à la main. C’est alors que le contrôleur voit, dans les reflets de ce feu une lumière irradier au-dessus de la tête du convers. Stupéfait devant un tel prodige, il fait porter le flambeau à un autre homme, mais le moine reste toujours illuminé. Plus tard, le contrôleur convoque le moine et le soustrait de son service, en lui demandant de se consacrer dorénavant uniquement à l’invocation. Et pour sa subsistance il lui cède une parcelle de rizière. Le moine répond qu’il est fort désappointé devant cette proposition car, pour lui, le servir ne nuit en rien à sa pratique de l’invocation. Le contrôleur lui détaille les raisons de sa décision, et le moine finit par accepter. Il partage la rizière entre ses deux fils qui le nourrissent et il bâtit un ermitage dans lequel il demeure jusqu’à sa mort, récitant l’invocation sans jamais se laisser distraire. Pour accomplir sa Renaissance on peut avoir un esprit borné et il n’est pas non plus nécessaire d’aller se perdre dans les montagnes au fond des forêts. |
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TC0163 | TE018074 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 12. | UN MOINE SE PRÉSENTE CHEZ AKIYOSHI, GOUVERNEUR DU MIMASAKA.– Un moine entre dans la maison du gouverneur du Mimasaka et psalmodie les Ecritures. Il répond à son hôte qui le questionne qu’il vit d’aumônes dans un monastère. Il ajoute qu’il a engrossé une fille qui est à son service, et il demande alors au gouverneur de lui donner des vivres pour subvenir aux besoins de cette femme. Le gouverneur, pris de pitié, accepte. Le moine, ne souhaitant pas que l’on sache où il demeure, refuse d’être accompagné par un porteur et repart portant lui-même les provisions. Le gouverneur, intrigué, le fait suivre par un domestique. Après une longue marche, le moine entre dans un ermitage de branchages au fond d’une profonde vallée isolée. Il déballe les vivres et parlant seul, déclare qu’il a de quoi se nourrir durant sa retraite. Puis il se lave les pieds et entre dans le silence. Le domestique, dissimulé sous un arbre, s’émeut en entendant le moine réciter le sûtra du lotus toute la nuit. Le lendemain le domestique s’en retourne et rapporte à son maître tout ce qu’il a vu. Le gouverneur, s’étant douté lors de la visite du moine qu’il avait affaire à un homme peu ordinaire, renvoie le domestique à l’ermitage avec d’autres vivres et avec une lettre dans laquelle il demande au moine de l’avertir de ses besoins. Le moine, plongé dans sa récitation du sûtra du lotus ne répond pas. Le domestique s’en retourne, après avoir déposé les vivres devant l’ermitage. Quelques jours plus tard, le domestique, curieux, retourne sur les lieux. Là, il trouve l’ermitage désert. Le moine est parti, emportant les premières provisions avec lui, mais laissant les autres vivres déposés devant l’ermitage. Pour cacher leurs mérites, ceux qui possèdent l’esprit de la loi déclarent avoir commis des fautes, craignant de devenir objet de vénération. |
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TC0163 | TE018075 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 13. | UN ASCÈTE DE L’AGU-I, DE PASSAGE À LA CAPITALE, RENCONTRE UN MOINE QUI VIT RETIRÉ.– Un ascète se rendant à la capitale trouve sur son chemin une nonne qui lui dit que quelqu’un veut le rencontrer. Elle le fait entrer dans une petite maison où loge un vieux moine. Celui-ci explique qu’il n’a pas d’ami de bien et demande à l’ascète de régler ses affaires après sa mort. Le moine lui cédera sa maison, misérable, mais bien tranquille, malgré le tapage émanant du bureau de police lorsqu’un coupable y subit la question. L’ascète, après ces confidences, s’engage auprès du moine et lui rend visite régulièrement pour le rassurer. Plus tard, avant et après le décès du moine, l’ascète prend soin de lui, et respecte ses dispositions. Puis l’ascète cède la maison à la religieuse qui lui dit avoir servi ce moine pendant des années sans connaître son nom, sans jamais voir personne lui rendre visite Elle ajoute qu’une personne inconnue apportait les vivres nécessaires pour eux deux à chaque saison. |
