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KeywordMot-cléStichwörtParola chiavePalabra clave: Bouddha | Buddha | Buddha | Budda | Budda
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ID (coll.)ID (rec.)ID (Samml.)ID (racc.)ID (col.) | ID (ex.)ID (ex.)ID (Ex.)ID (ex.)ID (ex.) | AuthorAuteurVerfasserAutoreAutor | TitleTitreTitelTitoloTitulo | ExemplaExemplaExemplaExemplaExempla | KeywordsMots-clésStichwörterParole chiavePalabras claves |
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TC0137 | TE012499 | Philippe de Ferrare | Liber de introductione loquendi [Vecchio, 1998] : 37 | L’assiette d’Adam. Le Grand Khan possède une assiette de pierre verte que les païens disent avoir appartenu à Bouddha, les sarrasins à Adam. Même si l’assiette ne contient de la nourriture que pour une personne, elle possède cependant la vertu d’en nourrir cinq. | |
TC0158 | TE016927 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 407 [E] | L'eau répandue sur le Buddha Candana.– En répandant de l'eau sur le Buddha Candana les habitants d'un royaume mettent fin à une sécheresse et s'assurent toutes sortes de bonheurs. | |
TC0158 | TE016933 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 408 [F] | Les huit devas.– Huit histoires concernant des hommes qui obtiennent de renaître dans la condition de deva pour avoir éprouvé des sentiments bienveillants envers le Buddha. Dans la quatrième, le Buddha, pour assurer un mérite à un homme qui est venu le chercher en char, consent à monter dans le char, au lieu de se transporter par quelque moyen surnaturel. |
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TC0158 | TE016932 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 408 [E] | Le Buddha las des offrandes qu'on lui fait.– Le Buddha condamne les offrandes trop considérables qu'on fait aux religieux ou à lui-même. | |
TC0158 | TE016515 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 88 | Sûtra du souverain Brahma.– Le Buddha expose comment, dans des existences antérieures, il a été Brahma, puis Çakra, puis roi cakravartin, et comment, dans cette dernière condition, il gouverna avec sagesse. | |
TC0158 | TE016930 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 408 [C] | Le Buddha blessé au pied.– Le Buddha blessé au pied est guéri par la formule que prononce Daçabala Kâçyapa en attestant que le Buddha n'a ni haine ni offense. | |
TC0158 | TE016931 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 408 [D] | Le Buddha attaqué par Pâpîyân.– Le Buddha ne se laisse pas effrayer par les menaces de Pâpîyân (Mâra); la divinité de la terre apparaît pour attester la sincérité du Buddha. | |
TC0158 | TE016500 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 73 | Sûtra du (Bodhisattva qui), ayant allumé une lampe, reçut une prédiction.– Un vieux bhiksu, qui entretient une lampe allumée en l'honneur du Buddha, deviendra plus tard Dîpamkara Buddha. Une femme qui a procuré l'huile à ce bhiksu se jette du haut d'une tour pour abandonner son corps de femme et devient aussitôt un homme; elle reçoit alors la prédiction qu'elle sera plus tard un Buddha. |
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TC0158 | TE017018 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 476 | L'homme qui invoqua le Buddha aux enfers.– Un homme a appris de sa femme à invoquer le Buddha toutes les fois qu'il heurte une sonnette suspendue à la porte. A sa mort, quand il va dans les enfers, il entend la fourche du démon heurter la chaudière où il est précipité et, par habitude, il invoque le Buddha; il est ainsi sauvé. | |
TC0158 | TE016892 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 402 [A] | La fille très laide du roi Prasenajit devient très belle après avoir invoqué le Buddha.– Une fille très laide du roi Prasenajit a été mariée à un jeune homme pauvre de bonne famille; sa laideur est cause de plusieurs ennuis pour son mari; elle invoque le Buddha qui lui apparaît; elle l'admire et aussitôt elle devient d'une beauté merveilleuse. |
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TC0158 | TE016464 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 37 | Les marchands séduits par les femmes-démons et ramenés dans leur patrie par le cheval divin.– 1er récit.– Des marchands séduits par de belles femmes restent auprès d'elles en lointain pays; l'un d'eux, le Bodhisattva, s'aperçoit que ces femmes sont des démons; il parvient à être sauvé avec ses compagnons grâce à un cheval divin qui les ramène dans leur patrie.–2e récit.– Dans le cycle des naissances et des morts, la femme du Buddha devient la fille du brahmane Mâkandika; celui-ci offre vainement au Buddha sa fille, remarquablement belle, en mariage (cf. n° 59). |
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TC0158 | TE016504 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 77 | Le Buddha, les cinq cents chars et le tonnerre.– Plongé dans une contemplation profonde, le Buddha ne s'est pas aperçu du passage de cinq cents chars. Même chose est arrivée autrefois au sage Kâlâma; mais le Buddha en une autre occasion a fait plus encore, car il n'a pas entendu le bruit d'un orage épouvantable qui avait frappé de terreur tous les hommes. | |
TC0158 | TE016921 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 405 | Le don offert au Buddha par les cinq frères.– Quatre frères, voyant que leur plus jeune frère a obtenu des avantages considérables (des moissons de céréales d'or) pour avoir donné un bol de riz au Buddha vont lui présenter leurs offrandes; chacun d'eux reçoit l'enseignement d'une phrase qui en elle-même n'a pas un sens complet; mais en rapprochant ces quatre phrases, ils obtiennent la stance qui résume la doctrine bouddhique sur les samskâras. |
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TC0158 | TE017021 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 479 | La servante laide qui devient belle et qui est épousée par son maître.– Un Pratyeka Buddha ayant repoussé les propositions déshonnêtes de la femme d'un maître de maison, se voit refuser par elle toute nourriture; la servante laide lui en apporte et à cause de cela, devient belle et elle est prise comme première épouse par le maître de maison. |
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TC0158 | TE016673 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 226 | L'homme-boa devenu Pratyeka-Buddha.– Une pluie de sang décèle dans un royaume la présence d'un homme-boa; on le bannit dans un désert et on lui envoie les criminels pour qu'il les mette à mort. Plus tard, cet homme-boa tue un lion qui était la terreur du royaume. Quand il est devenu vieux, le Buddha lui envoie Çâriputra pour le convertir; l'homme-boa, après avoir tenté de tuer Çâriputra, lui témoigne sa vénération; à cause de ce bon sentiment, il parviendra à être, après plusieurs existences, un Pratyeka-Buddha: il sera alors dépecé en punition de ses crimes antérieurs, mais après cette expiation, il atteindra au parinirvâna. |
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TC0158 | TE016667 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 220 | Les cinq cents aveugles trahis par leur guide.– Cinq cents aveugles en voyage sont trahis par leur guide qui les abandonne après leur avoir pris la pièce d'argent que chacun d'eux possède. Le Buddha vient à leur aide et leur rend la vue. | |
TC0158 | TE016671 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 224 | La vieille mère qui a perdu son fils.– Une mère est inconsolable de la mort de son fils; le Buddha lui promet de faire un sacrifice pour ramener ce fils à la vie, mais il faut, pour cela, que la mère lui apporte du feu pris dans une maison où il n'y a jamais eu de mort; la mère ne peut pas trouver une telle maison; elle comprend alors que l'impermanence est la loi pour tous les êtres vivants. |
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TC0158 | TE016922 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 406 | Le perceur de perles, les deux frères désunis et le cadavre changé en or.– Le çramana Mi-le (Maitreya) se revêt d'un vêtement en fils d'or qui a été tissé par Mahâprajâpatî, la nourrice du Buddha. Il reçoit de la nourriture d'un perceur de perles qui, en écoutant ses enseignements, néglige son métier et perd une somme importante. Mais le gain que cet artisan a obtenu, en entendant l'explication de la Loi, est infiniment plus considérable; pour le prouver, Aniruddha raconte une histoire des temps passés. Deux frères se sont désunis malgré le conseil contraire que leur avait donné leur père mourant. Après diverses vicissitudes, le frère aîné devient Pratyeka Buddha. Le frère cadet lui fait l'aumône sans le reconnaître; pour cette raison, il est récompensé d'une singulière façon, grâce à un cadavre qui se mue en or. |
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TC0158 | TE016923 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 407 [A] | Visite d'Indra au Buddha.– Indra visite le Buddha dans l'Indra-çaila-guhâ et lui pose un certain nombre de questions sur la doctrine bouddhique auxquelles le Maître répond. | |
TC0158 | TE016512 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 85 | Sûtra de A-li-nien-mi sur la brièveté de la vie humaine.– A l'époque où la durée de la vie humaine est de vingt-quatre mille années, le Bodhisattva A-li-nien-mi (Aranemi) discourt sur la brièveté de la vie humaine; ses enseignements sont confirmés par le Buddha qui était A-h-nien-mi dans une existence antérieure. | |
TC0158 | TE016843 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 369 | Les onze rêves du roi Krkin.– Mâlinî, fille du roi Krkin, rend hommage au Buddha Kâçyapa; les brahmanes profitent de onze rêves du roi pour exiger l'immolation de la jeune fille; mais Kâçyapa Buddha donne l'interprétation des rêves et montre qu'ils ne présagent rien de funeste pour le roi (cf. n° 498). | |
TC0158 | TE016617 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 173 | Le pauvre homme métamorphosé en géant.– Un pauvre homme qui traversait un fleuve en transportant du bois est emporté par le courant, perd son bois et échappe à grand' peine à la mort. A ce moment, un Pratyeka Buddha, sous la forme d'un çramana, lui demande de la nourriture qui lui est aussitôt accordée. En récompense, le pauvre homme obtient, dans une vie ultérieure, un corps si grand que, lorsqu'il est dans la mer, l'eau vient à ses genoux et que son corps dépasse le volcan Sumeru. Doit-on s'étonner alors si le Buddha remplit l'espace par son Corps de la Loi (dharmakâya ) ? |
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TC0158 | TE016603 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 161 | Le démon qui avale sept boules de fer brûlant.– Maudgalyâyana dit à ses disciples qu'il a vu un démon avaler sept boules de fer brûlant, les rejeter par le bas et les avaler de nouveau; il affirme que le Buddha aussi a vu ce démon. Le Buddha, interrogé à ce sujet, répond qu'il a effectivement vu ce démon, mais qu'il ne l'a pas dit pour que les hommes n'en vinssent pas à douter de sa parole. |
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TC0158 | TE016944 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 410 [E] | Le Buddha et l'éléphant ivre.– Le Buddha en étendant la main fait apparaître cinq cents lions qui le protègent contre un éléphant ivre. Seul Ânanda était resté auprès de lui. De même autrefois seul le ministre Soma était resté auprès du roi des oies Râstra lorsque le chasseur apparut. Le roi des oies émerveilla le roi des hommes par ses discours sur l'impermanence. |
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TC0158 | TE016986 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 444 | Le fils du roi qui voulut connaître ses existences antérieures.– Un fils de roi a obtenu du Buddha la connaissance de ses existences antérieures; mais les bizarreries des transmigrations l'accablent d'affliction. | |
TC0158 | TE016614 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 170 | La fille du notable qui devint une truie.– Le Buddha ayant rencontré une truie et ses petits qui se vautraient dans une fosse expose à Ananda que cette truie avait été jadis une jeune fille curieuse d'apprendre le sens de la destinée humaine, mais que nul maître compétent n'avait pu l'instruire. | |
TC0158 | TE016589 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 148 | Les six syllabes prononcées par les six hommes condamnés à bouillir en enfer dans la même marmite.– Six hommes condamnés à bouillir en enfer dans une même marmite n'ont le temps que de prononcer une seule syllabe au moment où les bouillons de l'eau les font émerger. Le Buddha explique quelles sont les six phrases dont les six syllabes sont le début. | |
TC0158 | TE016947 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 411 [C] | Le roi Canda Pradyota et les chars chargés de grains d'or.– Cinq cents chars chargés de bols pleins de grains en or sont amenés au roi Çanda; c'est, dit Kâtyâyana, pour récompenser le roi d'avoir donné cinq bols pleins d'eau à un Pratyeka Buddha dans une existence antérieure. | |
TC0158 | TE016991 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 449 | Le roi qui convoite une belle femme et cherche à tuer son mari.– Un roi qui convoite une belle femme charge le mari de celle-ci d'une mission où il doit trouver la mort. Mais cet homme échappe à tous les périls en se déclarant disciple du Buddha. |
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TC0158 | TE016563 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 123 | Un seul pépin suffit pour produire un grand arbre.– A un homme qui conteste qu'une bonne action puisse recevoir des récompenses immenses, le Buddha répond en montrant qu'un arbre colossal est issu d'une toute petite graine. | |
TC0158 | TE016577 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 137 | Le Buddha seul connaît la récompense que mérite une observance.– Çakra prétend que, quand il mourra, sa place pourra être occupée par un homme ayant observé les trois jours de jeûne par quinzaine. Mais il a tort, car c'est le Buddha seul qui connaît quelle peut être la récompense de cette observance. | |
TC0158 | TE016567 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 127 | Le chasseur auquel le Buddha refuse d'expliquer les livres saints.– Le Buddha refuse des enseignements à un chasseur de peur de frapper d'effroi cet homme qui est, malgré les apparences, un bodhisattva. | |
TC0158 | TE016942 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 410 [C] | Conversion de cinq cents Nirgranthas et de cinq cents marchands.– Cinq cents Nirgranthas, désespérés de ce que le Buddha a triomphé de leur maître, veulent se tuer; ils sont convertis. Un marchand jette à la mer ses joyaux pour sauver ses compagnons en péril de faire naufrage; ses joyaux lui sont rendus par un dieu de la mer; il en fait des largesses, entre en religion et ses compagnons suivent son exemple. |
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TC0158 | TE016943 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 410 [D] | Les cinq cents oies sauvages.– Cinq cents oies sauvages qui ont crié à l'unisson du ton sur lequel le Buddha a expliqué la Loi, renaissent en qualité de devas et deviennent srotâpannas. |
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TC0158 | TE017042 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 500 | Le sûtra du prince héritier Sudâna (Siu-ta-na).– Le roi Çibi possédait ving mille épouses, mais n'avait pas de fils. Lorsque enfin une de ses femmes eut un garçon, on le nomma Sudâna parce qu'à sa naissance le lait jaillit spontanément du sein des vingt mille épouses (sanscrit Sudhâna; vraisemblablement racine dhâ qui signifie «téter»). Dès son enfance, il se distingue par sa libéralité. Il épouse la fille d'un roi, Mâdrî, dont il a un fils et une fille. Voulant se conduire selon la pâramitâ de charité, il demande à son père toutes les richesses du trésor royal pour les offrir à son peuple. Son père les lui donne. Un roi rival demande l'éléphant blanc du roi. Le prince héritier l'accorde et encourt ainsi la colère de son père, qui l'exile dans la montagne T'an-t'o. Sa femme exige qu'il l'emmène avec leurs deux enfants. Ils partent au milieu des larmes du peuple. En route, il cède son cheval à un brahmane qui le lui demande et s'attelle lui-même à son char. II donne successivement ses vêtements, ceux de sa femme et de ses enfants à d'autres brahmanes. Après mille aventures ils arrivent dans la montagne où un religieux enseigne la Loi au prince héritier tandis que Mâdrî et les enfants cherchent leur nourriture dans les bois. Un brahmane vient un jour lui demander ses deux enfants; il les lui donne en l'absence de Mâdrî, qui, après avoir exprimé son désespoir, reconnaît qu'elle s'est engagée à ne s'opposer à aucun désir de son mari. Çakra, transformé en vieux brahmane qui a douze sortes de laideurs, vient demander au prince héritier de lui donner son épouse. Il y consent. Çakra reprend alors sa forme de roi des devas et promet au prince que ses enfants seront vendus dans son pays, qu'ils ne souffriront pas de privations et que lui et les siens reviendront dans le royaume d'où ils sont exilés. Les enfants sont vendus par le brahmane à leur grand-père et le vieux roi donne l'ordre d'aller chercher son fils, qui est reçu en grande pompe, et qui, après sa mort, devient le Buddha. |
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TC0158 | TE017040 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 498 | Les dix rêves du roi Prasenajit .– Le roi Prasenajit a vu en rêve dix choses : 1° trois jarres réunies; les deux jarres latérales étaient pleines de vapeurs qu'elles se passaient de l'une à l'autre, mais la jarre du milieu restait vide: 2° un cheval qui mangeait par la bouche et par le fondement; 3° un petit arbre qui portait des fleurs; 4° un petit arbre qui produisait des fruits; 5° un homme qui fabriquait une corde; derrière l'homme se trouvait un mouton; le maître du mouton mangeait la corde; 6° un renard assis sur un lit d'or et mangeant dans de la vaisselle en or; 7° une grande vache qui tétait un veau; 8° quatre bœufs qui venaient en mugissant des quatre côtés de l'horizon pour se battre entre eux; 9° un grand étang où l'eau était trouble au milieu et claire sur les bords; 10° un grand torrent qui coulait absolument rouge. Le Buddha explique ces dix rêves et rassure le roi au sujet des présages qu'ils annoncent (cf. n° 359). |
