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Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014]
StatusÉtatZustandStatoEstatus: publishedpubliéveröffentlichtpubblicatopublicadoIdentifierIdentifiantIdentifikationsnummerIdentificatoreIdentificador: TC0163How to citeComment citerZitierweise fürCome citareCómo citar: "TC0163, Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014]", Thesaurus exemplorum medii aevi, https://thema.huma-num.fr/collections/TC0163 (accessed 2024-04-26).« TC0163, Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014] », Thesaurus exemplorum medii aevi, https://thema.huma-num.fr/collections/TC0163 (consulté 2024-04-26)."TC0163, Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014]", Thesaurus exemplorum medii aevi, https://thema.huma-num.fr/collections/TC0163 (zugegriffen 2024-04-26)."TC0163, Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014]", Thesaurus exemplorum medii aevi, https://thema.huma-num.fr/collections/TC0163 (consultato 2024-04-26)."TC0163, Hosshinshū (Récits de l'éveil du cœur) [tr. Pigeot, 2014]", Thesaurus exemplorum medii aevi, https://thema.huma-num.fr/collections/TC0163 (accedido 2024-04-26).
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AuthorAuteurVerfasserAutoreAutor:
- Kamo no Chomei ()
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Kamo no Chomei (1155–1216), l’auteur des Notes de ma cabane de moine (1212). Il est le fils d'un prêtre, officiant principal du temple bouddhiste de Tadasu. À la mort de son père, perdant l'espoir de lui succéder, il se consacre à la poésie et au biwa. En 1201, il est rattaché au Bureau de la Poésie de la cour impériale. Mais malgré le soutien de l'ex-empereur Go-toba qui le tient en grande estime, il ne parvient pas à obtenir la charge de son père. Déçu, il se retire dans un ermitage vers l'âge de 50 ans. Plus tard, il se construit une « cabane de 10 pieds » au sud de Kyoto, et y vit très simplement jusqu'à sa mort. Source principale : https://fr.wikipedia.org/wiki/Kamo_no_Chōmei ;
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LanguageLangueSpracheLinguaIdioma: Japanese (late-middle 1185 - 1600)japonais (moyen tardif 1185 - 1600)Japanisch (spät-mittel 1185 - 1600)Japonés (tardío-medio 1185 - 1600)Giapponese (tardo-medio 1185 - 1600)
Work dateDatation de l’œuvreErscheinungsdatumData dell'operaFecha de la obra: c. 1200 - 1222
ContextMilieuUmgebungAmbienteAmbiente: BuddhistBouddhisteBuddhistischBudistaBuddista
RegionZone géographiqueRegionRegione geograficaRegión geográfica: JapanJaponJapanJapónGiappone
- About this workŒuvreWerkOperaObra:
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Kamo no Chômei, connu pour ses Notes de ma cabane de moine (Hôjô ki), a laissé aussi deux recueils d’anecdotes : le premier, Notes sans titre (Mumyô shô) touchant à la poésie et les Récits de l’éveil du cœur (Hosshin shû) intéressant le bouddhisme. Ces deux dernières œuvres auraient été écrites dans la dernière période de sa vie. <br/><br/>Jacqueline Pigeot, dans la Postface qui accompagne sa traduction intégrale du Hosshin shû, citée ci-dessous, p. 399-429, analyse l’œuvre et ses enjeux. Nous en reprenons les grands traits. Le recueil n’est pas un catéchisme et Chômei se dispense d’exposer les fondements du bouddhisme. L’un des thèmes fondamentaux de l’ouvrage est le préalable à la renaissance dans la Terre Pure, c’est-à-dire « l’éveil du cœur ». Il s’agit du premier pas vers l’état définitif de bouddha, dans la prise de conscience soudaine que tout est impermanence et vanité, et de la décision de s’engager dans la bonne voie, celle du renoncement. L’ouvrage contient un inventaire des occasions de ce déclic : prêche, expériences personnelles, méditation, observation des comportements humains et même de ceux des animaux. Chômei a donc rédigé un recueil d’anecdotes, s’intégrant dans le genre de la « littérature d’anecdotes » (setsuwa bungaku), qui remonte au début du IXe siècle. Chômei veut faire édifiante. « On s’accorde pour dire que la floraison de pareils récits est à mettre en relation avec les prédications des moines et on les a rapprochés des exempla, ces matériaux auxquels recoururent historiens et prédicateurs du Moyen Age chrétien » (p. 420). Ces récits sont présentés comme véridiques. Il donne souvent avec précision les noms des personnes et des lieux, voire les dates. Les moines jouent un rôle important, mais les laïcs (hommes et femmes) sont nombreux. Le peuple n’est pas absent. Les récits ne sont pas organisés de façon didactique, même si on relève des brèves séries thématiques (moines qui disparaissent, 1-5, puissance de l’Invocation au Bouddha, 21-23, suicides bouddhiques, 30-33, etc.). Le compilateur procède par enchaînements, comme en une sorte de jeu de dominos. La forme originelle des Récits de l’éveil du cœur n’et pas connue. Les textes connus sont le résultat de remaniements et d’additions posthumes. Deux éditions anciennes du recueil sont conservées, datées de 1651 et de 1670. Les deux derniers livres seraient apocryphes. Les titres des anecdotes (repris ici dans les résumés) ne sont pas de Chômei.
- Print editionsEditions impriméesGedruckte AusgabeEdizioni a stampaEdiciones impresas:
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Kamo Chômei, 2004. Récits de l'éveil du coeur (Hosshinshû), Jacqueline Pigeot (trad.), Paris, le Bruit du temps.La liste des éditions imprimées est fournie dans la traduction de J. Pigeot, citée ci-dessous, p. 431. Cette traduction est fondée sur le texte établi par Takao Minoru et Nagashima Masahisa, Hosshin shû honbun.jiritsugo sakuin, Osaka, Seibun-dô, 1985, 508 p.
- TranslationsTraductionsÜbersetzungenTraduzioniTraducciones:
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Kamo Chômei, 2004. Récits de l'éveil du coeur (Hosshinshû), Jacqueline Pigeot (trad.), Paris, le Bruit du temps. 460 p. . Traduit du japonais et commenté par Jacqueline Pigeot. Jacqueline Pigeot est une spécialiste de littérature classique japonaise de renommée mondiale. Ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, agrégée de lettres classiques, docteur ès Lettres, elle a été de longues années professeur à l’Université Paris Diderot. Elle a publié (entre autres) : Michiyuki-bun : Poétique de l’itinéraire dans la littérature du Japon ancien, Maisonneuve et Larose, 1982 (2009) ; Femmes galantes, femmes artistes dans le Japon ancien, XIe-XIIIe siècle, Gallimard, coll. Bibliothèque des Histoires, 2003. Elle a traduit (entre autres) : Voyages en d’autres mondes : récits japonais du XVIe siècle, Philippe Picquier/ Bibliothèque Nationale, 1993 ; Voyage dans les provinces de l’Est, Le Promeneur/Gallimard, 1999 ; Mémoires d’une Éphémère (954-974) par la mère de Fujiwara no Michitsuna, Collège de France/Institut des Hautes Études Japonaises, 2006 ; avec les membres du Groupe Koten, Notes sans titre : propos sur les poètes et la poésie par Kamo no Chômei, Le Bruit du temps, 2010. (https://www.lesbelleslettres.com/contributeur/jacqueline-pigeot, consulté le 27 juin 2017). La traduction de J. Pigeot n’offre pas de résumés (ou analyses) des récits. Ces résumés ont été établis par Françoise Duhesme et relus par Jacques Berlioz, puis par Marie Anne Polo de Beaulieu. Ils ont retenus pour l’essentiel l’aspect narratif des récits, permettant une comparaison éventuelle avec des récits occidentaux. Les titres précédant les résumés sont empruntés (avec quelques modifications) au recueil.
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Hosshinshū (Récits de l'éveil du coeur). Recueil d'anecdotes édifiantes. Traduction en français, notes et postface par Jacqueline Pigeot, édité chez Le Bruit du Temps en 2014.<br/>Biographie de la traductrice : Jacqueline Pigeot est une spécialiste de littérature classique japonaise de renommée mondiale. Ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, agrégée de lettres classiques, docteur ès Lettres, elle a été de longues années professeur à l’Université Paris Diderot. Elle a publié (entre autres) : – Michiyuki-bun : Poétique de l’itinéraire dans la littérature du Japon ancien, Maisonneuve et Larose, 1982 (2009) ; – Femmes galantes, femmes artistes dans le Japon ancien, XIe-XIIIe siècle, Gallimard, coll. Bibliothèque des Histoires, 2003. Elle a traduit (entre autres) : – Voyages en d’autres mondes : récits japonais du XVIe siècle, Philippe Picquier/ Bibliothèque Nationale, 1993 ; – Voyage dans les provinces de l’Est, Le Promeneur/Gallimard, 1999 ; – Mémoires d’une Éphémère (954-974) par la mère de Fujiwara no Michitsuna, Collège de France/Institut des Hautes Études Japonaises, 2006 ; – (avec les membres du Groupe Koten), Notes sans titre : propos sur les poètes et la poésie par Kamo no Chômei, Le Bruit du temps, 2010. (https://www.lesbelleslettres.com/contributeur/jacqueline-pigeot, consulté le 27 juin 2017. Bibliographie : art. Hosshinshū, dans Dictionnaire historique du Japon, Tokyo, Librairie Kinokuniya, 8, 1982, p. 115 (disponible sur Persée).
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IDIDIDIDID | TitleTitreTitelTitoloTitulo | SummaryRésuméZusammenfassungSommarioResumen | KeywordsMots-clésStichwörterParole chiavePalabras claves |
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TE018063 | Hosshinshū: 1. | LE CONTRÔLEUR MONACAL GENBIN RENONCE AU MONDE ET DISPARAÎT.– Le contrôleur monacal Genbin, préférant la solitude et la méditation au commerce de ses confrères, disparaît sans avertir quiconque. Quelques années plus tard, un de ses anciens disciples prend le bac pour traverser une rivière. Le passeur est un vieux moine hirsute et vêtu d’une robe malpropre. Le disciple, ému, reconnaît le contrôleur monacal qui semble avoir, lui aussi, reconnu son disciple, mais qui feint l’indifférence. Ne voulant paraître étrange aux yeux des autres passagers en interrogeant le passeur, le disciple décide de venir voir le contrôleur à son retour de voyage. Arrivé à l’embarcadère, il constate que le passeur n’est plus le même. On lui dit que l’ancien passeur était très pieux, réclamant peu pour le passage de la rivière et très apprécié des gens du pays. Mais depuis peu, il a disparu et nul ne sait où il se trouve. Le disciple se lamente, car il comprend que son maître a vidé les lieux, se voyant découvert par son disciple. On dit que Genbin a composé un poème dans lequel il est le gardien d’une rizière. Un contrôleur monacal, ému par cette histoire, installe un bac près du lac, pour devenir passeur à son tour. Son projet n’a jamais abouti, mais ce souhait reste une chose merveilleuse ! |
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TE018064 | Hosshinshū: 2. | LE CONTRÔLEUR MONACAL GENBIN EST AU SERVICE D'UN ADMINISTRATEUR DE DISTRICT AU PAYS D'IGA.– Genbin se présentant comme un pauvre moine est engagé par un administrateur du pays d’Iga, qu’il sert avec diligence durant trois années. Ce maître, sous le coup d’une accusation, se voit chasser du pays où il est établi depuis plusieurs générations. Le moine, informé de cette situation propose à l’administrateur de monter à la capitale et de s’expliquer auprès du gouverneur. Le moine ajoute qu’il connaît un homme dans l’entourage du gouverneur à qui il pourrait parler. L’administrateur accepte et se rend à la capitale avec le moine. Ce dernier, voulant montrer bonne figure, demande à son maître de lui prêter des vêtements pour entrer dans la résidence. Là, tous se précipitent, et s’agenouillent devant le moine en signe de respect. Le grand conseiller le presse de questions sur son absence, mais le moine dit qu’il est venu pour une affaire particulière. Il demande la grâce pour son maître à qui il est très attaché. Le conseiller, sans demander aucune explication, prend immédiatement un arrêté qui confère à l’administrateur une position encore plus avantageuse qu’auparavant. De retour près de l’homme de l’Iga complètement stupéfait, le moine dépose l’arrêté sur les vêtements prêtés, et disparaît.rnrn |
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TE018065 | Hosshinshū: 3. | LE CHAPELAIN BYÔDÔ QUITTE LA MONTAGNE ET SE REND EN UN AUTRE PAYS.– L’éminent chapelain Byôdô , après avoir pris conscience de l’inutilité de sa vie entravée par le souci de la gloire, le profit et le soin de son corps, décide subitement de quitter la montagne où il réside, pour ne jamais revenir. Il chemine au hasard, et arrive dans la province d’Iyo, dans laquelle il vit en quémandant sa nourriture. Là, on le surnomme « le mendiant du porte à porte ». Sur la montagne, les moines s’étonnent de l’absence de leur chapelain et, le pensant mort, ils procèdent aux rites funéraires. Le nouveau gouverneur s’installe dans le pays d’Iyo, et y charge du culte le maître instructeur Jôjin, un ancien disciple du chapelain. Un jour, « le mendiant du porte à porte » entre dans la cour de la résidence du gouverneur et subit les rires moqueurs des enfants et les insultes des gens rassemblés là. Pris de pitié, le maître instructeur Jôjin le fait venir près de lui, et malgré l’apparence inhumaine et déguenillée du mendiant, il reconnaît son ancien maître. Très ému, il aide le chapelain à se hisser sur la galerie, et tous les gens sont émus à sa vue. Le chapelain répond brièvement et s’en retourne. Jôjin part à sa recherche, fait fouiller toute la forêt mais ne trouve aucune trace de son maître. Bien plus tard, un forestier trouve le chapelain mort, assis les mains jointes, tourné vers l’ouest. Pénétré de respect, le maître instructeur accomplit les rites. Ceux qui ont éveillé leur cœur quittent les lieux où ils ont vécu, loin de la gloire et du profit. |