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TC0163 | TE018129 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 63. | SHÖKÜ DONNE SA VIE EN ÉCHANGE DE CELLE DE SON MAÎTRE.– Alors que dans le monastère MIi-déra le chapelain impérial Chikyô très âgé et malade agonise, le fameux devin Séiméi dit qu’il n’y a plus aucun recours à cette fin inéluctable, sauf si un disciple très attaché au chapelain accepte de prendre sa place. Chikyô dévisage alors tous ses disciples mais aucun ne semble vouloir échanger sa vie contre la sienne. Or le jeune maître instructeur Shôkû s’approche du chapelain et dit qu’il souhaite donner sa vie et offrir son corps aux bouddhas des trois mondes [passé, présent et futur]. Avant cela, il demande la permission d’aller visiter sa mère pour lui exposer les raisons de sa décision. A ces mots, tous sont très émus. Shôkû explique à sa mère que par sa conduite il est assuré de bénéficier de la pitié des bouddhas des trois mondes. Et son acte méritoire permettra aussi sans aucun doute l’éveil de sa mère dans l’autre monde. Ainsi par l’abandon de ce misérable corps, c’est à deux êtres qu’il rendra ses bienfaits. La mère de Shôkû se désole d’être abandonnée par son fils, mais accepte sa décision, sachant qu’en vérité ni jeunes ni vieux ne sont assurés de leur sort ni de leur fin. Elle lui enjoint de renaître dans la terre pure et de lui obtenir son salut. Il envoie une lettre au devin Séiméi pour effectuer les prières en vue de l’échange des vies. Pendant la nuit, Shôkû pris de douleurs insupportables se rend à son ermitage, met ses affaires en ordre et se tourne vers une peinture représentant le vénéré Fudô [l’un des rois de la science]. Très éploré, il adresse à la divinité une dernière prière pour invoquer sa compassion et ne pas tomber dans une voie mauvaise. Alors des larmes de sang coulent des yeux du Bouddha de l’image. Une auguste voix dit alors que puisque Shôkû prend la place de son maître, Bouddha va prendre celle de Shôkû. Cette voix transperce le moine jusqu’aux os, et lui pénètre le foie. Il se sent subitement revigoré. Dès lors le chapelain, libéré de sa maladie, met toute sa confiance en Shôkû devenu un disciple remarquable. On dit que les traces de larmes sont toujours visibles sur l’image de Fudô installée plus tard dans le palais impérial. |
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TC0163 | TE018071 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 9. | LE MOINE BUSSHU, AU VAL DE SHIMIZU, PRÈS DE LA COLLINE DE KAGURA.– Un voleur pénètre dans le pavillon des purifications où réside le moine Busshu parti ramasser du bois. Il dérobe de menus objets et s’enfuit. Mais il constate qu’il se retrouve sur les lieux de son méfait, malgré toutes ses tentatives pour s’en éloigner. Quand le moine revient, le voleur lui promet de lui rendre tous ses objets volés, si le moine le laisse enfin rentrer chez lui. Busshu, très compatissant, laisse le voleur tout emporter. Des années plus tard, le moine, se faisant construire un ermitage, voit le charpentier se régaler en dégustant un poisson. Il demande alors à une pieuse laïque qui lui apporte des offrandes régulièrement, de lui servir du poisson. Celle-ci, indignée par cette incroyable requête, lui sert malgré tout du poisson préparé avec soin. Le moine mange, met les restes dans un pot pour plus tard. La femme, jugeant cette conduite regrettable, propose pourtant au moine de lui cuisiner encore du poisson. Mais il refuse, disant son envie passée. Ce même Busshu, malade, seul dans son logis délabré, par une nuit éclairée par une lune très brillante, récite à haute voix l’invocation au Bouddha. Tous l’entendent s’écrier qu’il est enfin heureux. Au petit jour, on le trouve assis sur ses talons, paumes jointes, comme plongé dans le sommeil. |