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TC0158 | TE016941 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 410 [B] | La femme qui tente d'empoisonner le Buddha.– La femme du conseiller du roi Bimbisâra, irritée de ce que son mari la néglige, tente d'empoisonner le Buddha. | |
TC0158 | TE016983 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 441 | Mallikâ devî.– Pour avoir fait une offrande au Buddha une humble servante devient femme du roi Prasenajit; c'est elle que l'on appelle Mallikâ devî. | |
TC0158 | TE016940 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 410 [A] | Le grand homme fort qui convertit une bande de brigands.– Un homme fort triomphe de cinq cents brigands et fonde une ville; les citoyens, par reconnaissance, lui accordent le droit de jambage; ce droit finit cependant par soulever la conscience populaire; une femme se met nue et urine en public en déclarant qu'elle n'y voit aucun mal puisque tous les habitants de la ville ne sont pas véritablement des hommes; cet incident déchaîne l'indignation de la foule qui fait périr l'homme fort en incendiant sa maison. L'homme fort renaît sous la forme d'un démon anthropophage auquel les gens de la ville doivent livrer une personne par jour; le sort étant venu à tomber sur le fils d'un notable, ce dernier intercède auprès du Buddha; le démon de la région déserte Atavikâ (K'ouang-ye) est converti, et de sa propre main (cheou), il place dans le bol du Buddha l'enfant qu'il devait dévorer; de là vient le nom de K'ouang-ye-cheou (en pâli Hatthâlavaka) qui fut donné à cet enfant. Dans une existence antérieure le démon avait été déjà converti par un homme qui, ayant tous ses membres et même sa tête, pris dans le corps du démon avait déclaré que son énergie n'était point abattue (cf. n° 89). |
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TC0158 | TE016968 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 426 | Le socque du futur Çâkyamuni.– Cinq ermites, qui sont des futurs Buddhas, se font servir par l'un d'entre eux qui est le futur Çâkyamuni; ce dernier est chassé par ses quatre compagnons pour leur avoir apporté à manger trop tard; il laisse tomber dans l'eau un de ses socques précieux; il meurt et il est enterré avec l'autre socque à son pied. Il renaît dans la condition de fils de magicien qui s'occupe de magie noire, puis devient inopinément roi. En cette dernière qualité, il traite en égal le brahmane qui lui a prédit sa grandeur future; le brahmane, devenu arrogant, est chassé; il trouve le socque précieux qui était autrefois tombée dans l'eau et le rapporte au roi pour rentrer en grâce; il reçoit l'ordre de retrouver l'autre socque; il rencontre les quatre ermites qui lui indiquent l'endroit où a été enterré le cinquième ermite et prend le socque qui était resté au pied de ce dernier. |
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TC0158 | TE017041 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 499 | Sûtra prononcé par le Buddha au sujet de l'Avadâna concernant «Fille de Manguier » (Amrapâlî) et K'i-yu (Jîvaka).– Fille de Manguier, pour avoir, dans une vie antérieure, offert une mangue et un bol d'eau au Buddha Kâçyapa, renaît dans la fleur d'un manguier magique qui porte à son sommet un étang d'eau pure. Sept rois se disputent les faveurs de Fille de Manguier que le brahmane, possesseur de l'arbre, a fait enfermer dans une tour. Le roi Bimbisâra entre dans le jardin par un aqueduc, monte dans la tour, séduit Fille de Manguier et lui laisse, en attestation, son anneau d'or, en lui déclarant que si elle a une fille, elle peut la garder, mais que, si elle a un fils, elle doit le lui apporter. Elle s'enferme dans la tour et, par la suite, met au monde un garçon, Jîvaka, qui tenait dans sa main un sac d'aiguilles à acupuncture. Au moyen de l'anneau, Jîvaka, ayant atteint l'âge de huit ans, se fait reconnaître par le roi Bimbisâra, qui le nomme prince héritier. Il refuse cet honneur et demande à faire des études de médecine avec le fameux Pingala. Il fit partout des cures merveilleuses (cf. n° 189, t. II). |
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TC0158 | TE016439 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 14 | Le prince Sudàna.– Cf. vol. III, n° 5oo. Le sûtra du prince héritier Sudâna (Siu-ta-na).– Le roi Çibi possédait vingt mille épouses, mais n'avait pas de fils. Lorsque enfin une de ses femmes eut un garçon, on le nomma Sudâna parce qu'à sa naissance le lait jaillit spontanément du sein des vingt mille épouses (sanscrit Sudhâna; vraisemblablement racine dhâ qui signifie «téter»). Dès son enfance, il se distingue par sa libéralité. Il épouse la fille d'un roi, Mâdrî, dont il a un fils et une fille. Voulant se conduire selon la pâramitâ de charité, il demande à son père toutes les richesses du trésor royal pour les offrir à son peuple. Son père les lui donne. Un roi rival demande l'éléphant blanc du roi. Le prince héritier l'accorde et encourt ainsi la colère de son père, qui l'exile dans la montagne T'an-t'o. Sa femme exige qu'il l'emmène avec leurs deux enfants. Ils partent au milieu des larmes du peuple. En route, il cède son cheval à un brahmane qui le lui demande et s'attelle lui-même à son char. II donne successivement ses vêtements, ceux de sa femme et de ses enfants à d'autres brahmanes. Après mille aventures ils arrivent dans la montagne où un religieux enseigne la Loi au prince héritier tandis que Mâdrî et les enfants cherchent leur nourriture dans les bois. Un brahmane vient un jour lui demander ses deux enfants; il les lui donne en l'absence de Mâdrî, qui, après avoir exprimé son désespoir, reconnaît qu'elle s'est engagée à ne s'opposer à aucun désir de son mari. Çakra, transformé en vieux brahmane qui a douze sortes de laideurs, vient demander au prince héritier de lui donner son épouse. Il y consent. Çakra reprend alors sa forme de roi des devas et promet au prince que ses enfants seront vendus dans son pays, qu'ils ne souffriront pas de privations et que lui et les siens reviendront dans le royaume d'où ils sont exilés. Les enfants sont vendus par le brahmane à leur grand-père et le vieux roi donne l'ordre d'aller chercher son fils, qui est reçu en grande pompe, et qui, après sa mort, devient le Buddha. |
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TC0158 | TE016959 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 420 [A] | Le roi Yeou-t'o-sien (Udasena).– Udasena, roi de Roruka, ayant reconnu que sa femme doit bientôt mourir, l'autorise à écouter les enseignements de la nonne Çailâ et à entrer en religion. Après sa mort, la reine devient une devî; elle vient, en cette qualité, rendre visite à son ancien époux qui se convertit à son tour et abdique la dignité royale. Son fils, Râjasena, lui succède, et fait périr son père dont il craint le retour. Comme il a des remords de son action, ses ministres cherchent à le persuader qu'il n'y a pas d'arhats, en faisant passer à ses yeux deux chats pour les véritables représentants des arhats défunts Tisya et Upatisya. Le roi, devenu tout à fait incrédule, fait recouvrir de terre le vénérable Kâtyâyana. Destruction de Roruka sous une pluie de terre. Kâtyâyana se réfugie à Pâtaliputra où il est reçu par un notable qui doit son heureuse prédestination au fait que, dans une existence antérieure où il était un chien, il a invité par ses aboiements des Pratyeka Buddhas à venir dîner. |
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TC0158 | TE016635 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 190 | L'abatteur de moutons.– Un boucher demande à un roi l'autorisation de tuer des moutons. Le Buddha, interrogé à son sujet, déclare que ce boucher a obtenu à six reprises de naître dans la condition d'homme, puis de deva, pour avoir honoré un Buddha, mais qu'ensuite il est destiné à aller en enfer et qu'il devra mourir autant de fois qu'il aura tué de moutons. |
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TC0158 | TE016594 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 153 | Les trois larmes du Buddha.– Le Buddha suscite par ses larmes la pensée du Mahàyâna ( « grand véhicule ») chez une foule d'êtres qui seront ainsi ses continuateurs. | |
TC0158 | TE016595 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 154 | « Le vénérable roi au fruit ».– Le jeune homme qui a donné un fruit au Buddha deviendra plus tard un Buddha nommé « le vénérable roi au fruit». | |
TC0158 | TE016634 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 189 | Jîvaka.– Le roi médecin Jîvaka connaissait l'art d'employer les plantes médicinales. Quand il mourut, les plantes se lamentèrent parce que nul ne saurait plus reconnaître leurs différentes propriétés. Seule la plante harîtaka ne pleurait pas, parce qu'elle se jugeait capable de guérir toutes les maladies. Ainsi en est-il de la pensée de l'impermanence qui seule, depuis que le Buddha a quitté ce monde, peut guérir les maux des hommes (cf. n° 499). | |
TC0158 | TE016608 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 166 | Lo-yun-tchou (Râhulamani?) était un disciple de Çâriputra; pour avoir dérobé la nourriture d'un Pratyeka Buddha, il endura pendant des kalpas (milliards d’années) illimités la condition de démon affamé, puis étant redevenu homme, il souffrit de la faim pendant cinq cents générations. Maudgalyâyana ayant pitié de lui, mendia de la nourriture et la lui donna, mais elle fut aussitôt enlevée par un grand oiseau; Çâriputra fit le même geste, mais elle fut changée en boue; Mahâkâçyapa également, mais la bouche du disciple de Çâriputra se ferma sans pouvoir se rouvrir. Le Buddha seul réussit à lui faire absorber de la nourriture. |
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TC0158 | TE016630 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 186 | Les cinq cents marchands qui invoquent le Buddha.– Cinq cents marchands, qui sont sur le point d'être dévorés par le poisson makara, sont sauvés parce qu'ils invoquent le nom du Buddha. | |
TC0158 | TE016426 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 3 | Le Bodhisattva, les poissons et les courges pleines de riz. – Pour faire acte de libéralité, le Bodhisattva se jette dans la mer afin de nourrir les poissons. Plus tard, étant un grand poisson, il s'échoue sur le rivage afin de nourrir les hommes. Plus tard, étant prince héritier d'un royaume, ses vertus attirent cinq cents Buddhas qui sauvent le peuple de la famine en lui faisant semer des céréales qui se transforment en courges pleines de riz. | |
TC0158 | TE016591 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 150 | La confusion de Mahâmaudgalyâyana.– Mahàmaudgalyâyana est confus parce que le Buddha lui montre que sa faculté de vision surnaturelle est fort inférieure à celle du Buddha. | |
TC0158 | TE016590 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 149 | La mortification de Çâriputra.– Çâriputra est joyeux pour avoir entendu les enseignements du Buddha Vipaçyin; mais le Buddha lui montre que ces enseignements ne portent que sur des points secondaires de la doctrine. | |
TC0158 | TE016545 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 115 | Les trois brahmanes qui s'entretuent pour la possession d'un monceau d’or.– Trois hommes s'entretuent pour la possession d'un monceau d'or; le Buddha avait eu raison de comparer ces pièces d'or à des brigands. | |
TC0158 | TE016960 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 420 [B] | Histoire de Râhula.– Yaçodharâ le met au monde six années après que Çâkyamuni l'a quittée; ces six années correspondent aux six années d'ascétisme du Buddha. Yaçodharâ prouve qu'elle est innocente; Râhula reconnaît immédiatement son père. | |
TC0158 | TE016949 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 413 | La mère des démons qui avait perdu son fils.– Hârîtî, la mère des dix mille démons, tuait les enfants des hommes pour s'en repaître; le Buddha cache dans son bol le plus jeune de ses fils nommé Pingala; Hârîtî en est au désespoir et comprend alors qu'elle ne doit plus faire de mal aux fils des hommes. |
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TC0158 | TE016578 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 138 | Les disciples du Buddha et le dragon.– Le dragon qui fait tomber la pluie dans la mer est comparable aux disciples du Buddha qui répandent leurs libéralités sur la communauté. | |
TC0158 | TE016593 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 152 | Conversion des habitants d'un royaume par le Bodhisattva Maîijuçrî.– Cinq cents arhats essaient vainement de convertir les habitants d'un royaume; le Bodhisattva Manjuçrî, délégué par le Buddha, réussit dans l'entreprise. | |
TC0158 | TE016424 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 1 | Çakra éprouve le Bodhisattva.– Pour éprouver le Bodhisattva, Çakra lui fait croire que la vertu de la libéralité est punie par les châtiments des enfers. Le Bodhisattva répond qu'il subira ces supplices plutôt que de renoncer à la pratique de la bienfaisance. |
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TC0158 | TE016866 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 392 | L'oiseau à deux têtes.– L'une des têtes, le futur Buddha, mange de bons fruits; l'autre tête, le futur Devadatta, mange un fruit vénéneux. | |
TC0158 | TE016655 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 208 | Le gardien de bœufs tué par un bœuf.– Un gardien de bœufs est frappé à mort par un bœuf au moment où il cueillait des fleurs pour les offrir au Buddha; à cause de sa bonne intention, il renaît comme deva; dans cette nouvelle condition, il se remet à cueillir des fleurs afin d'accomplir son désir primitif; il atteint ainsi la sagesse. |
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TC0158 | TE016480 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 53 | Le brahmane qui s'accuse d'avoir volé de l'eau dans un étang.– Un brahmane s'accuse d'avoir volé de l'eau dans un étang. Le roi lui dit d'attendre dans son parc le moment d'être jugé et l'y oublie pendant six jours. Quand on va le chercher, le brahmane tombe d'inanition. La reine se moque de lui; le roi lui fait des offrandes. Dans une existence ultérieure le roi devient le Buddha; mais avant d'atteindre à l'illumination, il passe par six années d'abstinence afin d'expier la faute qu'il a commise en oubliant le brahmane pendant six jours; quant à la reine qui est devenue Yaçodharâ, elle est punie de ses moqueries en étant enceinte de Râhula pendant six ans. |
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TC0158 | TE017013 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 471 | La jeune fille qui vendit ses cheveux pour offrir un repas au Buddha.– Une jeune fille qui a des cheveux admirables les vend pour cinq cents livres d'or afin de pouvoir offrir un repas au Buddha. Au moment où elle rend hommage au Buddha, ses cheveux repoussent instantanément. | |
TC0158 | TE016912 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 404 [A] | La femme qui a oint de parfums les pieds du Buddha.– Cette femme obtient de renaître en qualité de devî. | |
TC0158 | TE016907 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 403 [B] | Le chasseur revêtu d'un vêtement de religieux et l'oiseau Ki-li.– Un chasseur (le futur Devadatta) se revêt d'un habit de religieux pour tuer des êtres vivants; il est démasqué par un moineau (le futur Buddha). | |
TC0158 | TE016481 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 54 | Sûtra de l'expiation de la famille des Çakyas.– Destruction de la ville des Çâkyas par le roi Virûdhaka. Dévouement inutile de Mahânâman qui obtient qu'on laisse sortir les civils et qui, en invoquant le Buddha, entre sous l'eau et périt en attachant ses cheveux à une racine d'arbre. Par la suite le roi Virûdhaka est puni de son crime. Avadâna expliquant pourquoi trois villes des Çakyas ont éprouvé chacune un sort différent. | |
TC0158 | TE016640 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 195 | Le Brahmadeva qui se croyait immortel.– Le Brahmadeva (Brahma) se croit immortel. Le Buddha lui fait comprendre que l'Omniscient, c'est-à-dire le Buddha lui-même, lui survivra. | |
TC0158 | TE016867 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 393 | Les deux lutteurs.– Si le Buddha éprouve parfois des douleurs dans le dos, c'est parce que dans une existence antérieure, il était un lutteur qui brisa l'épine dorsale de son rival. | |
TC0158 | TE016939 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 409 | Histoire de Nanda.– Premier récit : Nanda est contraint d'entrer en religion; comme il pense encore avec regret à sa femme, le Buddha lui fait voir les délices des cieux et les tourments des enfers : Nanda est alors affermi dans sa foi et devient arhat. Deuxième récit : Le roi de Kâçî est prêt à faire des folies pour s'assurer la possession d'une courtisane; un singe, devenu veuf, qui a épousé une deuxième guenon et qui est poursuivi pour cela par les autres singes, vient se réfugier auprès du roi et lui montre que sa conduite ne diffère en rien de celle du roi. Il lui explique l'inanité des désirs. |
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TC0158 | TE016938 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 408 [K] | L'homme et la femme qui n'aimaient pas le Buddha.– Un homme et sa femme sont pleins de malveillance pour le Buddha, mais se convertissent quand le Buddha leur apparaît. Autre récit : un perroquet convertit le roi et sa femme. |
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TC0158 | TE016910 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 403 [E] | Les huit devas dont un seul est heureux.– Huit devas se présentent devant le Buddha; le dernier seul est parfaitement heureux parce qu'il n'a commis aucune faute dans son existence antérieure. | |