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TE018066 | Hosshinshū: 4. | SENKAN, CHAPELAIN IMPERIAL, RENONCE AU MONDE ET VIT EN RECLUS.– Le chapelain impérial Senkan, grand érudit, rencontre le révérend Kûya et lui demande que faire pour assurer son salut dans sa prochaine vie. Devant l’insistance du chapelain, le révérend lui conseille le renoncement. Le chapelain se dépouille de ses ornements, renvoie les gens de son escorte, part seul et devient un reclus. Encore insatisfait, il aperçoit une nuée couleur d’or vers laquelle il se dirige. Il construit un ermitage en ce lieu, se retire du monde et pratique l’ascèse. On dit que ce chapelain est apparu en songe comme l’avatar de Kannon et que le nom de Senkan est la forme abrégée de ce Bodhisattva. |
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TE018067 | Hosshinshū: 5. | LE RÉVÉREND ZÔGA, DU PIC DE TÔ, RENONCE AU MONDE ET ACCOMPLIT SA RENAISSANCE.– Le révérend Zôga , promu à un brillant avenir grâce à ses hautes vertus, n’aspire secrètement qu’à renaître au paradis. Il prie pendant mille nuits et supplie à haute voix d’être possédé par l’esprit de la Voie. Au terme de ces nuits, le moine renonce à sa position. Lors d’une cérémonie, il ramasse les restes du banquet parmi les mendiants, puis s’enferme dans un ermitage pour pratiquer son ascèse. Ayant acquis une solide réputation, il est invité par l’impératrice qui désire entrer en religion. Mais Zôga ne fait que débiter des propos incohérents avant de s’en aller. Une autre fois, convié à une cérémonie en l’honneur du Bouddha, il ne fait que critiquer et n’accomplit aucun rite, sans doute pour se tenir à distance des gens et ne plus être sollicité. Une autre fois, juché sur une vache d’aspect misérable, et portant un saumon séché à sa ceinture, Zôga accompagne son maître monacal convié au palais de l’empereur. Les gens l’invectivent, mais le moine rétorque qu’étant le disciple de son maître monacal depuis son plus jeune âge, il est le seul à pouvoir le servir comme piqueur de bœuf. Il chantonne « La notoriété, quel embarras ! La mendicité, quel agrément ! » avant de s’éloigner. Sentant sa fin approcher, Zôga joue seul au jeu de go, jette les quartiers d’une selle sur ses épaules, et danse en imitant la danse des papillons. Il explique à ses disciples intrigués que ces deux choses lui étaient interdites quand il était enfant. Puis il compose un poème avant de rendre son dernier souffle. On peut qualifier le comportement de ce moine de pure folie, mais il est dicté par l’unique désir de se tenir à distance de ce monde. |
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TE018068 | Hosshinshū: 6. | LE RÉVÉREND DU TSUKUSHI QUITTE LE MONDE ET MONTE SUR LE KÔYA.– Un homme très vénérable et fortuné, propriétaire de nombreuses rizières, décide de renoncer à ses biens et à sa famille, et de pratiquer la Voie du Bouddha. Il part vers la capitale, et sur son chemin, il rencontre sa fille éplorée qui tente de le retenir. Mais, refusant tout obstacle à sa décision, il se coupe les cheveux pour preuve de son entrée en religion. Puis il monte sur le mont Kôya et s’adonne à l’ascèse. Sa fille se fait nonne, s’installe au pied de la montagne, nettoie et coud les vêtements de son père jusqu’à sa mort. Le saint homme, apprécié de tous, fait construire une chapelle et, ne trouvant pas d’officiant pour la consécration, voit en rêve un homme qui lui prédit l’arrivée d’un pieux laïc pour célébrer la cérémonie. Au jour dit, un moine de piteuse apparence paraît et le révérend lui demande de consacrer sa chapelle. Le moine est réticent mais accepte après avoir entendu le récit de la prédiction. En réalité, cet officiant est le maître instructeur Myögen, de l’école du Tendai, venu secrètement vénérer la sainte montagne. Le révérend, gardant son esprit droit jusqu’à sa dernière heure, devient très renommé, et le Kôya commence à connaître un éclat particulier. Selon les enseignements des sages, la cupidité engendre les souffrances en cette vie comme dans la prochaine. |
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TE018069 | Hosshinshū: 7. | A) LE RÉVÉREND KYÔKAI D'ODAWARA BRISE SON POT À EAU. B) LE MAÎTRE INSTRUCTEUR YÔHAN DU SONSHÔ COUPE SON ARBRE .– A) Le révérend Kyôkai quitte son monastère pour s’installer sur le mont Kôya. Un jour, alors qu’il se recueille, il s’aperçoit qu’il a oublié son pot à eau sur le sol de la galerie extérieure. Très attaché à cet objet, il craint que quelqu’un ne le lui dérobe. Mais trouvant cette inquiétude absurde qui l’empêche de s’absorber entièrement dans ses prières, il brise le pot. B) Ainsi le maître instructeur Yôhan du Sonshô, plante un magnifique prunier rouge qu’il affectionne tout particulièrement. Un jour, durant l’absence de ses disciples, il demande à un moinillon de lui apporter une hache, et il coupe alors le prunier au ras du sol, et le couvre de sable, ne laissant aucune trace de son arbre. Aux questions de ses disciples, il répond que son attachement était absurde. |
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TE018070 | Hosshinshū: 8. | A)SUKÉKUNI QUI AIME LES FLEURS DEVIENT PAPILLON. B)UN RÉVÉREND QUI AIME SON ARBRE DEVIENT SERPENT.– A) Un homme se rendant au monastère Enjô-ji loue un logis pourvu d’un magnifique jardin. D’innombrables papillons volettent parmi une multitude de fleurs et de plantations d’une indicible beauté. Questionné par l’homme, le maître des lieux répond qu’il a effectué ces plantations pour son père, le célèbre érudit et poète Sukékuni. En effet, son père, passionné de fleurs, a laissé avant sa mort un poème dans lequel il pense être encore amoureux des fleurs dans une autre vie. Il craint que cet attachement ne retienne son père dans la roue des existences. Ayant appris que quelqu’un a rêvé que son père est devenu un papillon, il plante depuis de nombreuses fleurs, pensant que peut -être son père vient s’égarer parmi les fleurs de ce logis. Il répand aussi chaque matin à son intention du sirop de liane ou du miel. B) Ainsi un révérend ayant aimé son mandarinier est devenu un serpent qui niche au pied de l’arbre. Chaque menu attachement nous vaut d’êtres affligés d’une condition mauvaise dans les vies ultérieures ! |
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TE018071 | Hosshinshū: 9. | LE MOINE BUSSHU, AU VAL DE SHIMIZU, PRÈS DE LA COLLINE DE KAGURA.– Un voleur pénètre dans le pavillon des purifications où réside le moine Busshu parti ramasser du bois. Il dérobe de menus objets et s’enfuit. Mais il constate qu’il se retrouve sur les lieux de son méfait, malgré toutes ses tentatives pour s’en éloigner. Quand le moine revient, le voleur lui promet de lui rendre tous ses objets volés, si le moine le laisse enfin rentrer chez lui. Busshu, très compatissant, laisse le voleur tout emporter. Des années plus tard, le moine, se faisant construire un ermitage, voit le charpentier se régaler en dégustant un poisson. Il demande alors à une pieuse laïque qui lui apporte des offrandes régulièrement, de lui servir du poisson. Celle-ci, indignée par cette incroyable requête, lui sert malgré tout du poisson préparé avec soin. Le moine mange, met les restes dans un pot pour plus tard. La femme, jugeant cette conduite regrettable, propose pourtant au moine de lui cuisiner encore du poisson. Mais il refuse, disant son envie passée. Ce même Busshu, malade, seul dans son logis délabré, par une nuit éclairée par une lune très brillante, récite à haute voix l’invocation au Bouddha. Tous l’entendent s’écrier qu’il est enfin heureux. Au petit jour, on le trouve assis sur ses talons, paumes jointes, comme plongé dans le sommeil. |
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TE018072 | Hosshinshū: 10. | A)UN SAINT HOMME DU TENNÔ-JI ET B)UN MENDIANT CACHENT LEURS VERTUS.– A) Un pauvre ascète, vêtu de haillons, vagabonde, moqué par les enfants qu’il croise sur son chemin. Il débite des propos insensés, tel un fou. Une nuit, il demande l’asile à un éminent clerc qui accepte de l’accueillir. Pendant la nuit, l’ascète demande au clerc d’éclaircir quelques questions qui l’embarrassent depuis bien des années. Le clerc, émerveillé, découvre un homme très instruit sur les subtilités du dogme de l’école du Tendai. L’homme, satisfait des réponses du clerc, s’en va au point du jour. Le clerc conte cette rencontre aux gens du voisinage qui vénèrent dorénavant l’ascète. Sans doute agacé d’avoir été percé à jour l’ascète finit par disparaître, et on raconte qu’on l’a trouvé des années plus tard au pied d’un grand arbre, les paumes jointes, assis sur ses talons et les yeux fermés à tout jamais. B) Un mendiant vêtu de haillons, se nourrissant à l’occasion de chair de poisson ou de poulet, passe aux yeux de tous pour un idiot. Mais il emprunte régulièrement pour quelques jours des Ecritures et des commentaires à un saint moine. Il meurt sur la digue, tourné vers l’ouest, les paumes jointes et bien droit sur ses talons. Ces personnages sont des êtres supérieurs tournés vers l’autre vie, cachant leurs mérites loin de la société des hommes. |
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TE018073 | Hosshinshū: 11. | UN MOINE DES PARAGES DU KÔY FEINT DE PRENDRE FEMME.– Un moine ascète demande à un de ses disciples de lui trouver une compagne d’un certain âge pour ses nuits, de l' installer avec lui dans un logement éloigné et de leur apporter leur repas chaque jour. Il demande aussi à son disciple de ne plus le rencontrer et de le faire passer pour mort. Consterné par cette requête inouïe, le disciple accepte et rencontre une veuve âgée d’une quarantaine d’années qu’il installe avec le moine. Pendant des années, le disciple se préoccupe du sort de son maître, mais sans jamais pouvoir le consulter ni lui ouvrir son cœur, comme il l’a promis. Au bout de six ans, la femme lui annonce que le révérend a rendu son dernier soupir. Bouleversé, le disciple le trouve dans son oratoire, son chapelet au poignet, semblant dormir. La femme lui raconte que pendant toutes ces années, ils n’ont entretenu aucune relation de mari à femme. La nuit, l’ascète lui explique combien la roue des existences est exécrable et qu’il faut aspirer à la terre pure. Le jour, il prie et récite l’Invocation. S’étant montré soucieux du sort de la femme, coupée des habitudes du monde, celle-ci le rassure. Elle désire œuvrer pour le salut de son ancien compagnon qu’elle a perdu, et elle ne souhaite pas renaître dans ce monde de souffrances. Elle ressent une joie secrète d’avoir eu un merveilleux ami de bien. Elle dit au disciple qu’à la demande de son compagnon, elle n’a averti personne lors de ses derniers moments. |
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TE018074 | Hosshinshū: 12. | UN MOINE SE PRÉSENTE CHEZ AKIYOSHI, GOUVERNEUR DU MIMASAKA.– Un moine entre dans la maison du gouverneur du Mimasaka et psalmodie les Ecritures. Il répond à son hôte qui le questionne qu’il vit d’aumônes dans un monastère. Il ajoute qu’il a engrossé une fille qui est à son service, et il demande alors au gouverneur de lui donner des vivres pour subvenir aux besoins de cette femme. Le gouverneur, pris de pitié, accepte. Le moine, ne souhaitant pas que l’on sache où il demeure, refuse d’être accompagné par un porteur et repart portant lui-même les provisions. Le gouverneur, intrigué, le fait suivre par un domestique. Après une longue marche, le moine entre dans un ermitage de branchages au fond d’une profonde vallée isolée. Il déballe les vivres et parlant seul, déclare qu’il a de quoi se nourrir durant sa retraite. Puis il se lave les pieds et entre dans le silence. Le domestique, dissimulé sous un arbre, s’émeut en entendant le moine réciter le sûtra du lotus toute la nuit. Le lendemain le domestique s’en retourne et rapporte à son maître tout ce qu’il a vu. Le gouverneur, s’étant douté lors de la visite du moine qu’il avait affaire à un homme peu ordinaire, renvoie le domestique à l’ermitage avec d’autres vivres et avec une lettre dans laquelle il demande au moine de l’avertir de ses besoins. Le moine, plongé dans sa récitation du sûtra du lotus ne répond pas. Le domestique s’en retourne, après avoir déposé les vivres devant l’ermitage. Quelques jours plus tard, le domestique, curieux, retourne sur les lieux. Là, il trouve l’ermitage désert. Le moine est parti, emportant les premières provisions avec lui, mais laissant les autres vivres déposés devant l’ermitage. Pour cacher leurs mérites, ceux qui possèdent l’esprit de la loi déclarent avoir commis des fautes, craignant de devenir objet de vénération. |
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TE018075 | Hosshinshū: 13. | UN ASCÈTE DE L’AGU-I, DE PASSAGE À LA CAPITALE, RENCONTRE UN MOINE QUI VIT RETIRÉ.– Un ascète se rendant à la capitale trouve sur son chemin une nonne qui lui dit que quelqu’un veut le rencontrer. Elle le fait entrer dans une petite maison où loge un vieux moine. Celui-ci explique qu’il n’a pas d’ami de bien et demande à l’ascète de régler ses affaires après sa mort. Le moine lui cédera sa maison, misérable, mais bien tranquille, malgré le tapage émanant du bureau de police lorsqu’un coupable y subit la question. L’ascète, après ces confidences, s’engage auprès du moine et lui rend visite régulièrement pour le rassurer. Plus tard, avant et après le décès du moine, l’ascète prend soin de lui, et respecte ses dispositions. Puis l’ascète cède la maison à la religieuse qui lui dit avoir servi ce moine pendant des années sans connaître son nom, sans jamais voir personne lui rendre visite Elle ajoute qu’une personne inconnue apportait les vivres nécessaires pour eux deux à chaque saison. |