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TC0163 | TE018177 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 104. | LE CONTRÔLEUR MONACAL KANSHUN DOIT À SA PAUVRETÉ D'ACCOMPLIR SA RENAISSANCE.– Un maître de la loi Kanshun vit dans le plus grand dénuement sur la montagne. Déplorant de ne pas assurer sa subsistance, il se rend depuis des années au sanctuaire du roi de la montagne [divinité de Hiyoshi] où il implore vainement la divinité. Dépité, il rejoint un homme parti faire retraite au sanctuaire d’Inari, dans lequel il reste reclus et prie pendant sept jours. La dernière nuit de son séjour, il rêve qu’une dame très belle et distinguée ouvre la porte de la chapelle et vient vers lui. Elle lui fend la poitrine dans laquelle elle glisse un papier avant de s’en retourner. Le moine lit le papier. C’est un bon pour mille setiers de riz. Il pense avoir bénéficié d’une merveilleuse grâce divine, mais un personnage de haut rang surgit alors entouré d’une nuée de serviteurs. La dame réapparaît alors et dialogue avec le riche personnage. Ce dernier demande à la dame de reprendre ce qu’elle a donné au moine. Certes, il a prié avec ferveur pendant sept jours, mais il s’est plaint à lui depuis des années et c’est délibérément qu’il ne lui a pas prêté oreille. La dame arrache le billet de la poitrine de Kanshun et disparaît. Le moine pense que le riche visiteur doit être le roi de la montagne et est rempli de ressentiment. Il entend alors la dame qui interroge le visiteur sur les raisons de sa venue et de sa conduite envers elle. Le visiteur répond qu’avant de quitter la roue des existences, le moine, s’il obtient en cette vie l’opulence, aura en lui des attachements bien plus profonds et il lui faudra encore demeurer dans un monde souillé. C’est pourquoi il a pris des dispositions pour que Kanshun accomplisse sa Renaissance. Le moine s’éveille alors et par la suite il rompt avec les espoirs de ce monde et se voue entièrement aux exercices en vue de sa prochaine vie. Il accomplit, semble-t-il, une merveilleuse Renaissance. |
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TC0163 | TE018170 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 101. | UN SAINT HOMME QUI A RELÂCHÉ UNE CARPE PROMISE À UNE OFFRANDE FAIT L’OBJET DE VIFS REPROCHES EN SONGE.–Un ascète qui traverse le lac d’Ômi voit un homme emportant dans sa barque une grosse carpe. Ému par le poisson encore vivant et agité de soubresauts, l’ascète échange son vêtement contre la carpe qu’il remet à l’eau. Alors qu’il pense s’être conduit de façon fort méritoire, il voit en songe durant cette nuit-là un vieillard vêtu de blanc qui lui dit être la carpe qu’il a relâchée le matin même. Il ajoute que la conduite de l’ascète a été déplorable. Le vieillard explique à l’ascète déconcerté qu’il vivait au fond de ce lac avec ce corps écailleux depuis de nombreuses années et qu’il attendait la délivrance. Or il était sur le point d’être apporté comme offrande au sanctuaire de Kamo et allait enfin échapper à ses souffrances. Il reproche à l’ascète d’avoir voulu faire le malin et de prolonger sa condition de bête infligée en rétribution de ses actes passés. |