TC0158 | TE016441 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 16 | Le Buddha et le maître de maison pauvre.– Le Buddha, apprenant qu'un maître de maison se croit trop pauvre pour offrir ses humbles offrandes, lui explique que la valeur de l'acte de libéralité réside dans la pureté de l'intention. | |
TC0158 | TE016482 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 55 | Le Bodhisattva enfonce une aiguille dans chaque pore de sa peau.– Pour être admis à entendre une stance résumant les enseignements du Buddha, le Bodhisattva consent à enfoncer une aiguille dans chacun des trous de sa peau où il y a un poil. | |
TC0158 | TE016653 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 206 | Le maître de maison avare converti par le Buddha.– Un avare qui s'est refusé à faire l'aumône à Çâriputra et à Maudgalyâyana est converti par le Buddha lui-même; Mâra prend l'apparence du Buddha pour troubler le coeur du néophyte; mais sa ruse est percée à jour. |
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TC0158 | TE016492 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 65 | Sûtra des trois choses qui provoquèrent le rire du Buddha.– Le Buddha rit en voyant un vieux marchand de poisson se lamenter sur la mort de son fils; ce rire a trois causes : 1° la stupidité du marchand qui s'afflige de la mort de son fils en tuant lui-même une multitude de poissons; 2° le contraste entre le malheureux poisson qu'on vend et le roi tout-puissant que ce même poisson était dans une existence antérieure; 3° la singularité qu'il y a à retrouver sous la forme de ce poisson un être qui avait eu la forme humaine et s'était longuement appliqué à l'étude delà sagesse. –Ce récit est mal fondu avec un autre dans lequel le Buddha retrouve sous la forme d'un porc un homme qui, dans une existence antérieure, avait négligé les pratiques bouddhiques. | |
TC0158 | TE016929 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 408 [B] | La pierre qui provient de la cervelle du poisson Makara.– Le Buddha révèle à un marchand les vertus mystérieuses d'une perle qui provient de la cervelle du poisson Makara. |
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TC0158 | TE017014 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 472 | La femme enceinte qui souhaite que son fils devienne çramana.– Une femme enceinte souhaite que son fils devienne çramana. Quand l'enfant est né, le Buddha fait en sa faveur divers prodiges et l'enfant devient moine. | |
TC0158 | TE016450 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 24 | Le jeune homme qui sert de lampe au Buddha.– Au temps d'un Buddha des temps passés, un jeune brahmane se verse de l'huile sur le crâne et y met le feu afin de servir de lampe au Buddha. Pour cet acte d'ascétisme, il reçoit la prédiction qu'il sera plus tard le Buddha Dîpamkara. | |
TC0158 | TE016650 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 203 | Le trésor caché et le serpent venimeux.– Le Buddha dit d'un trésor caché que c'est un serpent venimeux; un homme qui n'ajoute pas foi à cette parole s'empare du trésor, il est fait prisonnier, torturé et condamné à mort, Il n'échappe au dernier supplice que parce qu'il déclare que la parole du Buddha était véridique. |
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TC0158 | TE016452 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 26 | Le Bodhisattva et le pou.– Le Bodhisattva ayant pris un pou qui lui causait des démangeaisons, le dépose sur un os d'animal dont le pou se nourrit pendant sept jours. Dans une existence ultérieure, le pou devient un maître de maison qui fait des offrandes pendant sept jours au Buddha et à plusieurs milliers de bhiksus. |
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TC0158 | TE017016 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 474 | La vieille femme qui construisit une demeure pour un bhiksu.– Une vieille femme construit de ses propres mains une habitation pour un religieux; elle renaît en qualité de devî et offre d'une manière miraculeuse un repas au Buddha et à l'assemblée des religieux. |
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TC0158 | TE016526 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 96 | Les trois buveurs de vin.– Trois buveurs de vin encourent des peines différentes selon l'attitude que chacun d'eux a prise en présence du Buddha. | |
TC0158 | TE016532 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 102 | L'homme qui enfouit des joyaux.– Un homme compare l'acte de nourrir le Buddha et les bhiksus à l'acte d'enfouir des joyaux. | |
TC0158 | TE016679 | anon. | Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois [Chavannes, 1962] : 232 | Le fanatisme des brahmanes.– Le roi Keou-siun-ni (Prasenajit ?) a eu dix songes ; les brahmanes veulent en profiter pour perdre la septième fille, du roi et déclarent qu'il faut l'immoler; la jeune fille se rend auprès du Buddha et entraîne successivement avec elle les habitants des quatre parties de la ville et enfin le roi et ses officiers. Tous sont convertis et le roi reconnaît que les brahmanes l'avaient trompé. |
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TC0161 | TE017695 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. B. Frank] : IV, 28 | HISTOIRE DU CORPS D'APPARITION D'UN KANNON EN SANTAL BLANC DE L'INDE.– Dans le sanctuaire d’un monastère, le Bodhisattva Kanjizai apparaît aux pèlerins qui prient, après une période de jeûne, devant son icône. Une balustrade est élevée pour ne pas s’approcher trop près de l’image. Les pèlerins lancent des fleurs et savent que leurs vœux sont exaucés quand elles s’accrochent aux membres du Bodhisattva. Un moine forme trois vœux et lancent ses fleurs qui se suspendent à la main, aux bras, au cou et à la tête du Bodhisattva. Le gardien du monastère est émerveillé et prédit que le moine deviendra un Bouddha et lui demande de le conduire plus tard dans le nirvâna. |
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TC0161 | TE017720 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. B. Frank] : XIV, 04 | HISTOIRE DE LA MIRACULEUSE EFFICACE DU KANNON DE NARIAI EN LA PROVINCE DE TANGO.– Durant l’hiver, un moine reclus dans un monastère situé dans la montagne enneigée manque de provisions et ne peut se rendre au village. Affamé, il pense mourir et invoque [la statue de] Kannon de son monastère pour qu’il daigne le secourir. Il voit alors un sanglier mais il hésite à le découper et manger sa chair, car il lui a été enseigné que les êtres vivants sont nos pères et nos mères dans leurs existences antérieures. Mais, ne supportant pas la douleur de la faim, il découpe les cuisses du sanglier, les fait cuire et les mange. Les villageois, sachant le moine seul et sans provisions, viennent au monastère pour lui porter de la nourriture. Le moine, honteux de son péché, tente de cacher les restes de la cuisson du sanglier. Les villageois trouvent des restes de bois cuits et mangés et voient qu’on a coupé les cuisses [de la statue] du Bouddha. Le moine comprend que Kannon s’est transformé en sanglier pour le sauver. Il implore Kannon qui retrouve sa forme primitive. |
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TC0161 | TE017709 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. B. Frank] : XI, 10 | COMMENT DENGYO-DAISHI EST PASSÉ À LA CHINE ET RENTRE EN TRANSMETTANT LA SECTE DU TENDAI.– Le moine ermite Dengyô-daishi voit surgir dans des cendres d’encens une relique de Bouddha, et un vase en or dans lequel il met la relique qu’il adore jour et nuit. Il décide de fonder à cet endroit un monastère pour y propager la Loi de la Secte du Tendai. Il se rend en Chine pour étudier les textes de la Loi et y est reconnu comme celui digne de les propager dans son pays. De retour au Japon, il se rend en pèlerinage au temple d’Usa où il demande la protection du Grand Bodhisattva pour réaliser ses vœux : construire un monastère, y installer des moines pour propager la Parole sainte, et façonner une statue du Bouddha Yakushi pour guérir tous les êtres. Une voix merveilleuse et divine répond à Dengyô- daishi en lui accordant sa protection et en lui donnant une robe violette qu’il devra porter quand il façonnera la statue. Après l’accomplissement de ces tâches, lors d’un autre pèlerinage, un nuage violet s’élève de la montagne et recouvre la cour dans laquelle Dengyô- daishi explique un sûtra. Et c’est ainsi que la Secte du Tendai est devenue prospère. |
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TC0161 | TE017692 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. B. Frank] : II, 04 | COMMENT LE BOUDDHA ADORE UN STUPA.– Le Bouddha explique à ses disciples pourquoi il adore avec dévotion un stûpa. Une reine met au monde un enfant après les prières du roi aux dieux dragons .Le garçon a dix ans quand le roi souffre d’une maladie inguérissable. Cependant un médecin assure que le roi guérira grâce à un remède composé des yeux et de la moelle des os d’un homme qui n’a pas connu la colère. Le prince, enfant sans colère, demande à un hors-caste de le sacrifier malgré les larmes de sa mère, pour accomplir son devoir filial et guérir son père. Le roi guérit mais quand il s’inquiète de ne plus voir son fils, il apprend avec une infinie tristesse la vérité et décide d’élever un stûpa sur le mont Yu. Si le Bouddha adore ce stupa, c’est qu’il fut ce prince et que c’est grâce à lui qu’il a connu l’éveil. |
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TC0161 | TE017693 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. B. Frank] : III, 22 | HISTOIRE DU NOTABLE ROSHI .– Shaku, empereur des dieux, se met en colère et décide de châtier le notable Roshi pour son avarice et sa cupidité. Il prend son apparence et distribue toutes les richesses de sa maison. Quand Roshi revient chez lui, personne n’est capable de dire qui est le vrai Roshi. Le roi, qui ne discerne pas non plus le vrai et le faux, va voir le Bouddha avec les deux Roshi. Shaku retrouve son apparence et expose la faute de Roshi au Bouddha. |
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TC0161 | TE017726 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. B. Frank] : XX, 12 | COMMENT LE MAÎTRE D'EXTASE SANSHU DU MONT IBUKI OBTIENT L'ACCUEIL D'UN TENGU.– Le Maître d’Extase Sanshu ne fait que psalmodier le nembutsu ( invocation au Bouddha) et n’étudie pas les textes de la Loi. Une nuit, récitant devant l’autel et la statue du Bouddha, une voix lui dit de continuer à psalmodier ses prières et qu’il sera accueilli le lendemain. Le saint homme, le lendemain, s’installe, tourné vers l’ouest, avec ses disciples avec qui il récite le nembutsu. Il voit à la cime de la montagne un Bouddha apparaître dans une lumière d’or. Des Bodhisattvas jouent une musique merveilleuse et des fleurs tombent du ciel. Sanshu, entré en adoration, rampe, monte sur un socle de lotus d’or violacé tenu par le Bodhisattva Kannon et, accueilli par le Bouddha, s’en va. Les disciples commencent une prière ininterrompue pour la destinée du saint homme. Après plusieurs jours, des moines trouvent dans la montagne Le Maître de la Loi Sanshu attaché, nu, aux branches d’un cryptomère. Croyant le Maître au paradis, ils se désolent et le délient, malgré les protestations de Sanshu qui dit que Bouddha viendra l’accueillir et lui a ordonné de rester ainsi. Les disciples comprennent que le saint homme, n’étant pas doué de sage réflexion, s’est laissé prendre à la machination d’un tengu (démon). Le Maître d’Extase Sanshu, atteint de folie, meurt après quelques jours. |
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TC0161 | TE017691 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. B. Frank] : I, 31 | COMMENT LE NOTABLE SHUDATSU A CONSTRUIT LE MONASTÈRE DU GI-ON.– Le notable indien Shudatsu devient pauvre pour la septième fois de sa vie. Pour ne pas mourir de faim il vend un boisseau de bois et rapporte du riz que sa femme met à cuire. Des disciples du Bouddha viennent mendier leur nourriture. L’épouse offre son riz aux deux disciples, et prend la résolution de garder le riz restant pour elle et son époux, pour continuer à vivre .Le Bouddha Shaka se présente à son tour et l’épouse emplie de joie lui offre le riz qui reste. Au retour de son époux, grâce à la générosité de sa femme, les greniers de sa maison se remplissent miraculeusement de trésors. Shudatsu décide alors de fonder une demeure pour la Communauté des moines et d’y faire offrande chaque jour .Il couvre d’or la place d’un magnifique site cédé par un prince. Il installe le Bouddha, des Bodhisattva et les cinq cents disciples dans cette merveilleuse demeure appelée le monastère de Gi-on. |
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TC0161 | TE017690 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. B. Frank] : I, 01 | COMMENT SHAKA-NYORAI S’EST LOGÉ EN SA MÈRE DANS LE MONDE DES HOMMES.– Le Bodhisattva Shaka-bosatu laisse voir les cinq marques de déchéance pour descendre des cieux et renaître dans le monde des hommes. Il choisit le roi Jôbon comme père et se loge dans la matrice de la dame Maya. Ceux-ci interrogent le brahmane Zensô après avoir vu en songe le Bodhisattva entrer dans le flanc droit de la dame Maya. Le brahmane répond que l’enfant porte en lui des signes bons et merveilleux et deviendra un bouddha révéré des dieux. Le roi et la dame Maya, emplis de bonheur offrent de nombreux trésors au brahmane avant son retour chez lui. |
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TC0161 | TE017715 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. B. Frank] : XII, 18 | COMMENT UN BOUDDHA DU YATA-DERA EN LA PROVINCE DE KAWACHI NE BRÛLE PAS AU FEU.– Une veuve veut faire peindre l’image du Bouddha Amida pour en faire offrande au monastère Yata-dera. Etant très pauvre, elle laisse passer le temps et n’accomplit pas son vœu. Mais un jour elle glane des épis de riz et appelle un peintre qui, ému par ce vœu, accepte de copier l’image, qui est installée dans le sanctuaire principal du monastère. Mais un voleur brûle ce sanctuaire. Dans le feu il ne reste que l’image peinte qui n’a subi aucun dommage. Grâce à l’esprit d’éveil de cette femme, et de sa foi, le bouddha a accompli ce miracle. |
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TC0161 | TE017714 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. B. Frank] : XII, 08 | COMMENT ON CÉLÈBRE AU YAKUSHIJI L'ASSEMBLÉE DES DIX MILLE LAMPES.– Etatsu, moine du monastère Yakushiji , célèbre une assemblée de la Loi d’un jour lors d’une fête à laquelle tous les moines assistent, après avoir revêtu leurs vêtements de la Loi. La nuit, des lampes offertes par des donateurs et préparées par les moines sont allumées dans tout le monastère. Cette fête aura lieu chaque année à date fixe. Après la mort d’Etatsu, il y a toujours une lumière sur sa tombe la nuit de l’Assemblée des Dix mille lampes | |
TC0161 | TE017700 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. B. Frank] : VI, 43 | COMMENT DONRAN DE CHINE A BRÛLÉ SES LIVRES CANONIQUES DES IMMORTELS ET VA RENAÎTRE DANS LA CONTRÉE BIENHEUREUSE.– Le moine Donran lit et étudie l’art des immortels. Il rencontre Bodai, un moine qui le convertit avec le Sûtra de la méditation et lui dit qu’avec cette méthode, on obtient la délivrance après la mort. Donran se repent et brûle ses Livres canoniques des Immortels. Quand il sent qu’il va mourir, il brûle de l’encens et répète le nom de Bouddha. Après sa mort, une musique venue de l’ouest retentit dans l’espace avant de disparaître. |
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TC0161 | TE017713 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. B. Frank] : XI, 28 | COMMENT CHISHÔ-DAISHI COMMENCE D' ÉTABLIR SON ÉCOLE AU MII¬-DERA.– Chishô-daishi , moine très vénéré, Grand Maître, désirant établir une Ecole pour transmettre la Loi bouddhique, s’arrête dans un monastère dans lequel se trouvent une grande statue du Bouddha futur et un puits. Un moine explique au Grand Maître que le puits se nomme Mii, « les Trois Puits » Chishô-daishi rencontre un très vieux moine qui ne se nourrit que de poissons, dont les arêtes et les écailles éparpillées au sol, laissent planer une odeur nauséabonde. Interrogé, le vieux moine explique qu’il se tient là depuis cent soixante ans et qu’il n’y a que Chishô-daishi, Grand Maître, digne de maintenir ce monastère après lui. Eploré, le vieux moine s’en retourne. Un homme très distingué survient et annonce au Grand Maître qu’il est le protecteur de la Loi du Bouddha et qu’il lui donne toute sa confiance pour la transmettre. Chishô-daishi apprend que cet homme est un dieu et retourne dans l’habitation du vieux moine où flotte à présent une odeur très parfumée. Les restes des poissons sont devenus d’éclatantes tiges de lotus bouillies. Le Grand Maître apprend que ce vieux moine apparaît dans les rêves comme le Bouddha futur. Chishô-daishi établit son Ecole dans ce monastère avec de nombreux disciples, enseigne et propage la Loi du Bouddha. |
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TC0161 | TE017698 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. B. Frank] : VI , 05 | COMMENT KUMARAEN A VOLÉ LA STATUE DU BOUDDHA ET L’A TRANSMISE EN CHINE.– Alors que Bouddha est au ciel pour convertir sa mère, un roi, triste de son absence, fait fabriquer par un dieu artisan une statue en bois. Quand Bouddha veut redescendre du ciel par trois escaliers, le Bouddha en bois vient se prosterner devant lui. La statue est alors vénérée par le monde entier. Kumaraen, un saint homme décide de voler l’icône en bois et de l’apporter en Chine pour convertir le pays. Il voyage jour et nuit, aidé par le Bouddha en bois. L’homme, fatigué, arrête son chemin pour se reposer dans un pays situé entre l’Inde et la Chine. Le roi de ce pays, trouvant ce voyage trop difficile pour ce vieil homme le persuade de s’unir à sa fille dans l’espoir d’une future grossesse. Mais la femme ne tombe enceinte que quand elle ferme la bouche de Kumaraen pendant leur accouplement pour l’empêcher de réciter une stance sur l’impermanence. Kumaraen meurt. Un garçon naît, grandit et pour respecter la volonté de son père, transporte le Bouddha en bois jusqu’en Chine où il est reçu par le roi et vénéré dans tout le pays. |