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TE018076 | Hosshinshū: 14. | UN MAÎTRE EN DISCIPLINE YÔKAN AU MONASTÈRE ZENRIN-JI.– 1) Le maître en discipline Yôkan demeure toujours au service de l’empereur, malgré sa profonde piété envers l’invocation au Bouddha. Retiré sur des collines au Zenrin-ji, il vit en prêtant aux gens. Chacun le respecte et ne commet de malhonnêteté à son endroit. Si un indigent ne rembourse pas son prêt, Yôkan se dédommage en lui faisant réciter les invocations, en plus ou moins grand nombre selon le montant de l’emprunt. Puis l’empereur nomme Yôkan intendant du Tôdai-ji. Contre toute attente, celui-ci accepte. Ses disciples se disputent âprement les terres du Todai-ji exemptées d’impôt. Mais l’intendant, lui, les consacre [les revenus] de toutes les terres pour la réfection du monastère. Il se déplace sur une étrange monture pour se rendre au monastère. Dès la fin des travaux de restauration, il donne sa démission. Il n’a détourné aucun bien du monastère pour son propre usage et les gens comprennent que l’empereur a estimé que Yôkan était le seul à pouvoir prendre soin du monastère délabré. 2) Le maître Yôkan fait distribuer aux malades du Yakuô-ji les fruits d’un prunier du monastère. Cet arbre surnommé « le prunier champ de compassion » demeure encore aujourd’hui, témoin du passé. 3) Un jour au monastère, un visiteur voit le maître étaler un grand nombre de bâtonnets à calculer. L’homme pense que Yôkan calcule les intérêts de ses prêts mais ce dernier lui répond qu’il a oublié le nombre d’invocations au Bouddha qu’il a prononcées ces années passées. 4) Le maître en discipline se rend à la cérémonie d’intronisation de sa fonction d’intendant vêtu d’habits peu ragoûtants, monté sur un cheval étique et d’aspect misérable. Les enfants lui demandent si la cérémonie va bien avoir lieu, et le maître répond qu’en fait les enfants se demandent si c’est bien lui l’intendant du Tôdai-ji ! 5) Ensuite Yôkan désire devenir chapelain du monastère Hosshô-ji, édifié par un empereur retiré, car « qui accepte l’aumône peut bien accepter la royauté » ainsi que le dit ce verset relevé dans les Ecritures. Là aussi, il se rend à son palais dans une tenue non conforme aux usages. Par la suite, il ne se rend jamais au monastère pour s’acquitter des ses fonctions. Les moines se plaignent auprès de l’empereur qui rétorque que l’indiscipline de Yôkan est d’un autre prix que la discipline de tout un chacun et n’émet aucun blâme. 6) A la fin de sa vie, le maître fait venir auprès de lui un ascète comme ami de bien. Il lui demande de réciter le texte des douze catégories d’écriture du Grand Véhicule. Yôkan est très mécontent car l’ascète ne fait qu’énumérer les titres des douze catégories. Dans ses derniers moments de lucidité, il fait réciter l’invocation au Bouddha et écoute en purifiant son cœur. Il prononce ensuite à plusieurs reprises un verset et accomplit sa Renaissance. |
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TE018077 | Hosshinshū: 15. | JAKUSHIN, LE SECRÉTAIRE DU DÉPARTEMENT DES AFFAIRES DE LA COUR ENTRÉ DANS LA VOIE.– 1) Le secrétaire des affaires de la cour, Jakushin, désire entrer dans la Voie du Bouddha et se montre très compatissant. Il remet sa propre ceinture à une femme qui pleure pour avoir égaré une ceinture garnie de pierres précieuses destinée à son maître. Puis Jakushin emprunte une ceinture à quelqu’un pour remplir son office de secrétaire lors de la séance à la cour. 2) Un jour, il se rend au palais, monté sur un cheval. Il s’arrête pour vénérer chaque pagode, chapelle ou stèle. Il laisse son cheval paître à sa guise, si bien que le soir arrive. Le valet de Jakushin est excédé et fouette brutalement l’animal. Jakushin pousse des cris et se lamente : un lien l’unit certainement à ce cheval qui a pu être son père ou sa mère dans une existence antérieure. On comprend alors pourquoi on peut lire dans les notes du secrétaire : « Mon corps hante la ville, mais mon cœur s’est retiré du monde ». 3) Quand Jakushin prend de l’âge, il se rase la tête et va étudier les écritures sur le mont Yokawa. Là, il rencontre le révérend Zôga qui accepte de le former. A la lecture des premiers mots du Maka shikan (« La grande somme de quiétude et de contemplations »), le secrétaire éclate en sanglots. Le maître Zôga pensant que son élève ne peut avoir déjà pénétré le sens profond du texte est furieux et lui décoche un coup de poing. Jakushin se retire, mais demande de nouveau au maître de lui expliquer les écritures. Mais il éclate de nouveau en sanglots, et se fait encore malmener par Zôga. Quelques jours plus tard, il renouvelle sa demande auprès du maître, et se met encore à pleurer, et plus fort que jamais, lors de la lecture des écritures. Alors le révérend a lui aussi les larmes aux yeux devant la vénération de son élève. Il lui dispense ensuite sereinement son enseignement. Jakushin parvient à un haut degré de vertu, Quand il accomplit sa Renaissance, c’est le seigneur de la chapelle entré en religion qui assure la cérémonie de lecture de l’oraison chantée et qui donne cent mille pièces de chanvre blanchi au soleil. |
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TE018078 | Hosshinshū: 16. | LE SAINT HOMME DU MIKAWA, SADAMOTO SE REND EN CHINE ET Y ACCOMPLIT SA RENAISSANCE.– Le docteur de la Voie des lettres Sadamoto est nommé gouverneur du Mikawa. Il abandonne son épouse et emmène dans sa province une nouvelle femme. Mais celle-ci tombe malade et meurt. Ivre de douleur Sadamoto n’abandonne pas la dépouille de la femme, et observe ce qu’elle devient au fil des jours. Et c’est ainsi qu’il éveille son cœur. Puis il coupe ses cheveux et parcourt le pays en mendiant. Il retourne chez son ancienne femme et lui demande l’aumône. A sa vue, sa femme pleine de ressentiment lui dit qu’elle a tant souffert qu’elle a toujours souhaité le voir dans cet état. Mais Sadamoto répond que c’est certainement grâce à elle qu’il deviendra un éveillé. Il la remercie et repart, tout joyeux. Puis il devient le disciple du secrétaire du département de la cour. Ensuite il monte à Yokawa où il est instruit par le recteur monacal Genshin. Pour finir, il se rend en Chine où il obtient le titre de Grand Maître. Lorsqu’il accomplit se Renaissance, il entend la musique qui accompagne la venue de Bouddha et compose alors un poème en chinois et un autre en Japonais. |
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TE018079 | Hosshinshū: 17. | LE RÉVÉREND SENMYÔ ET LE RÉVÉREND KAKUSON.– 1) Le révérend Senmyô vit retiré sur la montagne et pratique assidument la contemplation du Principe. Un jour, alors qu’il se livre à la méditation dans son oratoire, il entend une voix dans le ciel. Quand il demande qui parle ainsi, la voix répond qu’elle est la triple éminence de ces lieux [les trois divinités principales du mont Hiéi ] et qu’elle parcourt le ciel trois fois par jour pour protéger le moine. Senmyô ne se soucie aucunement de ses besoins quotidiens et n’accepte comme aumône que le riz qu’un moinillon mendie dans les ermitages voisins pour le nourrir. Une impératrice décide, suite à un vœu, de subvenir aux besoins d’un moine particulièrement remarquable. Ayant appris que l’ascète Senmyô est éminemment respectable, elle coud pour lui une étole de ses propres mains. Elle imagine ensuite avec le moinillon un subterfuge pour que le moine accepte son présent. Quand le moinillon apporte l’étole au révérend, il lui dit qu’il ignore le nom de son donateur. Senmyô prend l’étole et la jette dans un ravin en disant : « Bouddhas des trois mondes, daignez accepter ceci ». 2) Le révérend donne aux gens tout ce qu’ils demandent. Un jour il détache quelques lattes de bois de son plancher qu’il donne à quelqu'un qui en a besoin. Par une nuit noire, son ami le révérend Kakuson vient le voir et tombe, ne voyant pas les lattes manquantes du plancher. Il s’écrie « Aie ! Je me suis fait mal !». Senmyô le sermonne. En effet, si Kakuson était mort à cet instant, ses derniers mots auraient dû être « Hommage au Bouddha Amida », et non pas « Aie ! Je me suis fait mal ! ». 3) Un jour Senmyô rend visite au révérend Kakuson. Ce dernier doit s’absenter pour une tâche urgente mais met longuement de l’ordre dans ses affaires avant de partir. Senmyô, intrigué, va voir après le départ de son ami ce qu’il a fait tout ce temps. Il trouve alors des scellés sur chacune des affaires de Kakuson. Il est furieux d’une telle méfiance à son égard, et quand son ami revient, Senmyô lui exprime tout son ressentiment. Mais Kakuson explique qu’il n’a pas l’habitude de cacher ses biens, qu’il ne craint pas d’être volé, mais que si quelque chose disparaissait, il pourrait avoir un soupçon à l’égard de son ami, ce qui serait alors un grave péché. Il s’est méfié de lui-même, et non de son ami. 4) Plus tard, quand Kakuson meurt, Senmyô déclare que son ami a assurément accompli sa Renaissance, car il s’est montré vraiment avisé en apposant des scellés sur ses biens. Par la suite, en rêve, il rencontre Kakuson. Il lui demande à quel degré de paradis a eu lieu sa renaissance. Il dit se trouver au degré inférieur de l’étage inférieur, et cela grâce aux conseils de prière de Senmyô. Senmyô lui demande alors si lui-même pourrait y accéder. Son ami lui répond que sans nul doute Senmyô est déjà promis au degré supérieur de l’étage supérieur. 5) Un jour qu’il quitte la montagne et se rend en ville, Kakuson voit un cheval entravé. Pris de pitié, il le délivre de ses liens. Le maître de l’animal prend le révérend pour le voleur, le ligote et le conduit au bureau de police. Quand l’inspecteur le questionne, le révérend dit qui il est. L’inspecteur, navré de cette erreur, le fait délier en toute hâte et le laisse repartir, après de nombreuses excuses. Mais Kakuson s’en va en lui répondant sèchement. |
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TE018080 | Hosshinshū: 18. | L’ASCÉTE RAKUSAI DU MONASTÉRE MYÔHÔ-JI AU PAYS DE TSU.– 1) Rakusai décide de se retirer du monde et de vivre en ermite après avoir vu un homme travailler la terre en frappant durement son bœuf. En effet, c’est un horrible péché de jouir sans rien faire des productions dues aux efforts d’hommes et aux souffrances des bêtes. L’ascète parcourt tout le pays et arrive au monastère Myôhô-ji. Il se rend dans l’ermitage d’un moine qui est absent, met quelques fagots dans le feu et se chauffe le dos. Lorsque le moine revient, il est furieux devant les façons intolérables de Rakusai. Ce dernier lui dit être un ascète itinérant qui a éveillé son cœur. Pensant que son hôte est aussi un disciple du Bouddha, Rakusai s’étonne de son avarice. Il propose de lui rendre le bois qu’il a brûlé. Le maître des lieux demande alors à Rakusai de se mettre à l’aise et éprouve de la sympathie au récit de ses intentions. L’ascète défriche un coin de montagne et s’installe dans un ermitage construit avec des branchages. 2) Quelques années plus tard, un ministre entré en religion dépêche le guerrier Moritoshi pour rencontrer Rakusai avec ordre de constater la sainteté de cet homme. Le guerrier remet une lettre très bienveillante à l’ermite ainsi que des présents. Rakusai répond qu’il n’est rien pour bénéficier de telles paroles. Comme il serait malséant de refuser les cadeaux, il les accepte, mais seulement pour cette fois. Il ajoute qu’il n’a rien à demander au ministre et qu’il ne peut aucunement lui être utile. Le messager rapporte ces propos au seigneur qui trouve l’ermite véritablement digne de respect et décide de ne plus s’adresser à lui. Rakusai distribue tous ses présents à ses confrères du monastère sans rien garder pour lui. A un moine qui s’étonne de cette conduite, l’ermite répond que rendre ces offrandes serait, par crainte de convoitise, manquer de compassion. En effet, refuser serait contraire à l’esprit du Bouddha. 3) Près de ce monastère une veuve âgée vit dans un affreux dénuement. L’ermite lui fait constamment des dons provenant des offrandes qu’il reçoit de tous côtés. Un jour, il lui apporte des gâteaux de riz et en chemin laisse tomber son chapelet. L’ayant égaré dans une épaisse végétation, il renonce à le chercher et consulte un fabricant pour lui en commander un autre. Mais un corbeau vient alors se poser sur l’un des toits du monastère avec le chapelet de Rakusai dans son bec. L’ermite récupère son chapelet et depuis l’oiseau devient son familier. Par la suite, à voir ses façons, l’oiseau se fait pour ainsi dire le protecteur de la Loi. 4) De très nombreux lotus poussent dans un étang devant l’ermitage. Or, un été, aucune fleur n’éclot. A ceux qui s’en étonnent, l’ermite répond que c’est cette année qu’il doit quitter ce monde et que les lotus fleuriront dans le lieu où il se trouvera. Il s’éteint en effet cette année là, son esprit restant toujours aussi droit jusqu’à la fin. |