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TC0163 | TE018157 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 88. | LE FILS DU CONTRÔLEUR SURNUMÉRAIRE DE L’IMPÔT NARIKIYO VA VIVRE SUR LE KOYÂ.–Le fils du collecteur d’impôt Narikiyo qui s’adonne la chasse et la pêche, conçoit l’esprit de la Loi lors d’un pèlerinage et désire ardemment réduire son corps à néant pour pratiquer la Voie du Bouddha. Ses parents s’opposent farouchement à ce désir et le garçon garde secrète son intention. Plus tard il se rend à la capitale et rend visite à un révérend à qui il confie son intention de raser sa chevelure. Le révérend le questionne sur ses motivations, et le jeune homme répond qu’il est fortuné, qu’il a une femme et des enfants auxquels il est attaché, mais devant la précarité de ce monde, tout lui paraît dépourvu de sens. Il lui semble plus sage de se lancer à corps perdu dans la Voie du Bouddha. Le révérend, très ému par ces paroles s’apprête à raser le crâne du jeune homme, lui ôte sa coiffe et voit sa chevelure tomber en désordre sur ses épaules. Le garçon explique que par crainte de revenir sur sa décision, il a coupé, avant de venir, le toupet de ses cheveux. Le révérend n’a plus alors aucun doute sur le sérieux des intentions du jeune homme. Ce dernier reçoit la tonsure et se mêle aux disciples du révérend, et pendant trois ans travaille le jour, et la nuit prononce sans relâche l’invocation au Bouddha. Le révérend, émerveillé devant la conduite exemplaire de ce disciple qui ne se soucie aucunement de son corps ni de sa vie, lui suggère malgré tout de mettre son corps au repos en s’établissant au monastère du Kôya, pour prononcer sans relâche l’invocation au Bouddha. Le jeune homme répond qu’il pense encore parfois à sa femme et ses enfants, et que s’il s’établit dans les profondeurs de la montagne, il n’aura plus ces pensées et se sentira beaucoup mieux. Et c’est ainsi qu’il monte sur le Kôya et mène une vie exemplaire dans le groupe des vingt-quatre du monastère de la Renaissance. Tous ses proches, bouleversés par sa disparition, le recherchent, vivant ou mort. Ses parents finissent par apprendre qu’il vit sur le Kôya. Ils lui écrivent une lettre dans laquelle ils expriment leur respect pour son entrée en religion mais aussi leur mécontentement devant son silence et le choix de son monastère. Devant la position inflexible de leur fils, les parents l’invitent à une entrevue au pied du Kôya et sont bouleversés de le voir ainsi, amaigri et vêtu de haillons. Malgré le grand désarroi de ses parents, l’homme dit que c’est à contrecœur qu’il a quitté son monastère pour les rencontrer. Il ajoute que cette rencontre sera la dernière. S’ils souhaitent le revoir, ils doivent éveiller leur cœur et aspirer à la Voie du Bouddha. Sa femme venue elle aussi, l’observe discrètement par l’interstice d’une cloison et éclate en sanglots. Tous repartent, encore plus éplorés qu’auparavant. Plus tard ils envoient à leur fils toutes sortes de choses. Celui-ci accepte ces dons comme moyen d’effacer les péchés de ces donateurs et il les distribue à ses compagnons. Ses parents construisent pour lui un grand ermitage, mais il le cède à quelqu’un d’autre. Lui-même vit alors sans abri fixe, ne se lave plus, ne lave plus ses vêtements. Il ne pense qu’à méditer, attendant que le Bouddha vienne l’accueillir à l’heure de sa mort. C’est lui qui s’occupe de la crémation des morts, recueille les restes et accomplit les rites avec grand soin. Chaque jour il se rend dans un sanctuaire, été comme hiver, sans chapeau ni cape, souvent trempé jusqu’aux os ou glacé jusqu’à la moelle. A ceux qui s’en étonnent, il dit qu’il ne ménage pas sa vie car il a éveillé son cœur et désire à présent accomplir sa Renaissance. Ainsi il meurt au bout de sept ou huit ans après avoir renoncé au monde, assis sur ses talons, prononçant sans relâche l’invocation au Bouddha. |