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TC0162 | TE017775 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. Lavigne-Kurihara, 2002] : XX, 06 | COMMENT UNE FEMME POSSÉDÉE PAR UN TENGU SE REND À LA CELLULE DU SAINT NINSHÔ AU TEMPLE DU BUTSUGENJI.– Une nuit, le moine et saint homme Ninshô reçoit la visite d’une femme qui se propose de le servir. Elle revient ainsi plusieurs fois avec des offrandes. Le saint est ému par tant de vénération à son égard. Un jour, elle vient, alors que le moine se trouve seul dans le monastère. La femme lui dit qu’elle peut enfin lui parler et l’attirant à l’écart, elle prend sa main, s’agrippe à lui, l’embrasse de tout son corps en le suppliant de la secourir. Le moine, très embarrassé, lui suggère d’en parler d’abord au Bouddha. La femme s’accroche à sa manche et le suit jusqu’au temple. Là, le moine prie avec la plus grande ferveur saint Fudô de le délivrer de l’esprit maléfique dont il est la proie. La femme s’abat aux pieds du moine après un brusque vol plané. Elle se met à tourner comme une toupie en hurlant. Le moine, prosterné sur le sol devant le Bouddha, frotte frénétiquement les perles de son chapelet. La femme tape sa tête contre un pilier des dizaines de fois en le suppliant à nouveau de l’aider. Elle révèle alors au moine qu’elle est en réalité un tengu qui a volé plusieurs fois au-dessus de sa cellule. Voyant ce moine totalement absorbé par ses exercices, et attiré par le son des clochettes, le tengu a décidé de le faire déchoir en prenant possession d’une femme. Mais la foi de ce moine est si miraculeuse que le tengu se retrouve ligoté, les ailes brisées. Le Le moine, éploré, implore bouddha et délie la femme qui redevient elle-même. |
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TC0162 | TE017776 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. Lavigne-Kurihara, 2002] : XX, 12 | COMMENT LE RÉVĒREND MOINE SANSHU DU MONT IBUKI EST ACCUEILLI PAR UN TENGU.– Le Maître d’Extase Sanshu ne fait que psalmodier le nembutsu ( invocation au Bouddha) et n’étudie pas les textes de la Loi. Une nuit, récitant devant l’autel et la statue du Bouddha, une voix lui dit de continuer à psalmodier ses prières et qu’il sera accueilli le lendemain. Le saint homme, le lendemain, s’installe, tourné vers l’ouest, avec ses disciples avec qui il récite le nembutsu. Il voit à la cime de la montagne un Bouddha apparaître dans une lumière d’or. Des Bodhisattvas jouent une musique merveilleuse et des fleurs tombent du ciel. Sanshu, entré en adoration, rampe, monte sur un socle de lotus d’or violacé tenu par le Bodhisattva Kannon et, accueilli par le Bouddha, s’en va. Les disciples commencent une prière ininterrompue pour la destinée du saint homme. Après plusieurs jours, des moines trouvent dans la montagne le Maître de la Loi Sanshu attaché, nu, aux branches d’un cryptomère. Croyant le Maître au paradis, ils se désolent et le délient, malgré les protestations de Sanshu qui dit que Bouddha viendra l’accueillir et lui a ordonné de rester ainsi. Les disciples comprennent que le saint homme, n’étant pas doué de sage réflexion, s’est laissé prendre à la machination d’un tengu (démon). Le Maître d’Extase Sanshu, atteint de folie, meurt après quelques jours. |
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TC0162 | TE017788 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. Lavigne-Kurihara, 2002] : XVI, 15 | COMMENT UN HOMME QUI VÉNÈRE KANNON EST CONDUIT AU PALAIS DU DRAGON ET OBTIENT LA FORTUNE.– Un pauvre servant respecte les commandements, sert Kannon avec ferveur et vénère Bouddha. Lors d’un pèlerinage, il rencontre un homme qui porte un petit serpent enroulé au bout d’un bâton. Celui-ci explique qu’il a capturé ce serpent pour extraire son huile, utile pour la fabrication de gratte-dos en corne de bœuf qu’il vend. Le servant, pris de pitié, échange sa veste contre le serpent. Puis il dépose le serpent dans un trou près de l’étang où il a été attrapé, et il le voit disparaître dans l’eau. Après s’être éloigné de deux cents pas, il rencontre une ravissante fillette qui le remercie en lui disant qu’il lui a sauvé la vie. Elle le ramène près de l’étang, lui demande de fermer les yeux, et ils se retrouvent tous deux devant le portail magnifique d’un palais fabuleux. Il suit la fillette de pavillon en pavillon, tous emplis de trésors, jusqu’à une salle ornée de pierres précieuses où siège un splendide trône. Un homme à l’allure imposante et majestueuse apparaît, et exprime toute sa gratitude au servant, car il a sauvé sa fille cadette qui, lui ayant désobéi, est allée jouer près de l’étang et a été capturée. Le servant comprend que cet homme est le père du serpent. Il est ensuite convié à un succulent banquet par son hôte qui dit être le Dragon, roi de ce palais. Le roi lui remet un coffret dans lequel se trouve un gâteau de riz en or. L’homme le brise en deux et en donne une moitié au servant en lui recommandant d’en casser un petit bout à chaque fois qu’il en aura besoin. Et ainsi il ne manquera jamais plus de rien. La fillette le raccompagne près de l’étang et disparaît. Il retourne chez lui, et, pensant qu’il a été absent un court moment, il apprend avec surprise que bien des jours ont passé. Par la suite, secrètement, il brise la moitié du gâteau en petits morceaux qu’il échange contre les choses dont il a besoin Et c’est parce qu’il vénère Kannon qu’il a pu voir le palais du roi dragon et devenir prospère. |
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TC0162 | TE017766 | Minamoto no Takakuni | Konjaku monogatari shū [tr. Lavigne-Kurihara, 2002] : XVII, 42 | COMMENT BISHAMONTEN VAINC UN DÉMON À TÊTE DE VACHE POUR SAUVER UN MOINE QUI S’ARRÊTE DANS UN VIEUX TEMPLE DE LA PROVINCE DE TAJIMA.– Deux moines entrent dans un temple, ignorant qu’il est occupé par un démon depuis plus d’un siècle. L’un est jeune et croit fermement au Sûtra du Lotus, et l’autre est un vieil ascète. Pendant la nuit, une chose accompagnée d’une odeur pestilentielle, pareille au souffle de naseaux d’une vache, entre en perçant un trou dans le mur. Cette chose se jette sur le jeune moine qui récite avec ferveur le Sûtra du Lotus, puis le lâche et soulève avec ses griffes le vieil ascète et le dévore. Le jeune moine, épouvanté, se réfugie sur l’autel et embrasse le tronc d’un Bouddha, tout en implorant et récitant en son cœur le sûtra. Le démon s’approche de lui et s’effondre au pied de l’autel. Le moine, apeuré, pense que le démon l’épie dans le silence. Lorsque le jour se lève enfin, il s’aperçoit qu’il serre avec adoration le Bouddha Bishamonten. Au pied de l’autel gît un démon à tête de vache coupé en trois morceaux. Voyant sa pointe de lance couverte de sang, le moine comprend qu’il a été sauvé par Bishamonten. Ainsi le Sûtra du Lotus protège les fidèles de toute maladie ou de tout malheur. |
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TC0163 | TE018117 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 53. | LE PETIT RÉFÉRENDAIRE KINTSUNÉ CONSTRUIT UN TEMPLE DANS LE KAWACHI.– Le petit référendaire Kintsuné, habile calligraphe, lors d’une séance de nomination des gouverneurs, fait le vœu, s’il obtient une province avantageuse, d’y édifier un temple. Mais il obtient le Kawachi, une province de peu d’intérêt, et décide de se contenter de restaurer quelque vieux temple. Or, alors qu’il parcourt la province, il aperçoit, dans un vieux temple, au pied du socle d’une statue de Bouddha, un écrit qui porte le nom du « moine Kintsuné ». Intrigué, Kintsuné voit son vœu de restaurer ce temple consigné sur ce document. Il comprend que sa nomination ne pouvait être autre, et malgré ses espoirs déçus, il met en œuvre toute sa foi pour restaurer l’édifice. C’est qu’il a, dans une vie antérieure, porté le même nom. | |
TC0163 | TE018077 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 15. | JAKUSHIN, LE SECRÉTAIRE DU DÉPARTEMENT DES AFFAIRES DE LA COUR ENTRÉ DANS LA VOIE.– 1) Le secrétaire des affaires de la cour, Jakushin, désire entrer dans la Voie du Bouddha et se montre très compatissant. Il remet sa propre ceinture à une femme qui pleure pour avoir égaré une ceinture garnie de pierres précieuses destinée à son maître. Puis Jakushin emprunte une ceinture à quelqu’un pour remplir son office de secrétaire lors de la séance à la cour. 2) Un jour, il se rend au palais, monté sur un cheval. Il s’arrête pour vénérer chaque pagode, chapelle ou stèle. Il laisse son cheval paître à sa guise, si bien que le soir arrive. Le valet de Jakushin est excédé et fouette brutalement l’animal. Jakushin pousse des cris et se lamente : un lien l’unit certainement à ce cheval qui a pu être son père ou sa mère dans une existence antérieure. On comprend alors pourquoi on peut lire dans les notes du secrétaire : « Mon corps hante la ville, mais mon cœur s’est retiré du monde ». 3) Quand Jakushin prend de l’âge, il se rase la tête et va étudier les écritures sur le mont Yokawa. Là, il rencontre le révérend Zôga qui accepte de le former. A la lecture des premiers mots du Maka shikan (« La grande somme de quiétude et de contemplations »), le secrétaire éclate en sanglots. Le maître Zôga pensant que son élève ne peut avoir déjà pénétré le sens profond du texte est furieux et lui décoche un coup de poing. Jakushin se retire, mais demande de nouveau au maître de lui expliquer les écritures. Mais il éclate de nouveau en sanglots, et se fait encore malmener par Zôga. Quelques jours plus tard, il renouvelle sa demande auprès du maître, et se met encore à pleurer, et plus fort que jamais, lors de la lecture des écritures. Alors le révérend a lui aussi les larmes aux yeux devant la vénération de son élève. Il lui dispense ensuite sereinement son enseignement. Jakushin parvient à un haut degré de vertu, Quand il accomplit sa Renaissance, c’est le seigneur de la chapelle entré en religion qui assure la cérémonie de lecture de l’oraison chantée et qui donne cent mille pièces de chanvre blanchi au soleil. |
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TC0163 | TE018076 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 14. | UN MAÎTRE EN DISCIPLINE YÔKAN AU MONASTÈRE ZENRIN-JI.– 1) Le maître en discipline Yôkan demeure toujours au service de l’empereur, malgré sa profonde piété envers l’invocation au Bouddha. Retiré sur des collines au Zenrin-ji, il vit en prêtant aux gens. Chacun le respecte et ne commet de malhonnêteté à son endroit. Si un indigent ne rembourse pas son prêt, Yôkan se dédommage en lui faisant réciter les invocations, en plus ou moins grand nombre selon le montant de l’emprunt. Puis l’empereur nomme Yôkan intendant du Tôdai-ji. Contre toute attente, celui-ci accepte. Ses disciples se disputent âprement les terres du Todai-ji exemptées d’impôt. Mais l’intendant, lui, les consacre [les revenus] de toutes les terres pour la réfection du monastère. Il se déplace sur une étrange monture pour se rendre au monastère. Dès la fin des travaux de restauration, il donne sa démission. Il n’a détourné aucun bien du monastère pour son propre usage et les gens comprennent que l’empereur a estimé que Yôkan était le seul à pouvoir prendre soin du monastère délabré. 2) Le maître Yôkan fait distribuer aux malades du Yakuô-ji les fruits d’un prunier du monastère. Cet arbre surnommé « le prunier champ de compassion » demeure encore aujourd’hui, témoin du passé. 3) Un jour au monastère, un visiteur voit le maître étaler un grand nombre de bâtonnets à calculer. L’homme pense que Yôkan calcule les intérêts de ses prêts mais ce dernier lui répond qu’il a oublié le nombre d’invocations au Bouddha qu’il a prononcées ces années passées. 4) Le maître en discipline se rend à la cérémonie d’intronisation de sa fonction d’intendant vêtu d’habits peu ragoûtants, monté sur un cheval étique et d’aspect misérable. Les enfants lui demandent si la cérémonie va bien avoir lieu, et le maître répond qu’en fait les enfants se demandent si c’est bien lui l’intendant du Tôdai-ji ! 5) Ensuite Yôkan désire devenir chapelain du monastère Hosshô-ji, édifié par un empereur retiré, car « qui accepte l’aumône peut bien accepter la royauté » ainsi que le dit ce verset relevé dans les Ecritures. Là aussi, il se rend à son palais dans une tenue non conforme aux usages. Par la suite, il ne se rend jamais au monastère pour s’acquitter des ses fonctions. Les moines se plaignent auprès de l’empereur qui rétorque que l’indiscipline de Yôkan est d’un autre prix que la discipline de tout un chacun et n’émet aucun blâme. 6) A la fin de sa vie, le maître fait venir auprès de lui un ascète comme ami de bien. Il lui demande de réciter le texte des douze catégories d’écriture du Grand Véhicule. Yôkan est très mécontent car l’ascète ne fait qu’énumérer les titres des douze catégories. Dans ses derniers moments de lucidité, il fait réciter l’invocation au Bouddha et écoute en purifiant son cœur. Il prononce ensuite à plusieurs reprises un verset et accomplit sa Renaissance. |
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TC0163 | TE018114 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 50. | UNE MÈRE QUI JALOUSE SA FILLE VOIT SES DOIGTS SE TRANSFORMER EN SERPENTS.– Une femme qui a déjà eu une fille d’un premier mari vit avec un homme dans la force de l’âge. Mais la femme, d’un âge plus avancé, décide de se retirer dans une petite chambre pour invoquer paisiblement le Bouddha. Elle demande à l’homme de ne pas se lier à quelqu’un du dehors, mais de vivre avec la fille de son premier lit. L’homme est stupéfait, mais devant l’insistance de sa femme, il l’installe au fond de la maison, et vit avec la fille. De temps à autre, il va voir sa femme pour subvenir à ses besoins. Il vit ainsi avec sa nouvelle femme pendant des années. Un jour, alors que le mari est sorti pour ses affaires, l’épouse vient trouver sa mère, et converse tranquillement avec elle. Mais la mère semble très préoccupée. Elle avoue à sa fille qu’elle souffre de sa situation. En effet, elle se retrouve seule, elle épie son mari et sa fille pendant le jour, et supporte difficilement de voir son mari se comporter comme un étranger. Elle a conscience que c’est elle qui a engendré cette situation. Et c’est sans doute suite à sa mauvaise conduite que les pouces de ses deux mains se sont transformés en serpents. A cette vue, sa fille tressaille, et sans un mot coupe ses cheveux et se fait nonne. Quand l’homme revient et voit cela, il se fait moine à son tour. Sa première femme abandonne son état et se fait nonne également. Ainsi vivent-t-ils tous les trois, s’adonnant à de pieux exercices. La mère, grâce à ces supplications, voit peu à peu les serpents disparaître et ses mains redevenir comme avant. Plus tard elle vit en mendiant dans la capitale. Quand les femmes éprouvent de la jalousie envers les autres, elles subissent fréquemment la rétribution de ce grave péché. Mais un traité dit que, commettrait-on de graves péchés, la moindre pensée de la repentance suffit pour qu’ils ne deviennent pas des actes à la rétribution inéluctable. |
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TC0163 | TE018129 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 63. | SHÖKÜ DONNE SA VIE EN ÉCHANGE DE CELLE DE SON MAÎTRE.– Alors que dans le monastère MIi-déra le chapelain impérial Chikyô très âgé et malade agonise, le fameux devin Séiméi dit qu’il n’y a plus aucun recours à cette fin inéluctable, sauf si un disciple très attaché au chapelain accepte de prendre sa place. Chikyô dévisage alors tous ses disciples mais aucun ne semble vouloir échanger sa vie contre la sienne. Or le jeune maître instructeur Shôkû s’approche du chapelain et dit qu’il souhaite donner sa vie et offrir son corps aux bouddhas des trois mondes [passé, présent et futur]. Avant cela, il demande la permission d’aller visiter sa mère pour lui exposer les raisons de sa décision. A ces mots, tous sont très émus. Shôkû explique à sa mère que par sa conduite il est assuré de bénéficier de la pitié des bouddhas des trois mondes. Et son acte méritoire permettra aussi sans aucun doute l’éveil de sa mère dans l’autre monde. Ainsi par l’abandon de ce misérable corps, c’est à deux êtres qu’il rendra ses bienfaits. La mère de Shôkû se désole d’être abandonnée par son fils, mais accepte sa décision, sachant qu’en vérité ni jeunes ni vieux ne sont assurés de leur sort ni de leur fin. Elle lui enjoint de renaître dans la terre pure et de lui obtenir son salut. Il envoie une lettre au devin Séiméi pour effectuer les prières en vue de l’échange des vies. Pendant la nuit, Shôkû pris de douleurs insupportables se rend à son ermitage, met ses affaires en ordre et se tourne vers une peinture représentant le vénéré Fudô [l’un des rois de la science]. Très éploré, il adresse à la divinité une dernière prière pour invoquer sa compassion et ne pas tomber dans une voie mauvaise. Alors des larmes de sang coulent des yeux du Bouddha de l’image. Une auguste voix dit alors que puisque Shôkû prend la place de son maître, Bouddha va prendre celle de Shôkû. Cette voix transperce le moine jusqu’aux os, et lui pénètre le foie. Il se sent subitement revigoré. Dès lors le chapelain, libéré de sa maladie, met toute sa confiance en Shôkû devenu un disciple remarquable. On dit que les traces de larmes sont toujours visibles sur l’image de Fudô installée plus tard dans le palais impérial. |