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TE018081 | Hosshinshū: 19. | SÔSHIN RESTITUE UNE ÉTOLE APRES SA MORT.– Le moine Senshun, après avoir étudié sur la montagne, réside dans un monastère du pays de Tsu. Il possède un ensemble de trois étoles qui ont été possédées par plusieurs dignitaires dont l’illustre Bodhisattva Monju. Le moine Sôshin, habitant non loin du monastère, devient le disciple de Senshun. Après avoir entendu les histoires merveilleuses autour de ces étoles, il désire en hériter et Senshun lui en donne une en lui promettant les deux autres à sa mort. Mais le disciple tombe malade et meurt. A sa demande, il est enterré avec son étole. Par la suite Senshun vient réclamer aux disciples de Sôshin l’étole manquante, pour ne pas dépareiller l’ensemble. Quand les disciples de Sôshin rapporte les dernières volontés de leur maître, Senshun peine à les croire, mais finit par se résigner, tout en se désolant. Or, un an après, Senshun voit en rêve le défunt Sôshin qui lui dit avoir pu renaître dans la cour intérieure grâce aux mérites acquis en revêtant l’étole. Sôshin ajoute que devant la profonde affliction de Senshun, il lui rend et lui demande d’aller ouvrir le coffre où elle était rangée autrefois. Une fois éveillé, le moine ouvre le coffre et trouve l’étole bien pliée, à sa place. Il se met à pleurer devant cet extraordinaire prodige. Plus tard, à l’heure de sa mort, il revêt les étoles et accomplit sa Renaissance. Puis un de ces disciples en hérite à son tour et accomplit lui aussi sa Renaissance. |
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TE018082 | Hosshinshū: 20. | SHINJÔ-BÔ DEVIENT, POUR UN TEMPS, DÉMON-DES-MONTAGNES.– Le moine Shinjô-bô, disciple du recteur du monastère de Toba, désirant se retirer du monde des hommes, demande à son maître d’intercéder en sa faveur pour occuper un poste vacant de moine adepte de la concentration au monastère de Hosshô-Ji, à Kyoto. Le recteur accepte et le moine passe ses jours à invoquer Bouddha. Dans l’ermitage voisin de Shinjô-bô vit le moine Éisen-bô qui distribue de la nourriture à des lépreux matin et soir. Shinjô-bô, lui, nourrit les mendiants. Ces deux détenteurs de l’esprit de la Voie vivent séparés par une simple haie, et chacun reste de son côté. Apprenant que le recteur est très souffrant, Shinjô-bô lui rend visite. Au recteur qui dit vivre leur dernière rencontre avant de quitter ce monde, le moine, ému de compassion, répond qu’il le retrouvera dans l’autre monde où il continuera de le servir. Shinjô-bô s’en retourne et peu de temps après, le recteur s’éteint. Quelques années plus tard, Éisen-bô, le voisin de Shinjô-bô, est souffrant, et trépasse de façon merveilleuse, suscitant l’admiration de tous. Deux ans plus tard, Shinjô-bô, frappé par un mal étrange qui le rend fou, succombe à son tour. Sa vieille mère est très attristée et finit par être possédée elle aussi par un esprit. De sa bouche sortent les mots de son fils défunt. Il explique qu’il a passé un contrat avec son recteur monacal, ce qui l’a entraîné dans la condition de démon-des-montagnes. Il ajoute que cette condition dure six ans, et qu’il la quittera l’an prochain pour gagner enfin le paradis. Il demande à tous de prier pour lui et n’ayant pas survécu à sa mère, il se lamente de ne pas avoir pu être pour elle un ami de bien et de n’avoir pu prier pour son salut après sa mort. Au contraire, parti avant elle, il devait la conduire au paradis, mais au lieu de cela, au vu de sa condition actuelle, il en est réduit à la tourmenter. La vieille mère éclate en sanglots, bâille, et revient à son état ordinaire. Puis elle écrit des textes sacrés dont elle fait offrande à son fils. L’hiver venu, la parole de Shinjô-bô sort à nouveau de la bouche de la vieille femme. Le moine exprime sa joie d’avoir bénéficié des prières pour son salut dans l’autre monde. A l’aurore, il obtiendra enfin la délivrance. Pour preuve, il demande à tous de sentir la puanteur de son corps infect. Sur ces mots la mère retient son souffle, puis l’expulse, libérant une odeur nauséabonde qui emplit la maison. A l’aurore, la voix assure avoir régénéré ce corps impur et être arrivé au paradis. La mère de Shinjô-bô souffle et une haleine embaumée d’un parfum suave se répand dans la maison. Il faut absolument se garder de promettre à quiconque de le suivre, si haut que soient les mérites dus à son austérité ! |
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TE018083 | Hosshinshū: 21. | SUKÉSHIGÉ ACCOMPLIT SA RENAISSANCE GRÂCE À UNE SEULE INVOCATION.– Sukéshigé, un ancien sergent du palais royal, est tué par la flèche d’un brigand. Avant de succomber, il s’écrie « Hommage au Bouddha Amida ! ». Les gens du bourg voisin qui l’ont entendu accourent et le trouvent assis sur ses talons, les paupières closes, tourné vers l’ouest. Le moine Jakuin qui connaît Sukéshigé, mais ignorant cette affaire, voit en songe cette nuit là un homme mort au bord du chemin dans une vaste lande. De nombreux moines se trouvant là disent à Jakuin qu’il doit voir un « Renaissant » qui se trouve ici. Il y va et découvre qu’il s’agit de Sukéshigé. Son rêve se termine alors. Le matin même, un jeune garçon qui était au service de Sukéshigé, apprend le décès de celui-ci à Jakuin. Par ailleurs, un ascète voit aussi en songe quelqu’un qui lui demande de se mettre en route et de nouer un lien avec un « Renaissant ». L’endroit est bien le logis de Sukéshigé, et la date coïncide aussi. Cette unique invocation de Sukéshigé et sa renaissance dans la Terre Pure diffère vraiment de ces longues années accumulées par le recteur demeuré dans une Voie mauvaise [récit précédent]. |
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TE018084 | Hosshinshū: 22. | LE SIEUR TACHIBANA ACCOMPLIT SA RENAISSANCE POUR AVOIR FAIT UN VŒU.– Le sieur Tachibana âgé de quatre-vingts ans ignore encore la loi du Bouddha. Il ne fait pas maigre les jours d’abstinence, n’éprouve aucun respect envers les moines et il ne s’amende pas quand quelqu’un l’admoneste. Alors qu’il est administrateur de domaines dans l’Yio, à l’automne, il sent venir sa dernière heure, mais conserve un esprit droit, et accomplit sa Renaissance. Une nuée violette apparaît, et un suave parfum se répand à la ronde. Déconcertés, les gens demandent à sa femme à quelles pratiques son mari s’est adonné pendant sa vie. Celle-ci répond qu’il n’a jamais accompli aucun acte méritoire, mais que chaque soir, depuis le sixième mois de l’avant dernière année, sans se soucier de son apparence, il se tournait vers l’ouest, lisait un certain texte et se prosternait en joignant ses mains. Dans cette déclaration de vœu, Tachibana s’adresse humblement à Amida l’Ainsi-Venu [le Bouddha sauveur] , ses deux bodhisattvas et à la foule des saints. Il déclare que son esprit est resté stupide, malgré sa condition d’être humain, et qu’il ne s’est jamais adonné à la moindre pratique. Il ajoute dans ce texte qu’il s’apprête à regagner les mains vides une des trois mauvaises Voies. Puis il cite le grand vœu d’Amida qui dit que si un homme coupable de quatre crimes graves et de cinq transgressions majeures demande au moment de mourir de renaître dans sa contrée et répète dix fois « Hommage au Bouddha », il l’accueillera. C’est pourquoi Tachibana explique dans son texte que chaque soir il se tournait vers l’ouest et invoquait le précieux nom d’Amida. D’autre part, on raconte qu’un saint homme a accompli sa Renaissance en prononçant à chaque heure, comme si c’était la dernière de sa vie, la décuple invocation. Ainsi si l’on a dans le cœur sans jamais l’oublier la pensée du paradis, on ne manquera pas d’y renaître à l’heure de sa mort. |
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TE018085 | Hosshinshū: 23. | UN SAINT HOMME REFUSE DE RECEVOIR UN VISITEUR.– Un ascète pratique sans relâche l’invocation au Bouddha. Prétextant une affaire importante, il refuse de recevoir un visiteur. Questionné par un de ces disciples, il répond qu’ayant obtenu la condition d’être humain, il n’y a rien de plus important pour lui que d’échapper cette fois-ci à la roue des existences, et de renaître au paradis. Ainsi il est dit dans le Sutra de la méditation assise : « Aujourd’hui on s’occupe de ceci, demain on vaquera à cela ; attaché aux plaisirs, aveugle aux souffrances, on ne prend pas garde à la venue de ce brigand, la mort. » |
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TE018086 | Hosshinshū: 24. | UN VIEILLARD DU PAYS DE SRĀVASTĪ N’ACTUALISE PAS LES MÉRITES ACQUIS EN UNE VIE ANTÉRIEURE .– Alors que Shaka [[e Bouddha historique], accompagné de son disciple Ānanda , se trouve au pays de Srāvastī, il croise un vieillard et sa femme. Tous deux ont des cheveux blancs, sont ridés, décrépis, très amaigris et peinent à trouver leur souffle. Le Bouddha dit alors à son disciple que ce vieillard a accumulé de grands mérites dans une vie antérieure et qu’il aurait pu devenir un notable et même un saint s’il avait pratiqué. Mais, faute d’avoir aspiré au salut, ce vieil homme est réduit à présent à un état misérable. Il aura vécu pour rien dans cette condition humaine si difficile à obtenir. Shaka ajoute que rien ne le distingue de ce vieux mendiant, lui qui vit dans l’indolence, sans pratiquer l’ascèse alors même qu’il a rencontré le Sûtra du lotus, et a été instruit du vœu compatissant du Bouddha Amida. | |
TE018087 | Hosshinshū: 25. | MAÎTRE SHANDAO VOIT LE BOUDDHA.– Shandao, disciple de Daochuo, surpasse son maître. En état de concentration, il voit Amida |Bouddha sauveur], l’interroge, et obtient l’illumination. Son maître Daochuo, inquiet de savoir s’il ira renaître au paradis, demande à son disciple de questionner le Bouddha. Ce dernier répond ainsi : « Pour abattre un arbre, on donne de la hache. Pour regagner son logis, on n’épargne pas sa peine ». Shandao rapporte ces sentences à Daochuo qui les explique à son disciple. Si on entaille l’arbre sans répit, il finit par être abattu. Ainsi il ne faut pas relâcher son effort. Pareillement pour regagner son logis, il ne faut pas s’arrêter, même si l’on peine. Ainsi enseigne- t- il qu’avec une ferme volonté et de la persévérance, la Renaissance est assurée. |
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TE018088 | Hosshinshū: 26. | DU VIEILLARD « PLUS ENCORE » EN PAYS D'ÔMI.– Un vieil homme, mendiant en pays d’Ômi, ne sait que dire « plus encore ». Tous le surnomment « le vieux plus encore » et éprouvent de la compassion à son égard. Or un ascète du pays de Yamato, lors d’une vision, voit que le vieil homme accomplit sa Renaissance. L’ascète s’installe dans la hutte de branchages du mendiant et espère entendre pendant la nuit les exercices pratiqués par le vieillard. Mais le mendiant n’en pratique aucun, et à l’ascète qui le questionne, il répond que sa seule pratique, c’est le « plus encore », ces mots qu’il ne cesse de répéter. Quand il a faim, il se représente des démons affamés, et il se dit qu’ils souffrent plus encore. Ayant trop froid ou trop chaud, il imagine ce que sont l’enfer glacé et l’enfer brûlant. Sa crainte de tomber dans l’une des voies mauvaises s’accroît chaque fois qu’il éprouve de la souffrance. Quand il rencontre des plaisirs de ce monde, mets délicieux, couleur ravissante, chant magnifique, parfum suave, il ne s’y abandonne pas, et pense que le paradis doit être plus merveilleux encore. Le moine, très ému par ces propos s’en va. |
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TE018089 | Hosshinshū: 27. | UNE LUMIÈRE IRRADIE SUR LA TÊTE D’UN CONVERS AU SERVICE DU CONTRÔLEUR MONACAL DE L’IYO.– Un moine très pieux au service du contrôleur monacal de l’Iyo récite sans relâche l’invocation au Bouddha. Une nuit, le contrôleur monacal sort pour une affaire. Le moine marche devant la voiture, un flambeau à la main. C’est alors que le contrôleur voit, dans les reflets de ce feu une lumière irradier au-dessus de la tête du convers. Stupéfait devant un tel prodige, il fait porter le flambeau à un autre homme, mais le moine reste toujours illuminé. Plus tard, le contrôleur convoque le moine et le soustrait de son service, en lui demandant de se consacrer dorénavant uniquement à l’invocation. Et pour sa subsistance il lui cède une parcelle de rizière. Le moine répond qu’il est fort désappointé devant cette proposition car, pour lui, le servir ne nuit en rien à sa pratique de l’invocation. Le contrôleur lui détaille les raisons de sa décision, et le moine finit par accepter. Il partage la rizière entre ses deux fils qui le nourrissent et il bâtit un ermitage dans lequel il demeure jusqu’à sa mort, récitant l’invocation sans jamais se laisser distraire. Pour accomplir sa Renaissance on peut avoir un esprit borné et il n’est pas non plus nécessaire d’aller se perdre dans les montagnes au fond des forêts. |
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TE018090 | Hosshinshū: 28. | LE GOUVERNEUR DE L’IYO, ENTRÉ EN RELIGION, ACCOMPLIT SA RENAISSANCE.– 1) Le gouverneur de l’Iyo Yoriyoshi ne fait que commettre des péchés depuis sa jeunesse, se livrant à de nombreux massacres. Chacun pense que c’est assurément l’enfer qui attend cet homme. Mais Yoriyoshi entend un moine retiré du monde parler de l’impermanence du monde et de la crainte qu’inspire la rétribution des fautes. A ces mots le gouverneur éveille son cœur, se rase le crâne et passe sa vie à demander la Renaissance au paradis. Plein de compassion, il se livre à de pieux exercices dans la chapelle du moine et verse tant de larmes que celles-ci coulent à flots jusqu’au sol du jardin. Par la suite il dit être sûr d’accomplir sa Renaissance. Son cœur résolu qui s’est éveillé en lui ne diffère en rien de celui qui le poussait à faire tomber une citadelle rebelle. On rapporte qu’il connaît une fin merveilleuse et accomplit sa Renaissance. Il ne faut pas se rabaisser, même si l’on a commis de nombreux péchés. Quand on éveille sérieusement son cœur, on accomplit sa Renaissance. 2) Le fils de Yoriyoshi, lui, manque d’un ami de bien et n’éveille pas en lui son cœur contrit. Il est atteint d’une grave maladie quand une femme, voisine de sa demeure, voit en songe d’innombrables êtres terrifiants qui lui disent venir arrêter quelqu’un. Puis ils poussent un homme devant eux et un être au-devant du cortège porte un écriteau avec cette inscription : « Condamné à l’enfer sans répit ». Tirée de son rêve, la femme apprend que le fils de Yoriyoshi a expiré à l’aube. |