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TC0163 | TE018080 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 18. | L’ASCÉTE RAKUSAI DU MONASTÉRE MYÔHÔ-JI AU PAYS DE TSU.– 1) Rakusai décide de se retirer du monde et de vivre en ermite après avoir vu un homme travailler la terre en frappant durement son bœuf. En effet, c’est un horrible péché de jouir sans rien faire des productions dues aux efforts d’hommes et aux souffrances des bêtes. L’ascète parcourt tout le pays et arrive au monastère Myôhô-ji. Il se rend dans l’ermitage d’un moine qui est absent, met quelques fagots dans le feu et se chauffe le dos. Lorsque le moine revient, il est furieux devant les façons intolérables de Rakusai. Ce dernier lui dit être un ascète itinérant qui a éveillé son cœur. Pensant que son hôte est aussi un disciple du Bouddha, Rakusai s’étonne de son avarice. Il propose de lui rendre le bois qu’il a brûlé. Le maître des lieux demande alors à Rakusai de se mettre à l’aise et éprouve de la sympathie au récit de ses intentions. L’ascète défriche un coin de montagne et s’installe dans un ermitage construit avec des branchages. 2) Quelques années plus tard, un ministre entré en religion dépêche le guerrier Moritoshi pour rencontrer Rakusai avec ordre de constater la sainteté de cet homme. Le guerrier remet une lettre très bienveillante à l’ermite ainsi que des présents. Rakusai répond qu’il n’est rien pour bénéficier de telles paroles. Comme il serait malséant de refuser les cadeaux, il les accepte, mais seulement pour cette fois. Il ajoute qu’il n’a rien à demander au ministre et qu’il ne peut aucunement lui être utile. Le messager rapporte ces propos au seigneur qui trouve l’ermite véritablement digne de respect et décide de ne plus s’adresser à lui. Rakusai distribue tous ses présents à ses confrères du monastère sans rien garder pour lui. A un moine qui s’étonne de cette conduite, l’ermite répond que rendre ces offrandes serait, par crainte de convoitise, manquer de compassion. En effet, refuser serait contraire à l’esprit du Bouddha. 3) Près de ce monastère une veuve âgée vit dans un affreux dénuement. L’ermite lui fait constamment des dons provenant des offrandes qu’il reçoit de tous côtés. Un jour, il lui apporte des gâteaux de riz et en chemin laisse tomber son chapelet. L’ayant égaré dans une épaisse végétation, il renonce à le chercher et consulte un fabricant pour lui en commander un autre. Mais un corbeau vient alors se poser sur l’un des toits du monastère avec le chapelet de Rakusai dans son bec. L’ermite récupère son chapelet et depuis l’oiseau devient son familier. Par la suite, à voir ses façons, l’oiseau se fait pour ainsi dire le protecteur de la Loi. 4) De très nombreux lotus poussent dans un étang devant l’ermitage. Or, un été, aucune fleur n’éclot. A ceux qui s’en étonnent, l’ermite répond que c’est cette année qu’il doit quitter ce monde et que les lotus fleuriront dans le lieu où il se trouvera. Il s’éteint en effet cette année là, son esprit restant toujours aussi droit jusqu’à la fin. |