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TC0163 | TE018115 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 51. | UNE FEMME QUI EST MORTE REVIENT BIEN RÉELLEMENT DANS LA MAISON DE SON MARI.– Un homme soigne sa femme qui est tombée gravement malade après la naissance de son enfant. Alors que son épouse est mourante, l’homme, la voyant en nage, détache un morceau d’une lettre pour nouer sa chevelure et la soulager. La femme meurt, son mari accomplit scrupuleusement le service posthume après sa crémation, mais reste désespéré par l’absence de son épouse. Or une nuit, la femme apparaît et dit que devant le désir ardent et le profond amour de son mari, elle a outrepassé les limites du possible pour revenir bien réellement. Ils s’unissent alors, comme ile le faisaient du vivant de la femme. Au matin, avant de partir, la femme semble avoir égaré quelque chose et fouille minutieusement la chambre. Quand il fait grand jour, et après le départ de sa femme, le mari découvre par terre un cordon à cheveux. Il reconnaît la bandelette de papier qu’il a utilisé pour nouer la chevelure de la femme. Ce cordon aurait dû brûler avec son corps. Il constate qu’il s’agit bien du morceau qu’il a détaché de la lettre. Ainsi la sœur d’Ono no Takamura est revenue réellement, elle aussi, voir son frère chaque nuit, mais on n’entendait que sa voix. Un amour profond produit des miracles. Si nous aspirons passionnément à rencontrer un jour la loi du Bouddha, pourquoi en irait-il autrement que pour le lien qui unit les couples chez certains insectes ? |
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TC0163 | TE018111 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 47. | UN MOINE QUI FAIT PÈLERINAGE AU SANCTUAIRE DE HIYOSHI SE CHARGE D’UN MORT.– Un moine qui revient de pèlerinage au sanctuaire de Hiyoshi, traverse Ôtsu et voit une jeune femme en sanglots devant une maison. Pris de pitié le moine interroge la femme. Celle-ci, comprenant que le moine est en pèlerinage, refuse de lui répondre. Le moine sent qu’il devrait se tenir à distance, mais il insiste et la femme raconte que sa mère est morte le matin même, et qu’elle ne sait comment l’ensevelir. En effet, ce sont des moines qui prennent ordinairement en charge les obsèques, mais comme la pureté rituelle est exigée par le Shintô, et que ce moine accomplit un pèlerinage dans un sanctuaire Shintô, il doit se mettre à l’abri de toute souillure, et donc s’éloigner de la mort. Le moine très ému par la détresse de la femme, verse lui aussi des larmes et prie alors les dieux et les Bouddhas de lui pardonner. Il dit à la femme de ne plus se désoler et propose d’ensevelir la morte. Pendant la nuit il transporte le corps et procède aux rites funèbres. Puis, ne trouvant pas le sommeil, il décide de repartir le lendemain matin au sanctuaire de Hiyoshi pour trouver une réponse pour ne pas perdre le bénéfice de ses quelque quatre-vingts jours de pèlerinage. Quand il arrive au sanctuaire, une foule est assemblée et écoute les paroles de la prêtresse de Jûzenji [divinité vénérée, avatar du Bodhisattva Jizô]. Le moine, se sentant coupable de sa transgression, se tient à l’écart. Il s’apprête à s’en retourner quand la prêtresse l’interpelle. Tremblant, il s’approche et la prêtresse lui dit qu’elle a vu ce qu’il a fait la nuit dernière. (En réalité c’est le Bouddha qui parle par la bouche de la prêtresse). Le moine est pétrifié de peur, mais elle lui dit que sa conduite a été admirable. Puis elle lui murmure à l’oreille : « Ma nature foncière n’est pas celle d’un dieu. C’est en raison de ma profonde compassion que j’ai fait descendre ma Trace en ce monde. Comme je l’ai fait pour éveiller les hommes à la foi, les interdits ne sont que des expédients, dépourvus de réalité. Ceux qui possèdent l’intelligence des choses le savent d’instinct. ». Elle demande au moine de ne pas divulguer ses paroles, car des hommes bornés et de peu de foi, ignorant qu’elle a été touchée par l’exceptionnelle compassion du moine pourraient se réclamer de ce précédent. Le moine, empli de gratitude et d'émotion s’en retourne. Par la suite, nombreuses sont les occasions où il bénéficie des grâces du Bouddha. |
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TC0163 | TE018105 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 41. | ÉIJITSU PREND EN PITIÉ UN MALADE QUI GIT AU BORD DU CHEMIN.– Le maître instructeur Éijitsu est appelé auprès de l’empereur qui souffre d’une grave maladie. Après s’être récusé plusieurs fois, il finit par se mettre en route. Sur son chemin il rencontre un malade incapable de se servir de ses membres, couché au pied d’un mur. Éijitsu, très ému, et pris de pitié, prend soin de lui en faisant aménager un abri provisoire et en lui donnant de la nourriture. Le messager de l’empereur qui l’accompagne lui dit que ce retard pris par cette halte est très fâcheux. Mais Éijitsu répond qu’il n’ira pas au palais. Il explique que depuis qu’il suit la voie du Bouddha, il ne fait aucune différence entre l’empereur et ce pauvre diable qu’ils ont rencontré. Il ne manque pas de moines dotés de pouvoirs pour prier pour sa majesté, alors que personne ne voudra s’arrêter pour donner des soins à ce malade à l’aspect répugnant. Et s’il abandonne cet homme, il va mourir sous peu. Ce maître instructeur accomplit finalement plus tard sa Renaissance. |
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TC0163 | TE018071 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 9. | LE MOINE BUSSHU, AU VAL DE SHIMIZU, PRÈS DE LA COLLINE DE KAGURA.– Un voleur pénètre dans le pavillon des purifications où réside le moine Busshu parti ramasser du bois. Il dérobe de menus objets et s’enfuit. Mais il constate qu’il se retrouve sur les lieux de son méfait, malgré toutes ses tentatives pour s’en éloigner. Quand le moine revient, le voleur lui promet de lui rendre tous ses objets volés, si le moine le laisse enfin rentrer chez lui. Busshu, très compatissant, laisse le voleur tout emporter. Des années plus tard, le moine, se faisant construire un ermitage, voit le charpentier se régaler en dégustant un poisson. Il demande alors à une pieuse laïque qui lui apporte des offrandes régulièrement, de lui servir du poisson. Celle-ci, indignée par cette incroyable requête, lui sert malgré tout du poisson préparé avec soin. Le moine mange, met les restes dans un pot pour plus tard. La femme, jugeant cette conduite regrettable, propose pourtant au moine de lui cuisiner encore du poisson. Mais il refuse, disant son envie passée. Ce même Busshu, malade, seul dans son logis délabré, par une nuit éclairée par une lune très brillante, récite à haute voix l’invocation au Bouddha. Tous l’entendent s’écrier qu’il est enfin heureux. Au petit jour, on le trouve assis sur ses talons, paumes jointes, comme plongé dans le sommeil. |
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TC0163 | TE018106 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 42. | L’ÉPOUSE D’UN MOINE DU HIGO DEVIENT UN DÉMON.– Au pays du Higo, un moine avancé en âge se marie. Etant attaché à la contemplation du Principe, il se construit une loge séparée dans laquelle il médite des années durant. Sa femme est très prévenante à l’égard de son mari, et éprouve de profonds sentiments pour lui. Quand ce dernier tombe malade, il appelle un moine auprès de lui et lui demande de ne surtout pas avertir sa femme lorsque sa fin sera proche. Le moine accepte et prend soin du moine du Higo jusqu’à son dernier souffle. Sa femme finit par apprendre la mort de son époux. Ses yeux étincellent, elle frappe violemment dans ses mains, et expire sous le coup de la douleur. Son entourage qui n’ose l’approcher, l’entend pourtant hurler deux heures plus tard. Elle crie qu’elle a tout fait, depuis le temps du Bouddha Karuson [antérieur au Bouddha historique], Renaissance après Renaissance, dans l’état de femme, puis d’homme, pour empêcher ce misérable d’obtenir l’Eveil. Elle a usé de mille stratagèmes pour entrer dans son intimité, mais voilà qu’il lui a échappé. Elle grince des dents, tape sur la clôture et disparaît devant les assistants effrayés. Il peut arriver à chacun de nous de cohabiter avec un démon mué en intime. Il faut être vigilant. L’homme est enclin à céder aux conditions présentes. Si quelqu’un vous encourage au bien, c’est certainement un Bouddha ou un Bodhisattva ayant pris forme humaine. Mais si quelqu’un vous amène à commettre des péchés, il faut le redouter, comme l’agent de maux qui se perpétuent Renaissance après Renaissance. Même le vénérable ascète Jôzô se lia à la fille du gouverneur de l’Ômi, et l’ermite Kumé qui se déplaçait dans les airs, succombant de désir devant les blancs mollets d’une humble lavandière, fut dépourvu de ses capacités surnaturelles avant de redevenir un homme ordinaire. Et étant des hommes ordinaires, il n’y a rien de mieux que de ne pas s’approcher des femmes. |
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TC0163 | TE018098 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 34. | UN BÛCHERON PARVIENT SEUL À L’ÉVEIL.– Un bûcheron âgé et son fils se trouvent dans la montagne et se reposent sous un arbre après une longue et pénible marche. C’est la fin du dixième mois, la bise souffle et les feuilles tourbillonnent. Le vieil homme dit à son fils que ces feuilles sont pareilles à sa vie : à l’âge de dix ans, on peut se comparer aux jeunes feuilles printanières, puis dans la force de l’âge, on est comme les feuilles d’été, pleines de vigueur. Puis l’homme dit qu’il a maintenant passé soixante ans, que ses cheveux blanchissent, son visage se ride et son teint s’altère comme les feuilles se colorent à l’automne. Devant une telle fragilité de la condition humaine, devant la folie des hommes à vouloir courir et s’affairer du matin au soir, le vieil homme se sachant à la fin de sa vie, dit à son fils qu’il ne veut pas rentrer chez lui. Il désire se faire moine et rester là, à méditer sur le feuillage de cet arbre, en invoquant le Bouddha. Il demande à son fils qui est encore bien jeune de rentrer. Mais ce dernier refuse, et décide de rester, pour ramasser des fruits sauvages et puiser de l’eau, afin que son père vive à sa guise. Même s’il est dans la force de l’âge, le garçon dit qu’il ne diffère en rien de ces feuillages d’été qui finiront par rougir et tomber. Et puis beaucoup de gens meurent aussi en pleine jeunesse ! L’être humain est encore plus fragile que le feuillage des arbres. Au fond de la montagne, ils construisent deux petites huttes, et vivent en invoquant le Bouddha du matin au soir. On dit que le père a accompli sa Renaissance, et que le fils vit encore. |
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TC0163 | TE018107 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 43. | GENBIN ATTACHE SES PENSÉES À L’ÉPOUSE D’UN GRAND CONSEILLER.– Le contrôleur monacal Genbin, considéré par tous comme un Bouddha, est frappé d’un mal inexplicable. Un grand conseiller qui a toujours eu grande confiance en Genbin, se rend à son chevet. Ce dernier lui avoue qu’il a perdu la tête depuis qu’il a aperçu la femme du conseiller. Celui-ci reproche à Genbin de ne pas lui en avoir parlé plus tôt, et il l’invite à venir chez lui pour arranger l’affaire. Le conseiller expose à sa femme ses intentions, et celle-ci accepte, malgré ses profondes réticences. Le contrôleur monacal se présente alors chez le conseiller, vêtu d’un somptueux habit monacal. Le conseiller introduit Genbin dans un lieu clos de paravents. L’épouse se trouve là, parée magnifiquement. Genbin reste deux heures à la contempler, en faisant claquer ses doigts à plusieurs reprises. Il quitte ensuite la maison sans avoir approché la femme, ce qui inspire grand respect au maître de maison. Sans doute Genbin a refréné sa passion par la contemplation de l’impur. Le corps humain est une machine faite d’os et de chair qui ressemble à une bâtisse pourrie. L’aspect des six viscères et des cinq organes ne diffèrent en rien à celui des replis d’un serpent venimeux. Seule la mince peau qui enveloppe l’ensemble cache toutes ces impuretés. Il ne sert à rien de se poudrer ou de se parfumer. Le moindre aliment délicat se change en ordure après une nuit. Quand notre âme nous quitte, notre dépouille jetée au lieu des sépultures va se boursoufler, pourrir et devenir un blanc squelette. Et ceux qui possèdent la compréhension tiennent en haine ce corps périssable. Il est dit que l’homme qui se perd dans les fugitifs attraits d’un être et en a le cœur troublé ressemble à ces insectes qui, aux lieux d’aisance, se complaisent sur les excréments. |
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TC0163 | TE018160 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 91. | A) L’ORGUEIL DE L’ASCÈTE QUI S’IMMOLE PAR LE FEU OPPOSÉE À B) LA SAGESSE D’UN VOLEUR.– A) L’ascète de Nishio et l’ascète de Higashio, se ressemblant fortement, s’adonnent tous deux, dans une vive émulation, à des pratiques méritoires durant des années. Les fidèles s’en remettent à l’un ou l’autre pour nouer un lien. [Un lien de salut que l’homme cherche à établir avec le Bouddha par l’intermédiaire d’un saint homme]. Or un jour on entend dire que l’ascète de Nishio veut s’immoler par le feu. Tous les fidèles qui souhaitent nouer avec lui un lien se rassemblent pour lui rendre hommage. L’ascète de Higashio ne croit pas à cette folle nouvelle. Le jour dit, les disciples mettent le feu au bûcher et on entend une voix qui prononce deux cents fois l’invocation au Bouddha, et qui, avant de mourir, prononce ces mots « Maintenant, je l’ai pour de bon emporté sur l’ascète de Higashio ! ». Ceux qui entendent ces propos sont très déçus, regrettent d’avoir noué un lien avec lui et pensent que l’ascète est certainement devenu un démon-des-montagnes. B) Une nuit, un empereur de Chine qui se repose sur sa couche distingue à la lueur de sa lampe un voleur qui s’empare de ses biens. Saisi de crainte et feignant de dormir, l’empereur voit le voleur avaler une poignée de cendres déposées près de l’empereur et destinées à la préparation de ses remèdes. Puis l’empereur fort perplexe voit le voleur sortir tous les objets de son sac et les remettre en place. L’empereur interpelle le voleur avant qu’il ne reparte à pas de loup et le questionne sur son attitude si étrange. Le voleur répond qu’à la mort de son père qui était ministre, il était jeune et sans ressource. Répugnant à devenir domestique, il a décidé de devenir voleur. Etant gêné de dépouiller un homme du commun, il est venu au palais. Tenaillé par la faim, il a cru que les cendres placées ici étaient ce qu’il cherchait et il les a avalées. Une fois rassasié, il a compris qu’en cas de nécessité, on peut se nourrir même avec ce genre de chose. Et il a alors subitement regretté son projet insensé. Très ému par la sagesse et la pureté de cet homme, l’empereur le laisse repartir chez lui et lui promet de le convoquer et de lui rendre la place qu’occupait son père. Ainsi l’homme, comme il l’avait toujours souhaité, sert l’empereur et succède à son père. Le révérend de Nishio renonce à la vie pour l’amour de la gloire, mais ce pauvre voleur, lui, s’il vole des trésors, a un cœur pur et délicat. |
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TC0163 | TE018149 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 83. | LE RÉVÉREND DÔJAKU, LORS D’UN PÈLERINAGE À HASÉ, PRIE POUR OBTENIR L’ESPRIT DE LA VOIE.– Dans sa jeunesse, lors d’un pèlerinage à Hasé, le révérend Dôjaku voit en songe un moine qui lui dit : « L’esprit de la Voie n’a pas de forme déterminée. Ton esprit, tel qu’il est, voilà simplement ce qu’on appelle esprit de la Voie. » Aussitôt Dôjaku quitte le monde, rase sa chevelure et va pratiquer l’ascèse. Puis il se construit un ermitage et se livre à la méditation assise ainsi qu’à l’évocation au Bouddha, lisant chaque jour le sûtra d’Amida. Il accomplit ainsi sa Renaissance. |
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TC0163 | TE018163 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 94. | UNE NONNE DU CHÔRAKU-JI MANIFESTE LA PUISSANCE MERVEILLEUSE DE FUDÔ.– Pendant des années un moine vénère une haute statue d’un Fudô [un des rois de la science qui représente la volonté du Bouddha suprême de subjuguer les puissances hostiles à l’éveil]. Un jour, alors qu’il psalmodie avec recueillement, la statue disparaît, laissant le socle vide. Stupéfait, alors que le moine s’interroge sur cette disparition, la statue réapparaît. Par la suite, la statue s’éclipse à maintes reprises. Le moine procède à des ablutions, observe une très sévère abstinence, et multiplie les offices et les prières. Il voit alors en songe le vénéré Fudô qui lui dit qu’il se rend de temps à autre depuis plus de vingt ans auprès d’une personne qui le supplie de la secourir. En effet cette dernière craint d’être assaillie, lors de ses derniers instants, par des démons. Le moine demande le nom et le lieu de résidence de cette personne et le vénéré répond qu’il s’agit de la nonne Yuiren-bô qui loge au monastère Chôraku-ji. Le vénéré ajoute qu’il se rendra régulièrement auprès d’elle durant les trois années à venir, car la fin de sa vie approche. Le moine s’éveille de son rêve, et se rend au monastère où il trouve l’ermitage de la nonne vide. Il finit par la rencontrer dans un autre monastère dans lequel loge la confrérie de l’invocation au Bouddha. Il l’interroge sur ses pieux exercices en vue de l’autre monde et la nonne répond qu’elle pratique l’invocation au Bouddha et la récitation de la formule d’invocation à la compassion et au secours de Fudô depuis une vingtaine d’années. Le moine lui narre alors les raisons de sa venue. La nonne est très émue et se réjouit en entendant ce récit. Peu de temps après, la nonne tombe gravement malade, mais elle dit à ses proches que sa mort n’aura lieu que l’année suivante. Et c’est ainsi qu’à la date prévue, sans être malade, elle rend son dernier souffle. |
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TC0163 | TE018176 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 103. | LA GRANDE DIVINITÉ DE SHINRA DAIGNE SE RÉJOUIR QU’UN MOINE AIT ÉVEILLÉ SON CŒUR.– Après l’incendie qui a réduit en cendres le monastère de Mii-déra, un moine éploré membre de la communauté se rend au sanctuaire de la grande divinité de Shinra [divinité protectrice du Mii-déra]. Durant une nuit de veille il médite longuement et s’adresse à la divinité. Inconsolable, il lui demande des explications : pourquoi n’a-t-elle pas protégé le monastère ? Est-elle partie ? Est-ce que la loi du Bouddha a disparu de ces lieux qu’elle a détruit et dont elle était la gardienne ? Alors qu’il s’est assoupi, la divinité lui apparaît en songe, le visage empreint d’une joie indicible. Celle-ci explique au moine ébahi qu’il ne doit pas se lamenter. La loi du Bouddha n’est pas vouée à disparaître et si elle se réjouit c’est qu’un moine de la communauté a fait naître en lui la pensée de l’éveil en voyant ce que le monastère est devenu. Il accomplira assurément sa Renaissance. Le moine rétorque qu’il ne comprend pas que la divinité éprouve de la compassion pour un seul être alors que tant de moines se sont rendus coupables de crimes. La divinité répond qu’elle est certes attristée par les péchés, mais encore plus réjouie de voir un homme suscitant profondément en lui l’esprit de la Voie, ce qui ne se produit que très rarement. Après cette vision le moine est tiré de son rêve. Voilà comment les dieux viennent guider les humains. |