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TE018091 | Hosshinshū: 29. | GENDAYÛ, DU PAYS DE SANUKI, ÉVEILLE SOUDAINEMENT SON CŒUR ET ACCOMPLIT SA RENAISSANCE.– Gendayû égorge les êtres vivants et cause la perte des humains, inspirant une immense terreur autour de lui. Revenant de la chasse, il passe devant une maison où l’on célèbre l’installation d’une effigie du Bouddha. Trouvant cette cérémonie amusante, il met pied à terre, enjambe le dos des fidèles agenouillés, s’installe près du célébrant et lui demande ce que signifie son homélie. Effrayé, le moine cesse son prêche, et lui explique que le serment d’Amida [le Bouddha sauveur] est digne de confiance, lui décrit les joies du paradis et les souffrances de ce monde, et tout le reste. Gendayû dit qu’il aimerait bien devenir moine et qu’il ignore le chemin pour se rendre dans la contrée où réside le Bouddha. Il demande si le Bouddha lui répondra s’il l’appelle de toutes ses forces. Le moine répond que s’il éveille profondément son cœur, il obtiendra sans nul doute sa réponse. Gendayû demande alors d’être fait moine sur le champ. Mais son serviteur lui suggère de rentrer chez lui pour régler ses affaires avant de se retirer du monde. Gendayû est furieux et le menace de son sabre. Tous sont épouvantés. Mais Gendayû se glisse à genoux devant le célébrant et exige d’avoir le crane rasé immédiatement, menaçant le moine à son tour. Le moine obtempère et fait de lui un moine. Vêtu d’un froc et d’une étole, Gendayû prend le chemin de l’ouest en criant « Hommage au Bouddha Amida ». Tous ceux qui l’entendent sont très émus. Cheminant au fil des jours Gendayû arrive dans un monastère de montagne. Un des moines, suspicieux, est très touché par le récit de ce voyageur, et lui offre un peu de riz séché. Mais Gendayû dit qu’il n’a pas envie de se nourrir et que sa seule pensée est de marcher à travers monts, forêts, lacs et rivières jusqu’à ce que le Bouddha daigne lui répondre. Il reprend sa marche vers l’ouest, suivi par un moine qui le trouve installé sur un rocher à la pointe d’un éperon montagneux dominant la mer. Gendayû explique au moine que c’est ici que le Bouddha répond à ceux qui l’invoquent. En effet, à ses appels, l’auguste voix résonne légèrement du côté de la mer. Gendayû demande au moine de partir et de revenir dans sept jours, pour voir ce qu’il est devenu. Sept jours plus tard le moine, accompagné de nombreux confrères, trouvent Gendayû dans la même position, assis, paumes jointes tourné vers l’ouest, les yeux fermés. Sur la pointe de sa langue a poussé une fleur de lotus bleue. Les moines lui rendent hommage, détachent la fleur et l’offrent au gouverneur du pays qui la donne ensuite au seigneur d’Uji. Même si on n’accumule pas de mérites, on accomplit sa Renaissance quand on met toute sa confiance dans le Bouddha au plus profond de son cœur. |
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TE018092 | Hosshinshū: 30. | UN MAÎTRE EN MÉDITATION SE REND AU MONT FUDARAKU.– Le mari d’une nourrice, entré en religion, aspire à accomplir sa Renaissance. Pour garder l’esprit droit devant la mort, exempt de toute maladie, il se résout à subir l’autocrémation. Pour éprouver sa résistance, il plaque contre ses flancs deux fers de houe brûlants. Malgré des brûlures insupportables, le moine s’apprête à mettre son projet de crémation à exécution quand il songe soudain qu’il n’est en rien assuré d’aller renaître au paradis. Il décide alors de se rendre au mont Fudaraku [montagne mythique où réside le Bodhisattva Kannon]. Il panse ses plaies, loue une barque, s’exerce au maniement du gouvernail, et lorsque le vent devient propice à son départ, il met voile vers le sud. Sa femme et ses enfants ne peuvent le retenir et sont éplorés en voyant la barque disparaître au large. Tous pensent qu’il a dû atteindre le but de son pèlerinage, mû par une volonté aussi ferme. C’est aussi ce que fit, des années auparavant, un saint homme accompagné de son disciple. |
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TE018093 | Hosshinshū: 31. | UNE DAME SE REND AU TENNÔ-JI ET SE JETTE À LA MER.– Une mère et sa fille sont dames de compagnie chez une personne de naissance princière. Après quelques années, la fille meurt. Sa mère est extrêmement affligée et sa douleur ne fait que croître au fil des ans. La femme ne peut restreindre les manifestations de sa tristesse, même lorsque les circonstances l’exigent. Or, au début de la troisième année, la dame d’atour, sans avertir quiconque, quitte la ville avec sa jeune servante qui se charge de son sac dans lequel se trouvent quelques vêtements et un coffret. Elles finissent par arriver toutes deux au Tennô-ji. Elles logent chez un habitant à qui la dame explique qu’elle a l’intention de rester sept jours pour accomplir l’invocation au Bouddha, et offre à son hôte un vêtement. Chaque jour la dame d’atour fait ses dévotions, et fait offrande au reliquaire du coffret et de deux vêtements. La septaine accomplie, l’hôte pense que la dame va repartir, mais celle-ci se sentant merveilleusement purifiée, décide de rester encore sept jours. Après ce temps écoulé, elle dit à son hôte qu’elle veut encore prolonger son séjour d’une semaine. Elle lui donne de nouveau un vêtement. Mais l’homme tente de refuser son cadeau, disant qu’il en a suffisamment mais elle le force à accepter. Elle invoque ainsi le Bouddha pendant trois semaines. Puis elle demande à son hôte de la conduire, avant son départ, à la baie de Naniwa. L’homme la guide sur la plage. Là, ils embarquent et tout en ramant, l’hôte mène la dame ça et là. Se trouvant loin au large, la dame reste tournée vers l’ouest, en invoquant le Bouddha, et d’un bond se jette dans la mer. L’homme horrifié tente de la sauver, mais la dame a coulé comme une pierre. Une nuée apparaît alors et recouvre la barque, accompagnée d’un parfum suave. Profondément ému l’homme rejoint le rivage, où des gens se sont assemblés, intrigués par un nuage violet au large. A son retour, l’homme trouve dans son logis des écrits de la dame dans lesquels elle décrit des songes. A la fin de chaque semaine, elle a vu des Bodhisattvas venir la chercher. Ainsi, le septième jour de la troisième septaine, elle a vu Amida avec le cortège des bodhisattvas venir la chercher. |
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TE018096 | Hosshinshū: 32. | UN MOINE ITINÉRANT DU MONT SHOSHA ACCOMPLIT SA RENAISSANCE EN CESSANT DE SE NOURRIR .– Un moine itinérant vivant depuis plusieurs années sur le mont Shosha confie un jour au doyen son intention de cesser de se nourrir pour s’éteindre paisiblement, en gardant son esprit droit et son corps exempt de toute maladie afin de renaître ainsi au paradis. Il ajoute que d’autres procédés comme l’autocrémation ou la noyade dans la mer sont trop ostentatoires, et source de violentes souffrances. Le moine demande au doyen de n’en parler à personne, et il lui annonce que c’est leur dernière conversation, car il va vivre reclus dans un ravin, en observant un silence absolu. Le doyen, très ému, lui demande toutefois la permission de venir le voir discrètement. Le moine accepte et se retire. Le doyen, craignant d’être importun, laisse passer quelques jours, et se rend au lieu indiqué par le moine et il trouve ce dernier installé dans une petite hutte, lisant un sûtra. A la remarque du doyen sur sa maigreur et ses souffrances, l’ermite, ne voulant pas rompre son vœu de silence, écrit sa réponse. Il a souffert pendant plusieurs jours, mais un éphèbe divin apparu en songe l’a rafraîchi en lui versant de l’eau dans la bouche. Depuis ses forces sont revenues, et sa fin promet d’être belle. Le doyen, émerveillé, ne peut s’empêcher de rapporter ces faits à son disciple le plus proche. Ainsi peu à peu le bruit se répand, et les moines du monastère vont voir le reclus pour nouer un lien [lien de salut avec le Bouddha qu’un homme peut contracter par l’intermédiaire d’un saint homme]. Le moine très déçu de la trahison du doyen, ne peut rien faire. La rumeur se propage, et on vient de tout le canton en menant grand tapage. Le doyen tente vainement de ramener le calme. Le reclus, toujours muet, est tout attristé par cette situation qu’il a générée. Jour et nuit, on lui lance des offrandes, des grains de riz ; il finit par disparaître. Toutes les recherches pour le retrouver demeurent infructueuses, et on découvre, quelques jours plus tard, non loin de la hutte de l’ermite, le sûtra qu’il lisait. Ainsi les pratiques qui permettent d’accéder au rang de Bouddha ou de Bodhisattva consistent toutes à attacher du prix à la Loi et à mépriser sa propre vie. Il n’y a pas à médire de ceux qui suivent cette voie. Tel le fameux Shandao, patriarche de l’école de l’invocation au Bouddha, ayant pourtant assurément accompli sa Renaissance, qui monte à la cime d’un arbre et se jette en bas. Ainsi est-il de nombreux exemples de personnes qui, ayant mis fin à leur vie par de semblable pratiques, donnent des signes évidents de leur heureuse Renaissance : parfum inconnu qui se répand, nuées violettes qui se déploient et aussi cette eau répandue dans la bouche du moine par un éphèbe. Il faut respecter et croire ces exemples. Et le comble de la sottise serait de troubler la foi d’autrui. rn |
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TE018097 | Hosshinshū: 33. | RENGÉJÔ SE JETTE À L’EAU.– Rengéjô, un ascète fort connu, confie à son ami Tôren, maître de la Loi, son intention de mettre fin à ses jours en se jetant à l’eau. Sentant sa fin de vie proche, il souhaite s’en aller en gardant ses pensées droites et son esprit clair. Tôren tente de dissuader Rengéjô en disant que cet acte est stupide et lui conseille de pratiquer quotidiennement l’invocation au Bouddha. Mais devant l’entêtement de Rengéjô, Tôren se résigne et prend avec lui toutes les dispositions nécessaires. Rengéjô se rend au bord de la Katsura, là où la rivière est profonde, et est englouti dans les eaux après avoir prononcé à voix haute l’invocation. Beaucoup de gens, venus sur la rive, sont emplis d’un sentiment de vénération et d’une immense douleur. Tôren est très attristé par la disparition de son ami. Quelques jours plus tard, celui-ci souffre d’une maladie due à un esprit. Cet esprit lui apparaît et dit qu’il se nomme Rengéjô. Mais Tôren n’en croit rien, car son ami ne peut lui avoir gardé rancune, puisqu’il a éveillé son cœur et a connu une fin admirable. Mais Rengéjô lui explique qu’il a connu une fin lamentable. Au moment où il est entré dans l’eau, il lui est venu un regret, mais il n’a pu renoncer à son projet, devant tous ces gens rassemblés. Il ajoute qu’il a regardé son ami fixement en le suppliant par la pensée de le retenir. Mais ce dernier est resté impassible et l’a encouragé à se hâter d’en finir. Rengéjô se dit engagé dans une voie qui ne mène à rien, et c’est ce regret de dernier moment qui est la cause de sa venue, et qui l’empêche de songer à sa Renaissance. Cette histoire peut servir d’avertissement aux hommes. De tels actes ne sont pas nécessairement dictés par la pureté des intentions, mais parfois par l’orgueil ou l’envie. Désirant renaître dans la terre pure, on décide soudain de passer à l’acte, alors qu’il est extrêmement difficile de garder son esprit droit dans de telles souffrances sans le secours du Bouddha. Certains, particulièrement stupides pensent que la noyade est préférable à l’auto-crémation. Or un ascète raconte qu’il a été sauvé au moment où il coulait et allait mourir. Il ajoute que les souffrances qu’il a endurées quand l’eau a commencé à pénétrer dans sa bouche et son nez sont pareilles aux souffrances de l’enfer. Nous devons arriver à la connaissance par nous-mêmes, en nous recueillant et méditant sur les limites de notre esprit. Si un homme s’isole du monde en gardant crainte pour sa personne et attachement à la vie, il n’est pas assuré de l’assistance du Bouddha. Il faut prendre des dispositions pour pouvoir renoncer, en veillant sur son corps, et faire don de notre personne au Bouddha et parvenir à un état où le cœur ne craint plus rien. Implorer son secours sans avoir démêlé tout cela avec un esprit léger est chose dangereuse. |
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TE018098 | Hosshinshū: 34. | UN BÛCHERON PARVIENT SEUL À L’ÉVEIL.– Un bûcheron âgé et son fils se trouvent dans la montagne et se reposent sous un arbre après une longue et pénible marche. C’est la fin du dixième mois, la bise souffle et les feuilles tourbillonnent. Le vieil homme dit à son fils que ces feuilles sont pareilles à sa vie : à l’âge de dix ans, on peut se comparer aux jeunes feuilles printanières, puis dans la force de l’âge, on est comme les feuilles d’été, pleines de vigueur. Puis l’homme dit qu’il a maintenant passé soixante ans, que ses cheveux blanchissent, son visage se ride et son teint s’altère comme les feuilles se colorent à l’automne. Devant une telle fragilité de la condition humaine, devant la folie des hommes à vouloir courir et s’affairer du matin au soir, le vieil homme se sachant à la fin de sa vie, dit à son fils qu’il ne veut pas rentrer chez lui. Il désire se faire moine et rester là, à méditer sur le feuillage de cet arbre, en invoquant le Bouddha. Il demande à son fils qui est encore bien jeune de rentrer. Mais ce dernier refuse, et décide de rester, pour ramasser des fruits sauvages et puiser de l’eau, afin que son père vive à sa guise. Même s’il est dans la force de l’âge, le garçon dit qu’il ne diffère en rien de ces feuillages d’été qui finiront par rougir et tomber. Et puis beaucoup de gens meurent aussi en pleine jeunesse ! L’être humain est encore plus fragile que le feuillage des arbres. Au fond de la montagne, ils construisent deux petites huttes, et vivent en invoquant le Bouddha du matin au soir. On dit que le père a accompli sa Renaissance, et que le fils vit encore. |