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TC0163 | TE018135 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 69. | LE MAÎTRE DE LA LOI ÉISHÛ POSSÈDE L’ÉLÉGANCE DU CŒUR– Le maître de la loi Éishû est issu d’une famille pauvre, et possède l’élégance du cœur. Il passe tout son temps à jouer de la flûte. Les voisins, incommodés, finissent tous par partir. Mais malgré sa pauvreté, son comportement est approuvé par tous. Son lointain parent Yorikiyo [l’intendant du sanctuaire de Hachiman] le prend en pitié et lui propose son aide. Éishû répond qu’il y a une chose qu’il désire ardemment demander à l’intendant et qu’il va venir sans tarder. Yorikiyo regrette alors amèrement d’avoir manifesté de la sympathie pour cet individu qui de toute évidence va l’accabler de demandes. Éishû se présente devant l’intendant. Ce dernier est sûr que le maître de la loi convoite un domaine quand le moine lui dit que Yorikiyo possède de nombreuses terres dans Tsukushi. Mais ce qu’il sollicite, c’est que l’intendant lui fasse don d’une flûte en bambou chinois. Il ajoute que depuis des années, à cause de sa basse condition, il cherche vainement à acquérir pareil instrument. Yorikiyo est très ému par cette demande, et lui promet de lui offrir une flûte aussitôt. Mais il veut faire plus pour lui et lui propose de l’aider pour améliorer ses conditions de vie. Mais Éishû dit qu’il n’a besoin de rien. Il se satisfait de son vêtement et de la nourriture qui se présente à lui. Yorikiyo est émerveillé devant l’élégance du cœur de cet homme. Il lui offre une flûte, et, malgré les dires du moine, il se charge plus tard des besoins nécessaires d’Éishû. | |
TC0163 | TE018079 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 17. | LE RÉVÉREND SENMYÔ ET LE RÉVÉREND KAKUSON.– 1) Le révérend Senmyô vit retiré sur la montagne et pratique assidument la contemplation du Principe. Un jour, alors qu’il se livre à la méditation dans son oratoire, il entend une voix dans le ciel. Quand il demande qui parle ainsi, la voix répond qu’elle est la triple éminence de ces lieux [les trois divinités principales du mont Hiéi ] et qu’elle parcourt le ciel trois fois par jour pour protéger le moine. Senmyô ne se soucie aucunement de ses besoins quotidiens et n’accepte comme aumône que le riz qu’un moinillon mendie dans les ermitages voisins pour le nourrir. Une impératrice décide, suite à un vœu, de subvenir aux besoins d’un moine particulièrement remarquable. Ayant appris que l’ascète Senmyô est éminemment respectable, elle coud pour lui une étole de ses propres mains. Elle imagine ensuite avec le moinillon un subterfuge pour que le moine accepte son présent. Quand le moinillon apporte l’étole au révérend, il lui dit qu’il ignore le nom de son donateur. Senmyô prend l’étole et la jette dans un ravin en disant : « Bouddhas des trois mondes, daignez accepter ceci ». 2) Le révérend donne aux gens tout ce qu’ils demandent. Un jour il détache quelques lattes de bois de son plancher qu’il donne à quelqu'un qui en a besoin. Par une nuit noire, son ami le révérend Kakuson vient le voir et tombe, ne voyant pas les lattes manquantes du plancher. Il s’écrie « Aie ! Je me suis fait mal !». Senmyô le sermonne. En effet, si Kakuson était mort à cet instant, ses derniers mots auraient dû être « Hommage au Bouddha Amida », et non pas « Aie ! Je me suis fait mal ! ». 3) Un jour Senmyô rend visite au révérend Kakuson. Ce dernier doit s’absenter pour une tâche urgente mais met longuement de l’ordre dans ses affaires avant de partir. Senmyô, intrigué, va voir après le départ de son ami ce qu’il a fait tout ce temps. Il trouve alors des scellés sur chacune des affaires de Kakuson. Il est furieux d’une telle méfiance à son égard, et quand son ami revient, Senmyô lui exprime tout son ressentiment. Mais Kakuson explique qu’il n’a pas l’habitude de cacher ses biens, qu’il ne craint pas d’être volé, mais que si quelque chose disparaissait, il pourrait avoir un soupçon à l’égard de son ami, ce qui serait alors un grave péché. Il s’est méfié de lui-même, et non de son ami. 4) Plus tard, quand Kakuson meurt, Senmyô déclare que son ami a assurément accompli sa Renaissance, car il s’est montré vraiment avisé en apposant des scellés sur ses biens. Par la suite, en rêve, il rencontre Kakuson. Il lui demande à quel degré de paradis a eu lieu sa renaissance. Il dit se trouver au degré inférieur de l’étage inférieur, et cela grâce aux conseils de prière de Senmyô. Senmyô lui demande alors si lui-même pourrait y accéder. Son ami lui répond que sans nul doute Senmyô est déjà promis au degré supérieur de l’étage supérieur. 