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TC0163 | TE018167 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 98. | UN HOMME QUI A EU DES RAPPORTS AVEC SA FEMME SUR LE MONT KIBÛ, DEVIENT AVEUGLE DES ANNÉES PLUS TARD.– Au terme d’un pèlerinage au mont Kibû, un homme et son épouse se reposent dans le pavillon de prière. Ils s’assoupissent et quand l’homme s’éveille, encore embrumé par le sommeil et oubliant qu’il est en pèlerinage et non chez lui, a des rapports avec sa femme. Peu à peu le mari sort de son sommeil et estime sa conduite inqualifiable. Ne sachant que faire, lui et sa femme se retirent de la présence de l’auguste Kongôzô-ô [divinité ésotérique vénérée sur le Kibû souvent représentée sous forme d’une grande figure noire à l’expression irritée], vont à la rivière pour de minutieuses ablutions, se lamentent et vont demander pardon avant de repartir. Ils gardent cette affaire secrète et pendant des mois et des années, ils attendent la venue d’un châtiment. Mais rien ne se produit. Après quarante ans, un de leurs proches prépare son départ pour l’auguste pic pour se livrer à d’excessives austérités. Le mari qui est devenu un vieil homme lui dit que ce n’est certainement pas nécessaire, et il raconte l’acte qu’il a commis en présence de Kongôzô-ô. Il ajoute qu’il ne lui est rien arrivé depuis tout ce temps et que la question est simplement de dire les choses ou de les taire. Le proche du mari est effaré par la conduite déplorable de ce dernier. Le mari part se coucher après ces beaux discours et perd durant la nuit l’usage de ses yeux. La divinité, devant la stupidité de l’homme ordinaire et le sérieux de sa contrition lui avait pardonné ; mais la faute commise à été aggravée par la légèreté de l’époux devant la sollicitude des Bouddhas et la tentative de troubler la foi d’autrui. |
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TC0163 | TE018173 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 24. | UN VIEILLARD DU PAYS DE SRĀVASTĪ N’ACTUALISE PAS LES MÉRITES ACQUIS EN UNE VIE ANTÉRIEURE .– Alors que Shaka [[e Bouddha historique], accompagné de son disciple Ānanda , se trouve au pays de Srāvastī, il croise un vieillard et sa femme. Tous deux ont des cheveux blancs, sont ridés, décrépis, très amaigris et peinent à trouver leur souffle. Le Bouddha dit alors à son disciple que ce vieillard a accumulé de grands mérites dans une vie antérieure et qu’il aurait pu devenir un notable et même un saint s’il avait pratiqué. Mais, faute d’avoir aspiré au salut, ce vieil homme est réduit à présent à un état misérable. Il aura vécu pour rien dans cette condition humaine si difficile à obtenir. Shaka ajoute que rien ne le distingue de ce vieux mendiant, lui qui vit dans l’indolence, sans pratiquer l’ascèse alors même qu’il a rencontré le Sûtra du lotus, et a été instruit du vœu compatissant du Bouddha Amida. |
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TC0163 | TE018159 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 90. | UN ASCÈTE QUI A ÉDIFIÉ UNE CHAPELLE PAR SOUCI DE SA GLOIRE DEVIENT DÉMON –DES-MONTAGNES.– Un ascète renommé pour ses vertus édifie une chapelle et sculpte des Bouddhas. Il accomplit toutes sortes d’actes méritoires durant sa vie, et meurt de façon édifiante. Ainsi tous pensent que l’ascète a accompli sa Renaissance. Mais un jour quelqu’un, habité par l’esprit de l’ascète, dit qu’il est devenu démon - des - montagnes. Questionné par les disciples, l’esprit avoue que durant sa vie il a affiché des mérites qu’il ne possédait pas, et qu’il a sculpté des Bouddhas uniquement pour en tirer de la gloire. Ainsi ses souffrances redoublent à chaque fois que les fidèles rendent hommage à son monastère. |
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TC0163 | TE018141 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 75. | DEUX CHAMBRIÈRES DE JÔTÔMON – IN VIVENT AU FOND DES MONTAGNES.– Un ascète en quête d’un lieu où s’établir découvre au fond d’une sombre vallée deux femmes qui habitent deux misérables huttes de branchages. Le moine les questionne, mais celles-ci restent muettes. Elles finissent par répondre au moine touché par la décision de ces femmes de se retirer ainsi du monde. Lorsqu’elles avaient vingt ans, elles étaient au service de l’impératrice retirée Jôtômon-in. Mais elles décidèrent de disparaître pour échapper, dans ces lieux voués au raffinement, aux souffrances du corps et aux multiples péchés. Après avoir erré quelque temps dans des endroits habités, elles ont fini par s’installer dans ce lieu où elles vivent depuis quarante ans. Tous les quinze jours une des deux femmes se rend au bourg pour subvenir à leurs besoins. Après avoir pris des nouvelles l’une de l’autre, en ouvrant leur fenêtre, elles consacrent leurs journées à invoquer le Bouddha. L’ascète est très ému par la franchise et l’élégance de ce récit, et il se met à pleurer. Ils se promettent de se retrouver dans l’unique terre pure de Bouddha. L’ascète s’en retourne, et revient plus tard avec des robes et des vivres, mais les deux ermitages ne sont plus habités. Les femmes ont disparu vers une destination inconnue. Ainsi loger un corps souillé et éphémère au fond des forêts, confier sa vie au Bouddha afin d’obtenir un état de pureté sans régression, est en vérité une conduite dictée par une volonté personnelle. |
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TC0163 | TE018155 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 86. | MINAMOTO NO CHIKAMOTO ENCOURAGE LARGEMENT LA PRATIQUE DE L’INVOCATION AU BOUDDHA ET ACCOMPLIT SA RENAISSANCE.– Le gouverneur Minamoto no Chikamoto, pris de remords pour les péchés qu’il a commis passe ses journées à prier avec ferveur pour renaître au paradis. A sa nomination il ne donne pas la primauté au culte des dieux, mais à celui des Bouddhas. Durant son mandat il édifie une grande chapelle dans laquelle il installe une immense statue du Bouddha Amida. Il encourage les habitants à pratiquer l’invocation. Il les récompense selon le nombre des invocations : cent mille invocations correspondent à un setier de riz, il relaxe des inculpés de délits s’ils pratiquent l’invocation. Ainsi toutes les provinces voisines envient ce pays prospère et ce peuple soumis. A la fin de son mandat, lorsque Minamoto se met en route vers la capitale, tous se sentent orphelins. Finalement le gouverneur n’entre pas dans la capitale, mais quitte le monde et s’installe dans le monastère du Mii-déra. Lorsque sa dernière heure arrive, il entend une musique suave et voit apparaître toutes sortes de signes fastes. Il est écrit qu’il accomplit sa Renaissance. |
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TC0163 | TE018169 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 100. | UN HOMME QUI A APPARTENU À LA GARDE DES GENDARMES RENONCE AU MONDE ET ACCOMPLIT SA RENAISSANCE.– Un homme de la garde des gendarmes se rend très souvent dans le sanctuaire de Kamo. Il y prie pour son avancement, dépité de voir son frère cadet réussir une belle carrière au bureau de la police alors que lui-même demeure dans la médiocrité. Une nuit, alors qu’il est confiné dans le sanctuaire, il rêve que les portes s’ouvrent et que l’Amida l’Ainsi-Venu [le Bouddha sauveur qui occupe une place centrale dans l’enseignement de la "Terre Pure"] apparaît dans une lumière irradiant les dix directions. Il se réveille après avoir adoré le Bouddha avec révérence et gratitude. Il regrette d’avoir pensé que le Bouddha ne l’écoutait pas et il éveille alors son cœur, coupe sa chevelure et récite nuit et jour l’invocation au Bouddha. Il meurt après deux ou trois jours de maladie, l’esprit droit à sa dernière heure. |
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TC0163 | TE018168 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 99. | SHÔBON ET ÉICHÔ QUITTENT LA MONTAGNE POUR ALLER VIVRE DANS LA CAPITALE DU SUD.– L’abbé Shôbon et le contrôleur monacal Eichô passent de longues années à étudier dans le monastère du mont Hiei. Puis ils partent pour Nara. Shôbon pense qu’il a plus de chance de devenir célèbre au temple de Todai-ji qui est peu fréquenté, et il conseille, de façon quelque peu hypocrite, à son ami de se séparer de lui et de se rendre au temple Kôfuku-ji qui fourmille de monde. Tous deux sont des clercs distingués mais Eichô qui a un cœur droit progresse rapidement et devient contrôleur monacal alors que Shôbon n’affiche aucun succès. Malgré sa grande érudition, Shôbon se comporte comme un fourbe. Il possède un coffret rempli de fragments de textes essentiels des Ecritures qu’il découpe dans des manuscrits empruntés. Son érudition ne lui rapporte rien et il finit par perdre la vue et à sa mort il manifeste des signes patents de ses nombreux péchés. Eichô, lui, reclus dans le sanctuaire de Kasuga, voit à maintes reprises en songe la divinité. Mais celle-ci se montre toujours de dos. Eichô la questionne et la divinité répond qu’elle ne peut se tourner vers lui car il ne prie pas pour sa propre vie future. En effet, les Bouddhas ne jugent sans doute pas conformes à leur dessein les prières que l’on fait uniquement pour la vie présente. |
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TC0163 | TE018156 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 87. | LE RÉVÉREND SHINKAI N’ARRÊTE SES PAS EN NUL ENDROIT.– Quand l’ascète itinérant Shinkai séjourne en Chine ses pratiques se révèlent très inhabituelles. On raconte qu’ayant pénétré dans les montagnes avec deux compagnons, lors de sa méditation assise, sans abri, il s’expose à la pluie et la rosée durant de longues périodes allant jusqu’à cinquante jours. De retour dans son pays, il erre par monts et forêts sans jamais s’arrêter. Rien-bô, l’une des nombreuses sœurs de Shinkai, s’inquiète du sort de son frère qu’elle n’a plus vu depuis plusieurs années quand elle voit surgir un individu répugnant, amaigri et vêtu de haillons. Elle reconnaît alors Shinkai, et prise d’une grande pitié, elle demande à Shinkai de s’établir et de pratiquer l’invocation au Bouddha. Rien-bô bâtit alors un ermitage pour son frère et lui adjoint les services d’un jeune moine. Après plusieurs mois de cette vie paisible, Shinkai reçoit un ascète avec lequel il s’entretient toute une nuit. Le jeune moine entend la conversation. Shankai dit qu’il souhaite reprendre ses pérégrinations sans but, en se gardant de toute souillure du cœur. Le jeune moine pense que ce départ ne se fera pas de sitôt, mais Shankai disparaît quelques jours plus tard. Le jeune moine, très attristé, le recherche et finit par le retrouver et demande à Shankai de rester auprès de lui. Mais ce dernier rétorque qu’il ne peut donner satisfaction à sa requête, désirant rester distant, et le jeune moine s’en retourne. Et désormais on perd toute trace de ce saint homme. |
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TC0163 | TE018143 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 77. | LE RÉVÉREND KÛYA SE DÉPOUILLE DE SON VÊTEMENT ET L’OFFRE À LA GRANDE DIVINITÉ BRILLANTE DE MATSUNOO.– En visite dans la capitale, le révérend et ascète Kûya croise un homme semblant transi de froid. Questionné par le révérend, l’homme répond qu’il est la grande divinité brillante du sanctuaire de Matsunoo et qu’il est heureux d’enfin rencontrer le révérend Kûya pour lui exposer ses doléances. Il dit qu’il souffre d’un froid insupportable à cause de la bise des pensées dévoyées, des notions erronées, et du givre des passions et actes porteurs de mal. Puis il demande au révérend de lui offrir une lecture du sûtra du lotus. Kûya ému et confus répond qu’il fera cette offrande dans le sanctuaire de la divinité. Puis il dit qu’il veut lui offrir sa chemise qu’il porte sous son vêtement depuis quarante ans et qui est imprégnée de la lecture du sûtra du lotus. Le dieu enfile la chemise et, tout joyeux, dit qu’il se sent alors parfaitement réchauffé et qu’il protègera dorénavant le révérend Kûya jusqu’à l’heure où il réalisera la Voie du Bouddha. Le zèle de cet ascète a permis à tous de pratiquer l’invocation au Bouddha, qui n’était pas alors répandu encore au Japon. Au cours de ses pérégrinations, Kûya proclame Amida [le Bouddha sauveur] et les gens l’appellent « l’ascète d’Amida » ou « l’ascète de la ville ». Là où il manque un pont il en construit un, là où il manque un puits il en creuse un. On peut dire qu’il est le fondateur de l’invocation. Ainsi il accomplit sa Renaissance en ayant fait de la lecture du sûtra du lotus et de l’invocation au Bouddha des actes conduisant au paradis. |
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TC0163 | TE018157 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 88. | LE FILS DU CONTRÔLEUR SURNUMÉRAIRE DE L’IMPÔT NARIKIYO VA VIVRE SUR LE KOYÂ.–Le fils du collecteur d’impôt Narikiyo qui s’adonne la chasse et la pêche, conçoit l’esprit de la Loi lors d’un pèlerinage et désire ardemment réduire son corps à néant pour pratiquer la Voie du Bouddha. Ses parents s’opposent farouchement à ce désir et le garçon garde secrète son intention. Plus tard il se rend à la capitale et rend visite à un révérend à qui il confie son intention de raser sa chevelure. Le révérend le questionne sur ses motivations, et le jeune homme répond qu’il est fortuné, qu’il a une femme et des enfants auxquels il est attaché, mais devant la précarité de ce monde, tout lui paraît dépourvu de sens. Il lui semble plus sage de se lancer à corps perdu dans la Voie du Bouddha. Le révérend, très ému par ces paroles s’apprête à raser le crâne du jeune homme, lui ôte sa coiffe et voit sa chevelure tomber en désordre sur ses épaules. Le garçon explique que par crainte de revenir sur sa décision, il a coupé, avant de venir, le toupet de ses cheveux. Le révérend n’a plus alors aucun doute sur le sérieux des intentions du jeune homme. Ce dernier reçoit la tonsure et se mêle aux disciples du révérend, et pendant trois ans travaille le jour, et la nuit prononce sans relâche l’invocation au Bouddha. Le révérend, émerveillé devant la conduite exemplaire de ce disciple qui ne se soucie aucunement de son corps ni de sa vie, lui suggère malgré tout de mettre son corps au repos en s’établissant au monastère du Kôya, pour prononcer sans relâche l’invocation au Bouddha. Le jeune homme répond qu’il pense encore parfois à sa femme et ses enfants, et que s’il s’établit dans les profondeurs de la montagne, il n’aura plus ces pensées et se sentira beaucoup mieux. Et c’est ainsi qu’il monte sur le Kôya et mène une vie exemplaire dans le groupe des vingt-quatre du monastère de la Renaissance. Tous ses proches, bouleversés par sa disparition, le recherchent, vivant ou mort. Ses parents finissent par apprendre qu’il vit sur le Kôya. Ils lui écrivent une lettre dans laquelle ils expriment leur respect pour son entrée en religion mais aussi leur mécontentement devant son silence et le choix de son monastère. Devant la position inflexible de leur fils, les parents l’invitent à une entrevue au pied du Kôya et sont bouleversés de le voir ainsi, amaigri et vêtu de haillons. Malgré le grand désarroi de ses parents, l’homme dit que c’est à contrecœur qu’il a quitté son monastère pour les rencontrer. Il ajoute que cette rencontre sera la dernière. S’ils souhaitent le revoir, ils doivent éveiller leur cœur et aspirer à la Voie du Bouddha. Sa femme venue elle aussi, l’observe discrètement par l’interstice d’une cloison et éclate en sanglots. Tous repartent, encore plus éplorés qu’auparavant. Plus tard ils envoient à leur fils toutes sortes de choses. Celui-ci accepte ces dons comme moyen d’effacer les péchés de ces donateurs et il les distribue à ses compagnons. Ses parents construisent pour lui un grand ermitage, mais il le cède à quelqu’un d’autre. Lui-même vit alors sans abri fixe, ne se lave plus, ne lave plus ses vêtements. Il ne pense qu’à méditer, attendant que le Bouddha vienne l’accueillir à l’heure de sa mort. C’est lui qui s’occupe de la crémation des morts, recueille les restes et accomplit les rites avec grand soin. Chaque jour il se rend dans un sanctuaire, été comme hiver, sans chapeau ni cape, souvent trempé jusqu’aux os ou glacé jusqu’à la moelle. A ceux qui s’en étonnent, il dit qu’il ne ménage pas sa vie car il a éveillé son cœur et désire à présent accomplir sa Renaissance. Ainsi il meurt au bout de sept ou huit ans après avoir renoncé au monde, assis sur ses talons, prononçant sans relâche l’invocation au Bouddha. |