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TE018099 | Hosshinshū: 35. | LE MAÎTRE EN DISCIPLINE SHÔKÛ EST DÉVORÉ D'AMBITION.– Quand l’administrateur du monastère meurt, le vieux maître en discipline Shôkû, qui s’est retiré depuis longtemps, dit aux disciples qu’il désire se porter candidat pour occuper le poste vacant. Les disciples tentent de le dissuader, au vu de son grand âge. Ils ajoutent que les gens ont pensé qu’il avait quitté ses anciennes charges pour réaliser un beau projet et vont être fort déçus de le voir briguer ce poste. Mais Shôkû n’est nullement convaincu par les vives remontrances et les multiples arguments des disciples. Ceux-ci tiennent conseil et décident de faire peur à Shôkû en lui racontant un songe. Quelques jours plus tard, un disciple vient voir Shôkû et lui raconte son rêve. Une troupe de démons terrifiants répare un énorme chaudron dans la cour. Questionnés, les démons répondent que c’est pour le maître en discipline qui dirige cette communauté. Le disciple qui assure avoir eu cette vision, demande à Shôkû quel grave péché il a pu commettre. Pensant que le maître va être terrifié par ses propos, le disciple voit alors un très large sourire fendre sa bouche jusqu’aux oreilles. Shôkû dit au disciple que son vœu va donc sûrement se réaliser. Qu’il se réjouisse ainsi à soixante-dix ans de ce rêve montre la profondeur de sa cupidité, malgré son érudition. Aucune comparaison avec ce vieillard ignare du récit précédent qui obtient la compréhension subite d’éveillé solitaire. | |
TE018100 | Hosshinshū: 36. | LE FILS ADOPTIF DE CHIKASUKÉ ACCOMPLIT SA RENAISSANCE.– Le fils adoptif du gouverneur Chikasuké, à l’âge de trois ans, joue avec un chapelet. Il est tellement captivé que ses parents lui offrent un chapelet de santal. L’enfant répète inlassablement le nom du Bouddha Amida. Sa mère l’entend et le lui interdit, mais il continue sa ritournelle. A six ans, il est atteint d’une grave maladie. Étendu sur sa couche, il aperçoit son ancien chapelet couvert de poussière, et il se met à sangloter. Tous sont apitoyés et se mettent à pleurer. L’enfant demande à se laver à l’eau chaude. Mais on lui refuse à cause de la gravité de son mal. Puis on l’aide à se tenir sur ses talons, et tourné vers l’ouest, il récite un psaume du sûtra du lotus. Chacun est émerveillé par cette voix et cet enfant qui n’a reçu aucun enseignement régulier. Ses parents sont affreusement attristés quand leur fils rend son dernier souffle. Quelques jours plus tard, alors que sa mère sommeille, elle voit apparaître son enfant. Celui-ci est d’une pure beauté. Il demande à sa mère si elle le voit bien, puis il récite un texte du sûtra du lotus qui raconte l’éveil de la fille du roi des dragons, âgée de huit ans. Puis, à la fin de ce psaume, il disparaît. |
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TE018101 | Hosshinshū: 37. | UN ÉPHÈBE DE MATSUMURO RÉALISE L’ÉTAT D’ÉVEILLÉ.– Un jeune novice de Matsumuro, malgré la désapprobation de son maître qui lui dit d’acquérir d’abord la science, passe ses journées à lire le sûtra du lotus. Le garçon lit le sûtra en cachette, et devant sa profonde ferveur, on cesse de le lui interdire. A l’âge de quatorze ou quinze ans le novice disparaît. Le maître le cherche partout, et, ne le trouvant pas, pense qu’il a été enlevé par un démon. Il pleure et lui rend les derniers devoirs. Des mois plus tard, un moine trouve dans la montagne le novice à la cime d’un arbre en train de réciter un sûtra. Le novice demande au moine de faire venir le maître auprès de lui. Celui-ci accourt aussitôt. Le novice lui dit que grâce à la récitation du sûtra, il est devenu un Immortel, et que malgré le désir profond de revoir son maître, il ne peut communiquer avec lui depuis qu’il a atteint cet état. Les lieux habités par les humains sont souillés, et c’est impossible pour lui de se rendre désormais auprès de son maître. Chacun verse des larmes, et après une longue conversation, le novice dit au maître qui s’apprête à partir qu’il doit jouer du luth à la réunion des Immortels qui aura lieu dans l’île de Chikubu. Il demande à son maître de lui prêter un luth. Celui-ci en apporte un, et ne trouvant personne, dépose l’instrument au pied de l’arbre. Le maître de la loi se rend sur l’île de Chikubu, et le jour de la réunion, il entend au loin une musique merveilleuse, résonnant dans les nuées. Le maître, très ému, entend la musique se rapprocher, puis le silence. Après un temps certain, il entend sur la galerie extérieure le bruit d’un objet qu’on pose. Au lever du jour, le maître trouve le luth. Il offre alors l’instrument imprégné d’un parfum suave à la divinité du lieu. Et ce luth se trouve encore sur l’île. |
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TE018102 | Hosshinshū: 38. | UN DISCIPLE DU SUPÉRIEUR GÉNÉRAL DU TENDAI BÉNÉFICIE DE L’EFFICACE DU SÛTRA DU LOTUS.– Giéi, un moine itinérant, se perd dans la montagne et erre pendant dix jours. Il finit par aboutir dans une pinède où se trouve un bel ermitage. Les objets y sont parfaits, le jardinet est couvert de fleurs magnifiques. Le moine qui éprouve une joie sans pareille devant toute cette beauté voit un jeune ascète à l’intérieur qui récite d’une voix merveilleuse le sûtra du lotus. Après avoir lu le premier rouleau, l’ascète le repose sur une table, et le rouleau se réenroule de lui-même. Et la même chose se produit avec les huit rouleaux après la lecture de l’ascète. L’ascète sort, aperçoit Giéi, et lui demande comment il est parvenu jusqu’à ce lieu retiré de la montagne. Après avoir entendu le récit de Giéi, il l’invite à entrer et lui fait servir par de gracieux éphèbes des mets succulents d’une saveur surnaturelle. L’ascète raconte qu’il a erré longtemps, après avoir été réprimandé, lorsqu’il était disciple, par un supérieur général de la pagode de l’Est. Puis, son âge avançant, il a décidé de s’établir dans ce lieu et d’y attendre la mort. Géié lui rétorque que dans cet endroit sensé être désert, il voit la présence d’éphèbes. Il ajoute que contrairement à ce qu’il prétend, il ne semble guère d’un âge avancé. Alors l’ascète lui répond en citant des passages du sûtra du Lotus : « Des éphèbes divins seront à son service. » et « si quelqu’un peut entendre ce texte, sa maladie se trouvera dissipée ; il ne vieillira pas, il ne mourra pas ». Puis l’ascète demande à Giéi de repartir sur le champ, ne voulant subir aucun contact humain, mais Giéi obtient de rester pour la nuit, en promettant de rester caché et de ne faire aucun bruit. Dans la nuit, subitement, un vent violent se lève et une troupe de démons de formes variées et de bêtes sauvages apparaît et va dresser dans la pinède une table sur laquelle ils déposent diverses offrandes. Un démon s’écrie qu’il sent la présence d’un homme. Alors l’ascète entonne une prière et psalmodie le sûtra du lotus. L’aube venue, les démons disparaissent. Quand Géié interroge l’ascète sur ces démons, celui-ci répond en citant le sûtra du lotus : « S’il réside dans un lieu retiré, je lui dépêcherai dieux, rois dragons, silènes, démons, génies et autres qui lui feront une foule pour écouter la Loi ». Quand Géié s’apprête à repartir, l’ascète lui donne un guide pour l’accompagner. C’est une fiole d’eau qui bondit dans les airs et le précède en voletant. Géié suit cette fiole pendant quatre heures, et retrouve le chemin de son hameau. La fiole retourne alors chez l’ascète. |
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TE018103 | Hosshinshū: 39. | LE VÉNÉRABLE JÔZÔ FAIT VOLER SON BOL.– Jôzô, un ascète doué de facultés exceptionnelles vit sur la montagne. Chaque jour il fait voler son bol [un des dix- huit objets qu’un renonçant a le droit de posséder] pour récolter de la nourriture. Mais pendant trois jours son bol lui revient vide. Très surpris, il décide de se poster sur un pic pour observer la trajectoire de son bol. Il voit alors un autre bol le rejoindre et transvaser le contenu du sien, et s’en retourner vers sa destination. Jôzô pratique des rites appropriés sur son bol vide et part à sa suite, en direction du Nord, pour aller voir qui est cet homme remarquable capable de subtiliser le contenu de son bol. Il finit par arriver au fond d’un vallon frais et plaisant, devant un rustique ermitage. Il aperçoit dans la hutte un vieux moine émacié qui lit un sûtra. Jôzô, pensant qu’il a affaire à un homme peu ordinaire, expose à l’ermite la raison de sa présence en ce lieu retiré. Le vieux moine répond qu’il va se renseigner, et fait venir un gracieux éphèbe âgé d’une quinzaine d’années vêtu d’un splendide habit à la chinoise. L’ermite réprimande alors le jeune homme en le sommant de ne plus jamais jouer de si mauvais tours. L’éphèbe s’en retourne sans un mot, rouge de confusion. Puis l’ermite convie Jôzô à se restaurer avant de reprendre la route du retour. Un éphèbe de même allure que le premier lui sert quatre poires de Chine dans un plat en pierre précieuse et sur un éventail de bois de cyprès. Jôzô se délecte en dégustant une poire au goût délicieux, tel un nectar céleste, qui rafraîchit tout son corps et lui redonne toutes ses forces. Une fois rentré chez lui, Jôzô raconte que cet ermite doit certainement être de la race de ceux qui se muent en Immortels en lisant le sûtra du lotus. |
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TE018104 | Hosshinshū: 40. | LE MAÎTRE EN DISCIPLINE ÉISHIN PREND EN PITIÉ UN MENDIANT.– Lors d’un pèlerinage, le maître en discipline Éishin, alors qu’il franchit un pont, entend des sanglots épouvantables provenant du lit de la rivière. Pris de pitié, il demande à qui il a affaire. L’homme lui répond qu’il est estropié, et que depuis son infirmité, tous se sont détournés de lui, sauf un autre infirme qui l’a hébergé en échange d’un travail éreintant. Il ajoute qu’il préfère vivre de mendicité. S’il se trouve là, c’est que des douleurs terribles le tenaillent durant la nuit, et qu’il est venu rafraîchir ses pieds pour se soulager. Le mendiant se demande quel crime odieux il a dû commettre dans des vies antérieures pour être affligé d’une telle rétribution. Il dit aussi qu’il médite sur un commentaire du sûtra du lotus, sur le vicié et le juste, qu’il a étudié autrefois sur la montagne. Et il ne peut réprimer ses cris et ses sanglots, suite à cette sentence qu’il juge digne de respect et de confiance. Éishin est pris d’une grande pitié, répond au mendiant qu’ils sont confrères, car tous deux sont de la montagne, et il lui donne sa cotte. Puis il lui explique le sens de la sentence : « Le vicié n’est autre que le juste » avant de le quitter. |
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TE018105 | Hosshinshū: 41. | ÉIJITSU PREND EN PITIÉ UN MALADE QUI GIT AU BORD DU CHEMIN.– Le maître instructeur Éijitsu est appelé auprès de l’empereur qui souffre d’une grave maladie. Après s’être récusé plusieurs fois, il finit par se mettre en route. Sur son chemin il rencontre un malade incapable de se servir de ses membres, couché au pied d’un mur. Éijitsu, très ému, et pris de pitié, prend soin de lui en faisant aménager un abri provisoire et en lui donnant de la nourriture. Le messager de l’empereur qui l’accompagne lui dit que ce retard pris par cette halte est très fâcheux. Mais Éijitsu répond qu’il n’ira pas au palais. Il explique que depuis qu’il suit la voie du Bouddha, il ne fait aucune différence entre l’empereur et ce pauvre diable qu’ils ont rencontré. Il ne manque pas de moines dotés de pouvoirs pour prier pour sa majesté, alors que personne ne voudra s’arrêter pour donner des soins à ce malade à l’aspect répugnant. Et s’il abandonne cet homme, il va mourir sous peu. Ce maître instructeur accomplit finalement plus tard sa Renaissance. |
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TE018106 | Hosshinshū: 42. | L’ÉPOUSE D’UN MOINE DU HIGO DEVIENT UN DÉMON.– Au pays du Higo, un moine avancé en âge se marie. Etant attaché à la contemplation du Principe, il se construit une loge séparée dans laquelle il médite des années durant. Sa femme est très prévenante à l’égard de son mari, et éprouve de profonds sentiments pour lui. Quand ce dernier tombe malade, il appelle un moine auprès de lui et lui demande de ne surtout pas avertir sa femme lorsque sa fin sera proche. Le moine accepte et prend soin du moine du Higo jusqu’à son dernier souffle. Sa femme finit par apprendre la mort de son époux. Ses yeux étincellent, elle frappe violemment dans ses mains, et expire sous le coup de la douleur. Son entourage qui n’ose l’approcher, l’entend pourtant hurler deux heures plus tard. Elle crie qu’elle a tout fait, depuis le temps du Bouddha Karuson [antérieur au Bouddha historique], Renaissance après Renaissance, dans l’état de femme, puis d’homme, pour empêcher ce misérable d’obtenir l’Eveil. Elle a usé de mille stratagèmes pour entrer dans son intimité, mais voilà qu’il lui a échappé. Elle grince des dents, tape sur la clôture et disparaît devant les assistants effrayés. Il peut arriver à chacun de nous de cohabiter avec un démon mué en intime. Il faut être vigilant. L’homme est enclin à céder aux conditions présentes. Si quelqu’un vous encourage au bien, c’est certainement un Bouddha ou un Bodhisattva ayant pris forme humaine. Mais si quelqu’un vous amène à commettre des péchés, il faut le redouter, comme l’agent de maux qui se perpétuent Renaissance après Renaissance. Même le vénérable ascète Jôzô se lia à la fille du gouverneur de l’Ômi, et l’ermite Kumé qui se déplaçait dans les airs, succombant de désir devant les blancs mollets d’une humble lavandière, fut dépourvu de ses capacités surnaturelles avant de redevenir un homme ordinaire. Et étant des hommes ordinaires, il n’y a rien de mieux que de ne pas s’approcher des femmes. |