5) Un jour qu’il quitte la montagne et se rend en ville, Kakuson voit un cheval entravé. Pris de pitié, il le délivre de ses liens. Le maître de l’animal prend le révérend pour le voleur, le ligote et le conduit au bureau de police. Quand l’inspecteur le questionne, le révérend dit qui il est. L’inspecteur, navré de cette erreur, le fait délier en toute hâte et le laisse repartir, après de nombreuses excuses. Mais Kakuson s’en va en lui répondant sèchement. |
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TC0163 | TE018125 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 61. | GONSÔ PREND EN PITIÉ ÉIKÔ.– Eikô, un vieux moine pauvre, a installé sa mère dans le monastère et assure difficilement sa subsistance. Quand il reçoit sa part de riz, il la divise en quatre portions : une pour sa mère, une pour un mendiant, une pour son petit domestique et enfin une pour lui. Un jour son voisin Gonsô entend le petit domestique sangloter. Celui-ci dit à Gonsô que son maître Eikô vient de mourir et qu’il ne sait comment procéder aux funérailles. D’autre part il s’inquiète du sort de la mère du défunt. Gonsô, pris de pitié, lui promet de s’occuper avec lui des funérailles, et de prendre sur sa ration de riz pour nourrir la mère d’Eikô. Ainsi dans la nuit Gonsô et le garçon procèdent à l’inhumation du défunt dans la montagne. Quant à la vieille dame, elle continue de recevoir sa nourriture comme auparavant, sans jamais apprendre qu’elle a perdu un fils. Mais un jour, alors que le domestique lui livre sa nourriture tardivement, il ne peut retenir ses sanglots devant les plaintes de la vieille femme, et il lui avoue toute la vérité. A ces mots la femme, effondrée, dit que son attente de voir son fils venir lui rendre visite a donc été vaine, et dans l’instant elle expire. Gonsô procède à son inhumation dans un temple de montagne et se dépense sans compter pour toutes les cérémonies de célébration. Plus tard Gonsô, ce personnage remarquable, a été nommé à titre posthume, recteur monacal. |
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TC0163 | TE018126 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 62. | LA MÈRE DU CONTRÔLEUR MONACAL SHÔZAN VOUE À SON FILS UNE TENDRESSE PROFONDE.– Le contrôleur monacal Shôzan vit très pauvrement dans la montagne enneigée. Il n’ose demander de l’aide à sa mère avec qui il entretient de lointaines relations. Mais celle-ci adresse à son fils une lettre de la capitale où elle réside, s’inquiétant avec délicatesse de sa situation. Elle lui fait porter aussi quelques présents. Shôzan est très ému par cette attention et il allume un feu et prépare la nourriture offerte par sa mère à son messager transi de froid. Mais ce dernier fond en larmes et refuse de manger. Il explique que la mère de Shôzan, à bout de ressources, a coupé sa chevelure pour l’échanger contre cette nourriture. Il n’est rien qui, pour la profondeur de la compassion, surpasse les sentiments d’une mère. Et c’est ainsi pour les oiseaux et toutes les bêtes même privées de raison. Ainsi un homme élevant un faucon entreprit de tuer une chienne pour la lui donner à manger. Il ouvre le ventre de la chienne : en sortent deux petits. La chienne qui s’est enfuie revient les chercher mais tombe morte. A cette vue, l’homme renonce au monde. |
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