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TC0163 | TE018146 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 80. | LE RÉVÉREND KAKUNÔ, QUI DEMEURE AUPRÈS DU TOMBEAU DU PRINCE, AIME LA MUSIQUE.– A) L’ascète Kakunô a un amour peu ordinaire pour la musique. Sa seule occupation est de fabriquer toutes sortes d’instruments avec des matériaux offerts par la nature (planche, crin de cheval, tige de bambou…). Tout en jouant de ces instruments, il se dit que le concert des Bodhisattvas et des saints doit être vraiment merveilleux. Si un enfant s’empare d’un de ses instruments pour jouer et le détruit, Kakunô se met en colère. Des années plus tard, quand l’ermite meurt, il entend résonner à ses oreilles le céleste concert. Son corps demeure longtemps indemne de toute dégradation, et tous les gens du voisinage viennent le vénérer, tel un Bouddha. Il disparaît le quarante-neuvième jour [période intermédiaire avant que soit fixé le sort posthume du défunt], et nul n’a connaissance de son destin. Pour ceux qui croient que la musique est une conduite qui conduit à la terre pure, elle devient en effet un moyen de Renaissance. B) Un saint homme très vertueux questionné sur ses pratiques dit qu’il s’applique à s’abstenir des mauvaises actions et à accomplir toutes les actions encouragées par le Bouddha. L’homme ajoute qu’il n’a aucune prétention sur son lieu de Renaissance, et c’est Le Bouddha qui le jugera et qui en décidera. Sa fin est merveilleuse : il meurt assis sur ses talons, les mains jointes immobiles durant plusieurs jours. C) Un ami de bien vient visiter un brillant docteur ès lettres chinoises qui agonise, et l’exhorte à invoquer le Bouddha. Mais l’homme, poète, est obsédé par les beautés du vent et de la lune et ne prête pas attention aux conseils de son ami. Alors celui-ci lui dit qu’un homme comme lui qui a composé tant de vers remarquables devrait laisser quelque pièce pour célébrer le paradis qui doit posséder encore plus de splendeurs que les plus beaux sites de notre monde ! L’homme voit en imagination aussi nettement qu’en réalité toutes les ressources du paradis. Il finit par prononcer l’invocation, et vit ses derniers moments comme il les a souhaités. Les amis de bien qui assistent les mourants doivent connaître à fond le cœur humain. D) La prêtresse de Yoshhida, mourante, fait venir le révérend Yakunin comme ami de bien. Celui-ci l’encourage à prononcer l’invocation au Bouddha. La dame récite plusieurs passages essentiels avec une expression de parfaite fermeté et connaît une fin merveilleuse qui attendrit tout son entourage. Mais le révérend, lui, s’est endormi pendant les prières et ne semble pas vouloir se retirer. C’est alors que la prêtresse revient à la vie. Durant quatre heures, elle ne montre plus l’expression qu’elle avait précédemment, et c’est toute languissante qu’elle rend son dernier soupir. Le révérend dit qu’elle vit là sa véritable fin. Un démon a accompli un de ses tours, déjoué par la vertu de ce saint homme. E) Un malade mourant fait venir un moine, ami de bien qui l’exhorte à prononcer l’invocation au Bouddha. Mais l’homme ne dit rien. Le moine, pensant que l’homme est sourd, récite l’invocation d’une voix forte à son oreille. Alors qu’il semble que tout soit fini, l’homme guérit. Il raconte plus tard que cette voix insupportable a résonné dans tous ses membres, et qu’il n’a pas eu la moindre pensée, fût-ce pour une Renaissance au paradis. |
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TC0163 | TE018144 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 78. | FIDÉLITÉS DIVERSES AU SUTRA DU LOTUS.– A) Le général en second Masamichi lit assidûment le sûtra du lotus depuis sa jeunesse. Cependant, au service de la cour, il commet à contrecœur quantité d’actes mauvais mais ne cesse de réciter un verset du sûtra du lotus. Plus tard il est écrit que Masamichi dans ses derniers instants de vie, après avoir entonné ce verset, voit apparaître toutes sortes de signes fastes et qu’il a sans aucun doute accompli sa Renaissance. Le haut dignitaire Michimasa est incrédule et dit qu’un homme comme Masamichi qui a passé son existence à tuer des êtres vivants, à suivre égoïstement son chemin n’a pu accomplir sa Renaissance. Quelques années plus tard, le dignitaire, lors d’un sermon entend une nonne raconter qu’alors qu’elle pensait que sa pauvreté l’empêchait d’accomplir des actes en vue de sa Renaissance, elle a vu en songe un moine qui lui dit qu’une personne qui invoque le Bouddha d’un cœur pur ne manque pas de renaître au paradis. Ce moine dit aussi que récemment le général en second Masamichi a accompli sa Renaissance grâce à son cœur pur et sa foi dans le sûtra du lotus. Après avoir entendu le récit de la nonne, Michmasa ajoute foi alors à ce qu’on lui avait dit. B) On raconte aussi qu’un certain Seng Yan, maître de la Loi dans un pays de Chine nommé Bing [Shanxi], entreprend de lire mille fois le sûtra du lotus pour parvenir à la Renaissance. A la centième lecture, durant la nuit il sent en songe qu’il est pourvu d’ailes et qu’il peut voler. En effet, les mots du sûtra se sont assemblés pour former des ailes. Alors Seng Yan, espérant voler jusqu’au paradis prend son envol et se pose à destination au pied d’une allée bordée d’arbres ornés de joyaux. Les mots qui ont poussé sur son corps comme des plumes se muent en plus de soixante-neuf mille bouddhas rayonnants [comme le nombre de mots dans le sûtra du lotus], qui se rangent tous autour du bouddha Amida. Celui-ci explique à Seng Yan, très ému, qu’il doit retourner dans le monde d’en bas pour terminer ses mille lectures, et instruire la foule des vivants. Après ces paroles, les bouddhas redeviennent des ailes, et Seng Yan s’en retourne. Lorsqu’il se réveille de ce songe, il adore ces bouddhas en se prosternant, et éveille son cœur en effectuant la lecture du sûtra. C) Le maître en méditation Hui Chao, profondément attaché au sûtra du lotus, prend à son service un jeune moine qui se révèle doué d’une capacité remarquable pour deviner les pensées et les sentiments des autres. Mais quand Hui Chao décide de ne plus lire le sûtra du lotus, mais de réciter les formules véridiques, composées de peu de mots, le moine disparaît subitement. Hui Chao qui se désole de son absence voit en rêve le moine qui lui dit être en réalité le Bodhisattva Jizô. Ce dernier dit à Hui Chao qu’il a admiré sa ferveur à se consacrer au sûtra du lotus, mais qu’il l’a quitté, fort déçu de le voir s’appliquer dorénavant aux formules véridiques. En réalité, l’erreur qu’il lui reproche n’est pas dans le contenu des formules véridiques, mais c’est de rejeter une pratique à laquelle il consacrait ses efforts. D) Un moine dévoyé et père de nombreux enfants ne manque pas, dès qu’un petit se trouve en âge de parler, de lui apprendre les titres des chapitres du sûtra du lotus. Puis il lui apprend à lire à haute voix un chapitre, voire un rouleau. A ceux qui le questionnent, le moine dit qu’enseigner ce sûtra, c’est l’intention originelle de la venue du Bouddha en ce monde. Ainsi permet-il à ses enfants de nouer un lien, s’il arrive qu’ils meurent en bas âge. On n’a pas le sentiment qu’il soit difficile de renaître avec la condition d’être humain, mais en vérité l’expression « renaître dans cette condition pour avoir parfaitement observé les commandements [l’interdiction du meurtre, du vol, de la fornication, du mensonge et de la consommation d’alcool] » en montre toute la difficulté. Et c’est bien grâce à la diffusion de ce sûtra que l’humanité n’a pas disparu. |
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TC0163 | TE018151 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 85. | LE MAÎTRE INSTRUCTEUR JITSUIN VOIT SES PÉCHÉS S’EFFACER LORS D’UNE CÉRÉMONIE EN L’HONNEUR DU GRAND BOUDDHA.– Lors d’une cérémonie en l’honneur du grand Bouddha, un ascète voit en songe un moine qui lui dit que dans toute cette foule se trouve le maître instructeur Jitsuin et que les péchés que ce dernier a commis depuis très longtemps sont effacés. L’ascète fait chercher Jitsuin et lui demande à quelles pratiques il se livre. Jitsuin répond qu’il s’est tenu devant le Bouddha et qu’il a éveillé en lui une foi plus profonde qu’à l’ordinaire, et qu’il a lu tout le sûtra du principe de la sagesse. | |
TC0163 | TE018122 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 58. | LE SAINT HOMME MOKU, QUI ASSISTE À LA CONSÉCRATION DU HÔJÔ- JI, AFFERMIT EN LUI L’ESPRIT DE LA VOIE.– Le saint homme Moku se rend au Hôjô-ji le jour de la consécration présidé par le chancelier et se prosterne devant les Bouddhas. Le chancelier n’égale personne en splendeur, mais quand paraît le seigneur, le chancelier passe pour moins que rien. Mais quand le seigneur se prosterne devant le Bouddha, le saint homme estime que c’est le Bouddha qui occupe le rang suprême. | |
TC0163 | TE018123 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 59. | DIVERSES RÉFLEXIONS SUR LA CONDITION HUMAINE.– A) Après les propos de trois mendiants sur un certain Ômi, un moine se sent misérable et honteux en pensant que les Bouddhas et les Bodhisattvas doivent trouver la conduite des hommes bien légère. B) Un homme passe la nuit dans un logis tenu par un vieil homme perclus de douleurs. Pris de pitié pour le vieillard, il lui conseille de se retirer du monde et d’invoquer Bouddha avant de mourir. Mais le vieillard répond qu’il désire occuper le poste de notable quand celui qui l’occupe actuellement, âgé de trois ans de plus que lui, sera mort. Voilà bien une conduite profondément coupable et digne de pitié. Les espérances que nourrissent en ce monde les grands comme les humbles témoignent d’une même attitude. C) Lors d’un conflit guerrier, un homme, personnage de haut rang, est capturé et emmené brutalement pour être décapité. Et dans cette situation pitoyable et désespérée, les badauds sont peinés de voir l’homme faire soudain un écart pour éviter de mettre le pied sur des ronces. D) Et voici ce que répond, Zennin, illustre moine du célèbre monastère Mii-Déra, à ceux qui le félicitent, quand il est promu au titre le plus élevé dans la hiérarchie ecclésiastique : « Dans une vie antérieure, j’ai occupé le rang de roi dans les six cieux du monde du désir et dans les quatre cieux de méditation. Comment un rang obtenu dans ce minuscule pays perdu aurait-il de quoi me plaire ? ». De façon générale, l’homme ordinaire ignore ce qu’est sa propre condition dans ce qu’elle a de bas et de vulgaire. |
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TC0163 | TE018082 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 20. | SHINJÔ-BÔ DEVIENT, POUR UN TEMPS, DÉMON-DES-MONTAGNES.– Le moine Shinjô-bô, disciple du recteur du monastère de Toba, désirant se retirer du monde des hommes, demande à son maître d’intercéder en sa faveur pour occuper un poste vacant de moine adepte de la concentration au monastère de Hosshô-Ji, à Kyoto. Le recteur accepte et le moine passe ses jours à invoquer Bouddha. Dans l’ermitage voisin de Shinjô-bô vit le moine Éisen-bô qui distribue de la nourriture à des lépreux matin et soir. Shinjô-bô, lui, nourrit les mendiants. Ces deux détenteurs de l’esprit de la Voie vivent séparés par une simple haie, et chacun reste de son côté. Apprenant que le recteur est très souffrant, Shinjô-bô lui rend visite. Au recteur qui dit vivre leur dernière rencontre avant de quitter ce monde, le moine, ému de compassion, répond qu’il le retrouvera dans l’autre monde où il continuera de le servir. Shinjô-bô s’en retourne et peu de temps après, le recteur s’éteint. Quelques années plus tard, Éisen-bô, le voisin de Shinjô-bô, est souffrant, et trépasse de façon merveilleuse, suscitant l’admiration de tous. Deux ans plus tard, Shinjô-bô, frappé par un mal étrange qui le rend fou, succombe à son tour. Sa vieille mère est très attristée et finit par être possédée elle aussi par un esprit. De sa bouche sortent les mots de son fils défunt. Il explique qu’il a passé un contrat avec son recteur monacal, ce qui l’a entraîné dans la condition de démon-des-montagnes. Il ajoute que cette condition dure six ans, et qu’il la quittera l’an prochain pour gagner enfin le paradis. Il demande à tous de prier pour lui et n’ayant pas survécu à sa mère, il se lamente de ne pas avoir pu être pour elle un ami de bien et de n’avoir pu prier pour son salut après sa mort. Au contraire, parti avant elle, il devait la conduire au paradis, mais au lieu de cela, au vu de sa condition actuelle, il en est réduit à la tourmenter. La vieille mère éclate en sanglots, bâille, et revient à son état ordinaire. Puis elle écrit des textes sacrés dont elle fait offrande à son fils. L’hiver venu, la parole de Shinjô-bô sort à nouveau de la bouche de la vieille femme. Le moine exprime sa joie d’avoir bénéficié des prières pour son salut dans l’autre monde. A l’aurore, il obtiendra enfin la délivrance. Pour preuve, il demande à tous de sentir la puanteur de son corps infect. Sur ces mots la mère retient son souffle, puis l’expulse, libérant une odeur nauséabonde qui emplit la maison. A l’aurore, la voix assure avoir régénéré ce corps impur et être arrivé au paradis. La mère de Shinjô-bô souffle et une haleine embaumée d’un parfum suave se répand dans la maison. Il faut absolument se garder de promettre à quiconque de le suivre, si haut que soient les mérites dus à son austérité ! |
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TC0163 | TE018096 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 32. | UN MOINE ITINÉRANT DU MONT SHOSHA ACCOMPLIT SA RENAISSANCE EN CESSANT DE SE NOURRIR .– Un moine itinérant vivant depuis plusieurs années sur le mont Shosha confie un jour au doyen son intention de cesser de se nourrir pour s’éteindre paisiblement, en gardant son esprit droit et son corps exempt de toute maladie afin de renaître ainsi au paradis. Il ajoute que d’autres procédés comme l’autocrémation ou la noyade dans la mer sont trop ostentatoires, et source de violentes souffrances. Le moine demande au doyen de n’en parler à personne, et il lui annonce que c’est leur dernière conversation, car il va vivre reclus dans un ravin, en observant un silence absolu. Le doyen, très ému, lui demande toutefois la permission de venir le voir discrètement. Le moine accepte et se retire. Le doyen, craignant d’être importun, laisse passer quelques jours, et se rend au lieu indiqué par le moine et il trouve ce dernier installé dans une petite hutte, lisant un sûtra. A la remarque du doyen sur sa maigreur et ses souffrances, l’ermite, ne voulant pas rompre son vœu de silence, écrit sa réponse. Il a souffert pendant plusieurs jours, mais un éphèbe divin apparu en songe l’a rafraîchi en lui versant de l’eau dans la bouche. Depuis ses forces sont revenues, et sa fin promet d’être belle. Le doyen, émerveillé, ne peut s’empêcher de rapporter ces faits à son disciple le plus proche. Ainsi peu à peu le bruit se répand, et les moines du monastère vont voir le reclus pour nouer un lien [lien de salut avec le Bouddha qu’un homme peut contracter par l’intermédiaire d’un saint homme]. Le moine très déçu de la trahison du doyen, ne peut rien faire. La rumeur se propage, et on vient de tout le canton en menant grand tapage. Le doyen tente vainement de ramener le calme. Le reclus, toujours muet, est tout attristé par cette situation qu’il a générée. Jour et nuit, on lui lance des offrandes, des grains de riz ; il finit par disparaître. Toutes les recherches pour le retrouver demeurent infructueuses, et on découvre, quelques jours plus tard, non loin de la hutte de l’ermite, le sûtra qu’il lisait. Ainsi les pratiques qui permettent d’accéder au rang de Bouddha ou de Bodhisattva consistent toutes à attacher du prix à la Loi et à mépriser sa propre vie. Il n’y a pas à médire de ceux qui suivent cette voie. Tel le fameux Shandao, patriarche de l’école de l’invocation au Bouddha, ayant pourtant assurément accompli sa Renaissance, qui monte à la cime d’un arbre et se jette en bas. Ainsi est-il de nombreux exemples de personnes qui, ayant mis fin à leur vie par de semblable pratiques, donnent des signes évidents de leur heureuse Renaissance : parfum inconnu qui se répand, nuées violettes qui se déploient et aussi cette eau répandue dans la bouche du moine par un éphèbe. Il faut respecter et croire ces exemples. Et le comble de la sottise serait de troubler la foi d’autrui. rn |
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TC0163 | TE018068 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 6. | LE RÉVÉREND DU TSUKUSHI QUITTE LE MONDE ET MONTE SUR LE KÔYA.– Un homme très vénérable et fortuné, propriétaire de nombreuses rizières, décide de renoncer à ses biens et à sa famille, et de pratiquer la Voie du Bouddha. Il part vers la capitale, et sur son chemin, il rencontre sa fille éplorée qui tente de le retenir. Mais, refusant tout obstacle à sa décision, il se coupe les cheveux pour preuve de son entrée en religion. Puis il monte sur le mont Kôya et s’adonne à l’ascèse. Sa fille se fait nonne, s’installe au pied de la montagne, nettoie et coud les vêtements de son père jusqu’à sa mort. Le saint homme, apprécié de tous, fait construire une chapelle et, ne trouvant pas d’officiant pour la consécration, voit en rêve un homme qui lui prédit l’arrivée d’un pieux laïc pour célébrer la cérémonie. Au jour dit, un moine de piteuse apparence paraît et le révérend lui demande de consacrer sa chapelle. Le moine est réticent mais accepte après avoir entendu le récit de la prédiction. En réalité, cet officiant est le maître instructeur Myögen, de l’école du Tendai, venu secrètement vénérer la sainte montagne. Le révérend, gardant son esprit droit jusqu’à sa dernière heure, devient très renommé, et le Kôya commence à connaître un éclat particulier. Selon les enseignements des sages, la cupidité engendre les souffrances en cette vie comme dans la prochaine. |