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TE018107 | Hosshinshū: 43. | GENBIN ATTACHE SES PENSÉES À L’ÉPOUSE D’UN GRAND CONSEILLER.– Le contrôleur monacal Genbin, considéré par tous comme un Bouddha, est frappé d’un mal inexplicable. Un grand conseiller qui a toujours eu grande confiance en Genbin, se rend à son chevet. Ce dernier lui avoue qu’il a perdu la tête depuis qu’il a aperçu la femme du conseiller. Celui-ci reproche à Genbin de ne pas lui en avoir parlé plus tôt, et il l’invite à venir chez lui pour arranger l’affaire. Le conseiller expose à sa femme ses intentions, et celle-ci accepte, malgré ses profondes réticences. Le contrôleur monacal se présente alors chez le conseiller, vêtu d’un somptueux habit monacal. Le conseiller introduit Genbin dans un lieu clos de paravents. L’épouse se trouve là, parée magnifiquement. Genbin reste deux heures à la contempler, en faisant claquer ses doigts à plusieurs reprises. Il quitte ensuite la maison sans avoir approché la femme, ce qui inspire grand respect au maître de maison. Sans doute Genbin a refréné sa passion par la contemplation de l’impur. Le corps humain est une machine faite d’os et de chair qui ressemble à une bâtisse pourrie. L’aspect des six viscères et des cinq organes ne diffèrent en rien à celui des replis d’un serpent venimeux. Seule la mince peau qui enveloppe l’ensemble cache toutes ces impuretés. Il ne sert à rien de se poudrer ou de se parfumer. Le moindre aliment délicat se change en ordure après une nuit. Quand notre âme nous quitte, notre dépouille jetée au lieu des sépultures va se boursoufler, pourrir et devenir un blanc squelette. Et ceux qui possèdent la compréhension tiennent en haine ce corps périssable. Il est dit que l’homme qui se perd dans les fugitifs attraits d’un être et en a le cœur troublé ressemble à ces insectes qui, aux lieux d’aisance, se complaisent sur les excréments. |
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TE018108 | Hosshinshū: 44. | UNE FEMME À L’ARTICLE DE LA MORT VOIT UN DÉMON PRENDRE DIVERSES FORMES.– Une femme retirée du monde tombe gravement malade et fait venir auprès d’elle un ascète qui est pour elle un ami de bien. Celui-ci l’encourage à invoquer le Bouddha. Subitement la femme change de couleur et donne des signes d’épouvante. Elle dit à l’ascète qu’elle voit des êtres terrifiants qui tirent un char de feu. L’ascète lui demande de prononcer sans relâche le nom du Bouddha Amida. En effet, si on prononce dix fois l’invocation au Bouddha en présence d’un ami de bien, on renaît au paradis. La femme prononce alors l’invocation et son visage se détend et redevient joyeux. L’ascète l’interroge à nouveau, et la femme dit que le char de feu a disparu et a laissé place à un char merveilleux qui porte une foule d’habitantes des cieux jouant de la musique. L’ascète lui conseille de ne pas songer à monter sur ce char, mais de continuer à attacher son esprit au Bouddha Amida, et à s’en remettre à sa venue. Elle poursuit ses invocations et voit un moine qui s’avance vers elle et lui propose de le suivre pour la guider sur son chemin. L’ascète lui demande de ne pas suivre ce moine, car il n’est nul besoin de guide pour aller au paradis. C’est en prononçant l’invocation qu’on accède tout naturellement au paradis. Ainsi l’ascète encourage la femme qui dit qu’à présent elle ne voit plus personne. Alors l’ascète lui répond que c’est le moment d’invoquer le Bouddha avec un esprit ferme et un désir profond d’atteindre au plus vite le paradis. Elle prononce encore et encore l’invocation et expire. Voilà un cas où un démon a pris toutes sortes de formes pour égarer un être humain. |
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TE018109 | Hosshinshū: 45. | UN HOMME, POUR N’AVOIR PAS PARLÉ À L’ARTICLE DE LA MORT, EN CONSERVE DU RESSENTIMENT.– Un homme gravement malade fait appel à un ascète. Celui-ci observe un comportement déconcertant du malade. En effet, celui-ci, malgré son affaiblissement, ne pense pas qu’il va mourir. Et il en est ainsi pour les femmes de la maison, dont une de ses filles qu’il chérit tout particulièrement. Sa mère étant morte, l’homme s’est démené, malgré sa maladie pour trouver un gendre. Au bout de quelques jours l’état du malade empire et l’ascète lui conseille vivement de prendre des dispositions avant de quitter ce monde. L’homme semble accepter, et tous dans la maison sont éplorés. Comme la nuit tombe, l’homme dit qu’il réglera ses affaires le lendemain. Mais pendant la nuit son état devient critique, et l’ascète insiste encore. Alors le malade tente, pendant deux heures d’exprimer ses dernières volontés, mais, suite à ses souffrances, sa parole demeure incompréhensible. Il propose alors de les écrire, mais sa main tremble trop fort. La nourrice de sa fille tente de dicter à l’ascète les intentions du malade, mais celui-ci ne les approuve pas et on déchire le papier. Malgré tout l’esprit de cet homme reste intact, et chacun éprouve une grande pitié de le voir souffrir sans pouvoir exprimer tout ce qu’il a en tête. Au petit matin il perd conscience et le lendemain, dans la matinée, il donne les signes d’un grand effroi, pousse deux cris et expire. Il apparaît en songe plus tard au narrateur de ce récit, vêtu d’un soyeux vêtement, muet et semblant heureux. Même maintenant, il lui est difficile d’oublier cette vision. Il faudrait que ceux qui ont du jugement tournent constamment leurs pensées vers le terme de leur vie et prient bouddhas et Bodhisattvas que leurs souffrances soient légères et qu’ils soient accompagnés par un ami de bien. Si, à l’instant ultime vos pensées ne sont pas droites, les pratiques de toute votre vie seront vaines. Au contraire, ceux qui ont accumulé des mérites grâce à l’invocation au Bouddha et qui ont fait un retour sur eux-mêmes garderont l’esprit droit au dernier moment en compagnie d’un ami de bien. Leurs oreilles n’entendent plus que le vœu d’Amida, et leur bouche ne prononce plus que son nom. Ils ne sont pas attachés à ce monde souillé et se consolent de perdre femme et enfants Ils finissent par accomplir leur Renaissance. « Quand on est de longtemps averti de l’heure de la mort et qu’on l’attend le cœur battant d’impatience, on est semblable à un homme qui, devant quitter son pays, a les yeux fixés sur le moment du départ ». Comment ne pas aspirer à accomplir sa Renaissance quand on est accueilli par un céleste cortège, qu’on entend résonner la musique et qu’un parfum merveilleux se répand et qu’on contemple son auguste face. |
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TE018110 | Hosshinshū: 46. | LA CRUE DE L’IRUMA-GAWA AU PAYS DE MUSASHI.– Au pays de Musashi, une haute digue a été construite pour retenir les eaux de la rivière Iruma-Gawa. Kanju, le notable du lieu vit là, au milieu des champs et des rizières, et de nombreuses maisons. Or une année, les pluies du cinquième mois ayant duré des jours et des jours, la rivière se gonfle dangereusement. Mais tous ont confiance en cette digue qui résiste depuis des années. Mais une nuit, Kanju et tous ceux qui dorment chez lui sont réveillés par un grondement épouvantable. Un valet ouvre la porte et tous découvrent l’eau qui recouvre une demi-douzaine d’arpents et qui continue de monter inexorablement. Toute la maisonnée se réfugie alors sur les traverses et les chevrons des poutres, et pousse de grands cris. Alors que Kanju et son valet montent sur la poutre faîtière, la maison vacille et la base des piliers cède, et est emportée. Et la maison se dirige vers l’embouchure du fleuve. Le valet dit que leur situation est désespérée, car la mer est proche, et la maison sera disloquée par les vagues. Il dit qu’il vaut mieux prendre le risque de se jeter à l’eau et de nager pour trouver des eaux moins profondes. A ces mots, les enfants et les femmes de la maisonnée se mettent à hurler, suppliant Kanju de ne pas les abandonner. Mais Kanju, le cœur serré, pense qu’il ne peut rien pour eux, et décide de tenter de sauver sa propre vie. Kanju et son valet nagent pendant quelque temps en s’interpellant, puis ils perdent contact, et Kanju se retrouve seul à nager, s’abandonnant au courant. A bout de forces, et pensant mourir, il tourne ses pensées vers les dieux et les bouddhas. Il se demande quel péché il a commis pour connaître pareille épreuve. Il atteint des roseaux que le courant n’a pas arrachés. Il tente de reprendre des forces quand il sent quelque chose qui entoure son corps. Ce sont de gros serpents qui, emportés par le courant sont venus s’accrocher au roseau en s’attachant les uns aux autres. Enserré dans les nœuds des serpents, Kanju est pris de dégoût et pense vivre les souffrances de l’enfer. Mais, peut-être grâce au secours de quelque dieu ou bouddha, il réussit à se débarrasser des serpents, et retrouve des forces. Il finit péniblement par toucher terre. Il trouve un bateau et rejoint la grève où l’attend un spectacle désolant. Les maisons sont détruites et éparpillées comme des bâtonnets à compter, les morts, gens et bêtes gisent sur le rivage, dont les dix-sept membres de la maisonnée de Kanju. Nul n’a survécu. Il se rend à sa demeure, tous les bâtiments, tous ses biens, ses employés, tout a disparu en l’espace d’une nuit. Le seul rescapé de sa maisonnée est le valet qui rejoint son maître le lendemain. Ainsi face à de telles catastrophes, notre corps est fragile. |
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TE018111 | Hosshinshū: 47. | UN MOINE QUI FAIT PÈLERINAGE AU SANCTUAIRE DE HIYOSHI SE CHARGE D’UN MORT.– Un moine qui revient de pèlerinage au sanctuaire de Hiyoshi, traverse Ôtsu et voit une jeune femme en sanglots devant une maison. Pris de pitié le moine interroge la femme. Celle-ci, comprenant que le moine est en pèlerinage, refuse de lui répondre. Le moine sent qu’il devrait se tenir à distance, mais il insiste et la femme raconte que sa mère est morte le matin même, et qu’elle ne sait comment l’ensevelir. En effet, ce sont des moines qui prennent ordinairement en charge les obsèques, mais comme la pureté rituelle est exigée par le Shintô, et que ce moine accomplit un pèlerinage dans un sanctuaire Shintô, il doit se mettre à l’abri de toute souillure, et donc s’éloigner de la mort. Le moine très ému par la détresse de la femme, verse lui aussi des larmes et prie alors les dieux et les Bouddhas de lui pardonner. Il dit à la femme de ne plus se désoler et propose d’ensevelir la morte. Pendant la nuit il transporte le corps et procède aux rites funèbres. Puis, ne trouvant pas le sommeil, il décide de repartir le lendemain matin au sanctuaire de Hiyoshi pour trouver une réponse pour ne pas perdre le bénéfice de ses quelque quatre-vingts jours de pèlerinage. Quand il arrive au sanctuaire, une foule est assemblée et écoute les paroles de la prêtresse de Jûzenji [divinité vénérée, avatar du Bodhisattva Jizô]. Le moine, se sentant coupable de sa transgression, se tient à l’écart. Il s’apprête à s’en retourner quand la prêtresse l’interpelle. Tremblant, il s’approche et la prêtresse lui dit qu’elle a vu ce qu’il a fait la nuit dernière. (En réalité c’est le Bouddha qui parle par la bouche de la prêtresse). Le moine est pétrifié de peur, mais elle lui dit que sa conduite a été admirable. Puis elle lui murmure à l’oreille : « Ma nature foncière n’est pas celle d’un dieu. C’est en raison de ma profonde compassion que j’ai fait descendre ma Trace en ce monde. Comme je l’ai fait pour éveiller les hommes à la foi, les interdits ne sont que des expédients, dépourvus de réalité. Ceux qui possèdent l’intelligence des choses le savent d’instinct. ». Elle demande au moine de ne pas divulguer ses paroles, car des hommes bornés et de peu de foi, ignorant qu’elle a été touchée par l’exceptionnelle compassion du moine pourraient se réclamer de ce précédent. Le moine, empli de gratitude et d'émotion s’en retourne. Par la suite, nombreuses sont les occasions où il bénéficie des grâces du Bouddha. |