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TC0163 | TE018097 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 33. | RENGÉJÔ SE JETTE À L’EAU.– Rengéjô, un ascète fort connu, confie à son ami Tôren, maître de la Loi, son intention de mettre fin à ses jours en se jetant à l’eau. Sentant sa fin de vie proche, il souhaite s’en aller en gardant ses pensées droites et son esprit clair. Tôren tente de dissuader Rengéjô en disant que cet acte est stupide et lui conseille de pratiquer quotidiennement l’invocation au Bouddha. Mais devant l’entêtement de Rengéjô, Tôren se résigne et prend avec lui toutes les dispositions nécessaires. Rengéjô se rend au bord de la Katsura, là où la rivière est profonde, et est englouti dans les eaux après avoir prononcé à voix haute l’invocation. Beaucoup de gens, venus sur la rive, sont emplis d’un sentiment de vénération et d’une immense douleur. Tôren est très attristé par la disparition de son ami. Quelques jours plus tard, celui-ci souffre d’une maladie due à un esprit. Cet esprit lui apparaît et dit qu’il se nomme Rengéjô. Mais Tôren n’en croit rien, car son ami ne peut lui avoir gardé rancune, puisqu’il a éveillé son cœur et a connu une fin admirable. Mais Rengéjô lui explique qu’il a connu une fin lamentable. Au moment où il est entré dans l’eau, il lui est venu un regret, mais il n’a pu renoncer à son projet, devant tous ces gens rassemblés. Il ajoute qu’il a regardé son ami fixement en le suppliant par la pensée de le retenir. Mais ce dernier est resté impassible et l’a encouragé à se hâter d’en finir. Rengéjô se dit engagé dans une voie qui ne mène à rien, et c’est ce regret de dernier moment qui est la cause de sa venue, et qui l’empêche de songer à sa Renaissance. Cette histoire peut servir d’avertissement aux hommes. De tels actes ne sont pas nécessairement dictés par la pureté des intentions, mais parfois par l’orgueil ou l’envie. Désirant renaître dans la terre pure, on décide soudain de passer à l’acte, alors qu’il est extrêmement difficile de garder son esprit droit dans de telles souffrances sans le secours du Bouddha. Certains, particulièrement stupides pensent que la noyade est préférable à l’auto-crémation. Or un ascète raconte qu’il a été sauvé au moment où il coulait et allait mourir. Il ajoute que les souffrances qu’il a endurées quand l’eau a commencé à pénétrer dans sa bouche et son nez sont pareilles aux souffrances de l’enfer. Nous devons arriver à la connaissance par nous-mêmes, en nous recueillant et méditant sur les limites de notre esprit. Si un homme s’isole du monde en gardant crainte pour sa personne et attachement à la vie, il n’est pas assuré de l’assistance du Bouddha. Il faut prendre des dispositions pour pouvoir renoncer, en veillant sur son corps, et faire don de notre personne au Bouddha et parvenir à un état où le cœur ne craint plus rien. Implorer son secours sans avoir démêlé tout cela avec un esprit léger est chose dangereuse. |
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TC0163 | TE018083 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 21. | SUKÉSHIGÉ ACCOMPLIT SA RENAISSANCE GRÂCE À UNE SEULE INVOCATION.– Sukéshigé, un ancien sergent du palais royal, est tué par la flèche d’un brigand. Avant de succomber, il s’écrie « Hommage au Bouddha Amida ! ». Les gens du bourg voisin qui l’ont entendu accourent et le trouvent assis sur ses talons, les paupières closes, tourné vers l’ouest. Le moine Jakuin qui connaît Sukéshigé, mais ignorant cette affaire, voit en songe cette nuit là un homme mort au bord du chemin dans une vaste lande. De nombreux moines se trouvant là disent à Jakuin qu’il doit voir un « Renaissant » qui se trouve ici. Il y va et découvre qu’il s’agit de Sukéshigé. Son rêve se termine alors. Le matin même, un jeune garçon qui était au service de Sukéshigé, apprend le décès de celui-ci à Jakuin. Par ailleurs, un ascète voit aussi en songe quelqu’un qui lui demande de se mettre en route et de nouer un lien avec un « Renaissant ». L’endroit est bien le logis de Sukéshigé, et la date coïncide aussi. Cette unique invocation de Sukéshigé et sa renaissance dans la Terre Pure diffère vraiment de ces longues années accumulées par le recteur demeuré dans une Voie mauvaise [récit précédent]. |
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TC0163 | TE018108 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 44. | UNE FEMME À L’ARTICLE DE LA MORT VOIT UN DÉMON PRENDRE DIVERSES FORMES.– Une femme retirée du monde tombe gravement malade et fait venir auprès d’elle un ascète qui est pour elle un ami de bien. Celui-ci l’encourage à invoquer le Bouddha. Subitement la femme change de couleur et donne des signes d’épouvante. Elle dit à l’ascète qu’elle voit des êtres terrifiants qui tirent un char de feu. L’ascète lui demande de prononcer sans relâche le nom du Bouddha Amida. En effet, si on prononce dix fois l’invocation au Bouddha en présence d’un ami de bien, on renaît au paradis. La femme prononce alors l’invocation et son visage se détend et redevient joyeux. L’ascète l’interroge à nouveau, et la femme dit que le char de feu a disparu et a laissé place à un char merveilleux qui porte une foule d’habitantes des cieux jouant de la musique. L’ascète lui conseille de ne pas songer à monter sur ce char, mais de continuer à attacher son esprit au Bouddha Amida, et à s’en remettre à sa venue. Elle poursuit ses invocations et voit un moine qui s’avance vers elle et lui propose de le suivre pour la guider sur son chemin. L’ascète lui demande de ne pas suivre ce moine, car il n’est nul besoin de guide pour aller au paradis. C’est en prononçant l’invocation qu’on accède tout naturellement au paradis. Ainsi l’ascète encourage la femme qui dit qu’à présent elle ne voit plus personne. Alors l’ascète lui répond que c’est le moment d’invoquer le Bouddha avec un esprit ferme et un désir profond d’atteindre au plus vite le paradis. Elle prononce encore et encore l’invocation et expire. Voilà un cas où un démon a pris toutes sortes de formes pour égarer un être humain. |
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TC0163 | TE018087 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 25. | MAÎTRE SHANDAO VOIT LE BOUDDHA.– Shandao, disciple de Daochuo, surpasse son maître. En état de concentration, il voit Amida |Bouddha sauveur], l’interroge, et obtient l’illumination. Son maître Daochuo, inquiet de savoir s’il ira renaître au paradis, demande à son disciple de questionner le Bouddha. Ce dernier répond ainsi : « Pour abattre un arbre, on donne de la hache. Pour regagner son logis, on n’épargne pas sa peine ». Shandao rapporte ces sentences à Daochuo qui les explique à son disciple. Si on entaille l’arbre sans répit, il finit par être abattu. Ainsi il ne faut pas relâcher son effort. Pareillement pour regagner son logis, il ne faut pas s’arrêter, même si l’on peine. Ainsi enseigne- t- il qu’avec une ferme volonté et de la persévérance, la Renaissance est assurée. |
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TC0163 | TE018093 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 31. | UNE DAME SE REND AU TENNÔ-JI ET SE JETTE À LA MER.– Une mère et sa fille sont dames de compagnie chez une personne de naissance princière. Après quelques années, la fille meurt. Sa mère est extrêmement affligée et sa douleur ne fait que croître au fil des ans. La femme ne peut restreindre les manifestations de sa tristesse, même lorsque les circonstances l’exigent. Or, au début de la troisième année, la dame d’atour, sans avertir quiconque, quitte la ville avec sa jeune servante qui se charge de son sac dans lequel se trouvent quelques vêtements et un coffret. Elles finissent par arriver toutes deux au Tennô-ji. Elles logent chez un habitant à qui la dame explique qu’elle a l’intention de rester sept jours pour accomplir l’invocation au Bouddha, et offre à son hôte un vêtement. Chaque jour la dame d’atour fait ses dévotions, et fait offrande au reliquaire du coffret et de deux vêtements. La septaine accomplie, l’hôte pense que la dame va repartir, mais celle-ci se sentant merveilleusement purifiée, décide de rester encore sept jours. Après ce temps écoulé, elle dit à son hôte qu’elle veut encore prolonger son séjour d’une semaine. Elle lui donne de nouveau un vêtement. Mais l’homme tente de refuser son cadeau, disant qu’il en a suffisamment mais elle le force à accepter. Elle invoque ainsi le Bouddha pendant trois semaines. Puis elle demande à son hôte de la conduire, avant son départ, à la baie de Naniwa. L’homme la guide sur la plage. Là, ils embarquent et tout en ramant, l’hôte mène la dame ça et là. Se trouvant loin au large, la dame reste tournée vers l’ouest, en invoquant le Bouddha, et d’un bond se jette dans la mer. L’homme horrifié tente de la sauver, mais la dame a coulé comme une pierre. Une nuée apparaît alors et recouvre la barque, accompagnée d’un parfum suave. Profondément ému l’homme rejoint le rivage, où des gens se sont assemblés, intrigués par un nuage violet au large. A son retour, l’homme trouve dans son logis des écrits de la dame dans lesquels elle décrit des songes. A la fin de chaque semaine, elle a vu des Bodhisattvas venir la chercher. Ainsi, le septième jour de la troisième septaine, elle a vu Amida avec le cortège des bodhisattvas venir la chercher. |
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TC0163 | TE018086 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 24. | UN VIEILLARD DU PAYS DE SRĀVASTĪ N’ACTUALISE PAS LES MÉRITES ACQUIS EN UNE VIE ANTÉRIEURE .– Alors que Shaka [[e Bouddha historique], accompagné de son disciple Ānanda , se trouve au pays de Srāvastī, il croise un vieillard et sa femme. Tous deux ont des cheveux blancs, sont ridés, décrépis, très amaigris et peinent à trouver leur souffle. Le Bouddha dit alors à son disciple que ce vieillard a accumulé de grands mérites dans une vie antérieure et qu’il aurait pu devenir un notable et même un saint s’il avait pratiqué. Mais, faute d’avoir aspiré au salut, ce vieil homme est réduit à présent à un état misérable. Il aura vécu pour rien dans cette condition humaine si difficile à obtenir. Shaka ajoute que rien ne le distingue de ce vieux mendiant, lui qui vit dans l’indolence, sans pratiquer l’ascèse alors même qu’il a rencontré le Sûtra du lotus, et a été instruit du vœu compatissant du Bouddha Amida. | |
TC0163 | TE018119 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 55. | LE SECOND CONSEILLER AKIMOTO QUITTE LE MONDE ET VIT RETIRÉ.– Le second conseiller Akimoto aspire profondément à la voie du Bouddha. Bouleversé après la mort de l’empereur, il refuse de servir le nouveau maître et après s’être chargé des cérémonies du deuil, il quitte le monde. Il finit par s’établir à Ôhara où le grand chancelier vient secrètement lui rendre visite. Ils conversent jusqu’à la fin de la nuit, sans jamais aborder les affaires de ce monde. Cependant, au moment de partir, le chancelier entend Akimoto lui dire que Toshizané est un écervelé. Le chancelier ne saisit pas le sens de cette réflexion sur Toshinazé, le fils d’Akimoto. Par la suite, il comprend qu’Akimoto lui demande d’épauler son fils, et de ne pas le négliger, même si celui-ci est dépourvu de qualités remarquables. Le chancelier est très ému par l’affection d’Akimo envers son fils, malgré son renoncement au monde. Dès lors, il ne perd pas d’occasion d’aider et de patronner ce fils, qui, malgré l’absence de son père, devient le grand conseiller du Mino. | |
TC0163 | TE018133 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 67. | LA FILLE DE SAIGYÔ QUITTE LE MONDE.– Avant de quitter le monde, le moine Saigyô donne sa fille à son frère cadet et lui demande de veiller sur elle. Quelques années plus tard, le moine, ayant à faire près de la capitale, vient observer discrètement la fillette et est ému à la vue de sa fille habillée d’une vilaine robe et jouant dans la cour de la maison du frère cadet avec quelques garnements. Mais celle-ci est effrayée lorsqu’elle aperçoit le moine et se réfugie dans la maison. Bien plus tard Dame Renzei, fille du seigneur de la neuvième avenue, propose à la mère de la fillette de l’adopter. Celle-ci accepte et Saigyô est rassuré de savoir sa fille entourée de tendres soins. A l’âge de quinze ou seize ans, la jeune fille devient chambrière au service d’un gouverneur, époux d’une sœur cadette de la mère adoptive. Saigyô se rend secrètement dans une maison proche de la résidence du gouverneur et fait mander sa fille. La jeune fille juge la demande du messager suspecte, mais, curieuse de rencontrer son père, elle quitte la résidence et suit le messager jusqu’au lieu de rendez-vous. Là, émue par l’aspect misérable du moine, elle vide son cœur et s’entretient avec lui. En voyant sa fille aussi belle et épanouie, il lui demande de l’écouter. Il dit qu’il l’a choyée dès sa naissance et a toujours espéré pour elle de la voir entrer au service d’une impératrice ou à quelque personne de naissance princière. Il ne pensait pas la voir ainsi préposée à l’entretien dans une maison de deuxième ordre. Alors il souhaite maintenant que sa fille devienne nonne, qu’elle s’établisse près de sa mère, et qu’elle se consacre au service du Bouddha. La fille de Saigyô réfléchit longuement, puis accepte. Elle n’informe personne de sa décision et la veille de son départ, elle dit qu’elle veut se laver les cheveux. Dame Renzei s’étonne mais pense que celle-ci prépare sans doute un pèlerinage, et la laisse faire. Le lendemain la fille du moine prétexte une affaire urgente chez sa nourrice. Dame Renzei fait préparer une voiture pour l’y conduire. Au moment d’y prendre place la fille du moine revient sur ses pas et regarde intensément le visage de la Dame avant de partir. Sans nouvelle depuis plusieurs jours, la Dame finit par apprendre la vérité par la nourrice. Elle verse des larmes de dépit car elle a toujours traité cette enfant comme sa propre fille. Mais elle est malgré tout attendrie quand elle se rappelle que la jeune fille est revenue la dévisager longuement avant de partir. Sans doute avait-elle le cœur serré de cette séparation. La jeune fille se fait nonne et rejoint sa mère qui a déjà renoncé au monde et elle pratique l’ascèse avec elle. Par la suite Dame Renzei pratique la voie de façon admirable en peignant quotidiennement. On dit qu’elle a réalisé une image du Bouddha, figure qui apparaît dans le ciel quand la vie de la Dame touche à sa fin. |
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TC0163 | TE018084 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 22. | LE SIEUR TACHIBANA ACCOMPLIT SA RENAISSANCE POUR AVOIR FAIT UN VŒU.– Le sieur Tachibana âgé de quatre-vingts ans ignore encore la loi du Bouddha. Il ne fait pas maigre les jours d’abstinence, n’éprouve aucun respect envers les moines et il ne s’amende pas quand quelqu’un l’admoneste. Alors qu’il est administrateur de domaines dans l’Yio, à l’automne, il sent venir sa dernière heure, mais conserve un esprit droit, et accomplit sa Renaissance. Une nuée violette apparaît, et un suave parfum se répand à la ronde. Déconcertés, les gens demandent à sa femme à quelles pratiques son mari s’est adonné pendant sa vie. Celle-ci répond qu’il n’a jamais accompli aucun acte méritoire, mais que chaque soir, depuis le sixième mois de l’avant dernière année, sans se soucier de son apparence, il se tournait vers l’ouest, lisait un certain texte et se prosternait en joignant ses mains. Dans cette déclaration de vœu, Tachibana s’adresse humblement à Amida l’Ainsi-Venu [le Bouddha sauveur] , ses deux bodhisattvas et à la foule des saints. Il déclare que son esprit est resté stupide, malgré sa condition d’être humain, et qu’il ne s’est jamais adonné à la moindre pratique. Il ajoute dans ce texte qu’il s’apprête à regagner les mains vides une des trois mauvaises Voies. Puis il cite le grand vœu d’Amida qui dit que si un homme coupable de quatre crimes graves et de cinq transgressions majeures demande au moment de mourir de renaître dans sa contrée et répète dix fois « Hommage au Bouddha », il l’accueillera. C’est pourquoi Tachibana explique dans son texte que chaque soir il se tournait vers l’ouest et invoquait le précieux nom d’Amida. D’autre part, on raconte qu’un saint homme a accompli sa Renaissance en prononçant à chaque heure, comme si c’était la dernière de sa vie, la décuple invocation. Ainsi si l’on a dans le cœur sans jamais l’oublier la pensée du paradis, on ne manquera pas d’y renaître à l’heure de sa mort. |
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TC0163 | TE018091 | Kamo no Chomei | Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] : 29. | GENDAYÛ, DU PAYS DE SANUKI, ÉVEILLE SOUDAINEMENT SON CŒUR ET ACCOMPLIT SA RENAISSANCE.– Gendayû égorge les êtres vivants et cause la perte des humains, inspirant une immense terreur autour de lui. Revenant de la chasse, il passe devant une maison où l’on célèbre l’installation d’une effigie du Bouddha. Trouvant cette cérémonie amusante, il met pied à terre, enjambe le dos des fidèles agenouillés, s’installe près du célébrant et lui demande ce que signifie son homélie. Effrayé, le moine cesse son prêche, et lui explique que le serment d’Amida [le Bouddha sauveur] est digne de confiance, lui décrit les joies du paradis et les souffrances de ce monde, et tout le reste. Gendayû dit qu’il aimerait bien devenir moine et qu’il ignore le chemin pour se rendre dans la contrée où réside le Bouddha. Il demande si le Bouddha lui répondra s’il l’appelle de toutes ses forces. Le moine répond que s’il éveille profondément son cœur, il obtiendra sans nul doute sa réponse. Gendayû demande alors d’être fait moine sur le champ. Mais son serviteur lui suggère de rentrer chez lui pour régler ses affaires avant de se retirer du monde. Gendayû est furieux et le menace de son sabre. Tous sont épouvantés. Mais Gendayû se glisse à genoux devant le célébrant et exige d’avoir le crane rasé immédiatement, menaçant le moine à son tour. Le moine obtempère et fait de lui un moine. Vêtu d’un froc et d’une étole, Gendayû prend le chemin de l’ouest en criant « Hommage au Bouddha Amida ». Tous ceux qui l’entendent sont très émus. Cheminant au fil des jours Gendayû arrive dans un monastère de montagne. Un des moines, suspicieux, est très touché par le récit de ce voyageur, et lui offre un peu de riz séché. Mais Gendayû dit qu’il n’a pas envie de se nourrir et que sa seule pensée est de marcher à travers monts, forêts, lacs et rivières jusqu’à ce que le Bouddha daigne lui répondre. Il reprend sa marche vers l’ouest, suivi par un moine qui le trouve installé sur un rocher à la pointe d’un éperon montagneux dominant la mer. Gendayû explique au moine que c’est ici que le Bouddha répond à ceux qui l’invoquent. En effet, à ses appels, l’auguste voix résonne légèrement du côté de la mer. Gendayû demande au moine de partir et de revenir dans sept jours, pour voir ce qu’il est devenu. Sept jours plus tard le moine, accompagné de nombreux confrères, trouvent Gendayû dans la même position, assis, paumes jointes tourné vers l’ouest, les yeux fermés. Sur la pointe de sa langue a poussé une fleur de lotus bleue. Les moines lui rendent hommage, détachent la fleur et l’offrent au gouverneur du pays qui la donne ensuite au seigneur d’Uji. Même si on n’accumule pas de mérites, on accomplit sa Renaissance quand on met toute sa confiance dans le Bouddha au plus profond de son cœur. |
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