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TE018112 | Hosshinshū: 48. | LE VÉNÉRABLE DE L’ERMITAGE CHINOIS ÉVEILLE SON CŒUR.– Kunisuké, fils d’un gouverneur est profondément épris d’une femme qu’il doit quitter quand son père est nommé dans la province du Tajima. Loin de son aimée, Kunisuké se lamente. Toutes ses lettres restent sans réponse, et les années passant, son inquiétude grandit. Il finit par retourner à la capitale et, il apprend que la femme, souffrante, a quitté les lieux. Kunisuké est désespéré et ses recherches demeurent vaines. Il part alors à l’aventure sur un cheval. Il se rend dans la partie ouest de la capitale, où il pense trouver une connaissance de la femme. Devant une maison, il aperçoit une jeune fille qui a été au service de celle qu’il recherche. Il entre dans la maison et trouve enfin celle qu’il aime tant. Celle-ci se coiffe et détourne son visage. Il l’entoure de ses bras, s’épanche sur toutes les souffrances qu’il a endurées. Mais elle ne répond mot et se met à sangloter. Alors qu’elle lui tourne toujours le dos, il la force à se retourner et s’aperçoit qu’elle a perdu ses deux yeux. La femme, questionnée, secouée de sanglots est incapable de répondre. C’est la servante qui raconte à Kunisuké que sa maîtresse, n’ayant aucune nouvelle, ne recevant aucune lettre, est tombée malade et a quitté le palais où elle servait. Elle est arrivée là où elle se trouve aujourd’hui et a fini par succomber, malgré les soins qu’elle lui prodiguait. Alors elle a déposé le corps de la femme dans une lande proche, mais vers midi, elle est revenue à la vie. Mais entre-temps les corbeaux l’ont défigurée. Depuis la femme désire rester cachée de tous. Alors Kunisuké se demandant quel péché peut entraîner une telle rétribution, décide de se retirer et monte sur le mont Hiéi, où il devient le disciple de Keiso qui lui transmet les liturgies secrètes du Shingon. |
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TE018113 | Hosshinshū: 49. | L’ÉPOUSE D’UN HOMME MEURT SUBITEMENT ET ACCOMPLIT SA RENAISSANCE.– Un homme au service de l’empereur, alors qu’il vit avec une femme depuis des années, la délaisse, sans doute pour une autre, et finit par suspendre définitivement ses visites. Durant des mois et des années, la femme se morfond. Mais un jour l’homme passe devant sa maison et jette un regard par la fenêtre de sa voiture. La femme l’envoie chercher et ce dernier accepte. Quand il entre, il voit un jardin couvert d’herbes folles, et laissé à l’abandon. L’homme prend alors conscience de sa faute, et est envahi d’une grande pitié. La femme, malgré son cœur bondissant de joie, ne laisse rien paraître et lit le sûtra du lotus. L’homme est subjugué devant cette femme dont la beauté est encore plus touchante qu’auparavant. Il confesse alors sa légèreté à son égard, et attend sa réponse. La femme lit le passage où il est dit « Sa vie prenant fin ici, elle s’en ira au monde bienheureux, là où demeure l’éveillé Amida ». Elle répète ces mots à trois reprises, et expire. Ah ! Si s’inspirant de cet exemple, ceux qui en ce monde éprouvent une passion en faisant l’occasion de tendre vers la Renaissance, quelles sages dispositions ils montreraient ! |
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TE018114 | Hosshinshū: 50. | UNE MÈRE QUI JALOUSE SA FILLE VOIT SES DOIGTS SE TRANSFORMER EN SERPENTS.– Une femme qui a déjà eu une fille d’un premier mari vit avec un homme dans la force de l’âge. Mais la femme, d’un âge plus avancé, décide de se retirer dans une petite chambre pour invoquer paisiblement le Bouddha. Elle demande à l’homme de ne pas se lier à quelqu’un du dehors, mais de vivre avec la fille de son premier lit. L’homme est stupéfait, mais devant l’insistance de sa femme, il l’installe au fond de la maison, et vit avec la fille. De temps à autre, il va voir sa femme pour subvenir à ses besoins. Il vit ainsi avec sa nouvelle femme pendant des années. Un jour, alors que le mari est sorti pour ses affaires, l’épouse vient trouver sa mère, et converse tranquillement avec elle. Mais la mère semble très préoccupée. Elle avoue à sa fille qu’elle souffre de sa situation. En effet, elle se retrouve seule, elle épie son mari et sa fille pendant le jour, et supporte difficilement de voir son mari se comporter comme un étranger. Elle a conscience que c’est elle qui a engendré cette situation. Et c’est sans doute suite à sa mauvaise conduite que les pouces de ses deux mains se sont transformés en serpents. A cette vue, sa fille tressaille, et sans un mot coupe ses cheveux et se fait nonne. Quand l’homme revient et voit cela, il se fait moine à son tour. Sa première femme abandonne son état et se fait nonne également. Ainsi vivent-t-ils tous les trois, s’adonnant à de pieux exercices. La mère, grâce à ces supplications, voit peu à peu les serpents disparaître et ses mains redevenir comme avant. Plus tard elle vit en mendiant dans la capitale. Quand les femmes éprouvent de la jalousie envers les autres, elles subissent fréquemment la rétribution de ce grave péché. Mais un traité dit que, commettrait-on de graves péchés, la moindre pensée de la repentance suffit pour qu’ils ne deviennent pas des actes à la rétribution inéluctable. |
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TE018115 | Hosshinshū: 51. | UNE FEMME QUI EST MORTE REVIENT BIEN RÉELLEMENT DANS LA MAISON DE SON MARI.– Un homme soigne sa femme qui est tombée gravement malade après la naissance de son enfant. Alors que son épouse est mourante, l’homme, la voyant en nage, détache un morceau d’une lettre pour nouer sa chevelure et la soulager. La femme meurt, son mari accomplit scrupuleusement le service posthume après sa crémation, mais reste désespéré par l’absence de son épouse. Or une nuit, la femme apparaît et dit que devant le désir ardent et le profond amour de son mari, elle a outrepassé les limites du possible pour revenir bien réellement. Ils s’unissent alors, comme ile le faisaient du vivant de la femme. Au matin, avant de partir, la femme semble avoir égaré quelque chose et fouille minutieusement la chambre. Quand il fait grand jour, et après le départ de sa femme, le mari découvre par terre un cordon à cheveux. Il reconnaît la bandelette de papier qu’il a utilisé pour nouer la chevelure de la femme. Ce cordon aurait dû brûler avec son corps. Il constate qu’il s’agit bien du morceau qu’il a détaché de la lettre. Ainsi la sœur d’Ono no Takamura est revenue réellement, elle aussi, voir son frère chaque nuit, mais on n’entendait que sa voix. Un amour profond produit des miracles. Si nous aspirons passionnément à rencontrer un jour la loi du Bouddha, pourquoi en irait-il autrement que pour le lien qui unit les couples chez certains insectes ? |
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TE018116 | Hosshinshū: 52. | UN FIDÈLE DE FUDÔ EST NÉ AVEC LA CONDITION DE BŒUF.– Le maître instructeur Gokuraku- bô s’assoupit alors qu’il psalmodie. Il voit en songe un homme qui monte le chemin, en menant un bœuf très amaigri et lourdement chargé. Ce bœuf est accompagné d’un enfant aux cheveux rougeâtres, au regard vif, qui s’affaire pour l’aider à gravir la pente. S’interrogeant sur l’identité de cet enfant, quelqu’un lui dit : « Cela est dû à sa volonté de na pas trahir le serment qu’Il a fait de porter secours à ses fidèles vie après vie ». Le maître s’éveille et voit réellement ce qui lui est apparu en songe : le bœuf gravissant la côte, mais pas d’enfant à la chevelure rouge. Ce bœuf a dû être, dans une vie antérieure un fidèle de Fudô [un des rois de science et parfois représenté comme un adolescent avec de cheveux hérissés comme des flammes]. Quand bien même cet être, du fait de ses actes est né dans la condition animale, Fudô n’a pas consenti à l’abandonner, et se tient toujours à ses côtés, prêt à le secourir. Profondément touché, le maître instructeur court vers le bœuf qu’il arrête un instant pour lui donner à manger. |
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TE018117 | Hosshinshū: 53. | LE PETIT RÉFÉRENDAIRE KINTSUNÉ CONSTRUIT UN TEMPLE DANS LE KAWACHI.– Le petit référendaire Kintsuné, habile calligraphe, lors d’une séance de nomination des gouverneurs, fait le vœu, s’il obtient une province avantageuse, d’y édifier un temple. Mais il obtient le Kawachi, une province de peu d’intérêt, et décide de se contenter de restaurer quelque vieux temple. Or, alors qu’il parcourt la province, il aperçoit, dans un vieux temple, au pied du socle d’une statue de Bouddha, un écrit qui porte le nom du « moine Kintsuné ». Intrigué, Kintsuné voit son vœu de restaurer ce temple consigné sur ce document. Il comprend que sa nomination ne pouvait être autre, et malgré ses espoirs déçus, il met en œuvre toute sa foi pour restaurer l’édifice. C’est qu’il a, dans une vie antérieure, porté le même nom. | |
TE018118 | Hosshinshū: 54. | LE PETIT RÉFÉRENDAIRE MUNÉMASA SE RETIRE DU MONDE.– Le petit référendaire Munémasa désire ardemment renoncer au monde et s’établir dans la montagne. Sa femme devine ses intentions et éclate en sanglots. Munémasa se rend à la résidence du grand chancelier. Ne trouvant personne acceptant de transmettre son projet au chancelier, il s’apprête à partir et dit qu’il va se retirer dans un hameau de montagne quand le chancelier le retient et lui accorde une entrevue. Le chancelier lui offre un chapelet et se recommande à lui pour l’autre monde. Munémusa, très ému, prend congé. Il se rend à la retraite de l’ascète Zôga et se rase les cheveux. Puis il reste plongé dans ses méditations, ne s’adonnant à aucune pratique, les yeux constamment baignés de larmes. L’ascète s’étonne de sa conduite, et Munémasa explique qu’il est très préoccupé car sa femme doit bientôt accoucher. L’ascète se rend aussitôt à la capitale, et trouve la femme qui accouche, en proie à de vives douleurs. L’ascète, par ses prières, l’aide à enfanter, et puis fait le nécessaire pour les célébrations de naissance. Quoique rassuré, Munémasa adresse ce poème à l’empereur, qu’il a servi lorsque ce dernier était prince héritier : « Ah ! Que de mon prince nul ne devienne l’intime ! Au fond des montagnes où je me suis retiré l’éloignement me pèse. » L’empereur répond ainsi : « Je ne saurais oublier : au souvenir des jours passés, de celui qui vit dans les monts, moi aussi je me languis et me perds en rêveries ». Au reçu de ce poème, Munémasa peine à retenir ses larmes. Alors l’ascète, devant une telle sensiblerie lui fait honte et lui assure que ce n’est pas ainsi qu’il va parvenir à l’éveil. |
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TE018119 | Hosshinshū: 55. | LE SECOND CONSEILLER AKIMOTO QUITTE LE MONDE ET VIT RETIRÉ.– Le second conseiller Akimoto aspire profondément à la voie du Bouddha. Bouleversé après la mort de l’empereur, il refuse de servir le nouveau maître et après s’être chargé des cérémonies du deuil, il quitte le monde. Il finit par s’établir à Ôhara où le grand chancelier vient secrètement lui rendre visite. Ils conversent jusqu’à la fin de la nuit, sans jamais aborder les affaires de ce monde. Cependant, au moment de partir, le chancelier entend Akimoto lui dire que Toshizané est un écervelé. Le chancelier ne saisit pas le sens de cette réflexion sur Toshinazé, le fils d’Akimoto. Par la suite, il comprend qu’Akimoto lui demande d’épauler son fils, et de ne pas le négliger, même si celui-ci est dépourvu de qualités remarquables. Le chancelier est très ému par l’affection d’Akimo envers son fils, malgré son renoncement au monde. Dès lors, il ne perd pas d’occasion d’aider et de patronner ce fils, qui, malgré l’absence de son père, devient le grand conseiller du Mino. | |
TE018120 | Hosshinshū: 56. | NARINOBU ET SHIGÉIÉ QUITTENT LE MONDE EN MÊME TEMPS.– Narinobu, surnommé le brillant général en second, et Shigéié, le resplendissant général en troisième, éveillent leur cœur en même temps, et décident de renoncer au siècle ensemble, même si l’origine de cet éveil est différente pour chacun. Shigéié, s’est mis à haïr le monde quand il a observé le regret et l’envie éprouvés par les hommes durant la grave maladie du premier personnage de l’époque. Narinobu, lui, après avoir entendu d’éminents dignitaires, pleins de discernement, élaborer des décisions lors de conseils, se dit qu’il ne pourra jamais accéder à ces fonctions aussi élevées, et prend la décision de quitter ce monde. Tous deux fixent une date pour se retrouver au Mii- déra [monastère non loin de Kyôto]. Mais le seigneur Shigéié tarde à venir, et Narinobu se rend seul dans la cellule du maître instructeur et lui fait part de son désir de recevoir la tonsure. Mais le maître refuse. Alors Narinobu se coupe lui-même les cheveux et le maître finit par accéder à sa demande. Alors que Narinobu s’apprête à partir, le seigneur Shigéié apparaît, trempé de rosée. Il explique qu’il a dû attendre le moment propice pour annoncer son départ à son père, mais, ne voulant en aucun cas manquer le jour dit, il a coupé sa chevelure la veille au soir. Le maître instructeur verse alors des larmes, ému devant une telle décision de la part de jeunes hommes si brillants et remarquables. On raconte aussi que le général en troisième Takamitsu, devenu moine sur le mont Tô, voyant son frère aîné commettre erreur sur erreur, éveille son cœur en se disant que demeurer en ce monde est source de bien des hontes. | |
TE018121 | Hosshinshū: 57. | LE MINISTRE DE GAUCHE, DU PARC FLEURI, FAIT PÈLERINAGE AU SANCTUAIRE DE YAHATA ET Y PRIE POUR SA RENAISSANCE.– Le ministre de gauche, du Parc Fleuri, apparenté à l’empereur possède toutes les qualités. Mais, regrettant de n’être qu’un simple sujet, il n’éprouve nul plaisir et gronde ceux qui rient dans sa maison marquée d’un si mauvais destin. Au printemps, c’est dans la résidence de ce ministre que les jeunes gens se réunissent pour s’adonner à la poésie et à la musique. Et malgré le grand train mené dans sa maison, le ministre dégage toujours une profonde tristesse. Il se rend alors à pied au sanctuaire de Yahata, en accomplissant une septaine de veilles. L’intendant du sanctuaire s’apprête à le recevoir dignement, mais le ministre dit qu’il veut faire pèlerinage sans se loger nulle part. Sur le chemin du retour il reçoit un poème de l’intendant dans lequel celui-ci exprime son désir de voir les vœux du ministre exaucés. Le ministre ne répond pas, mais considérant ce poème comme parole divine, il le met dans son sac, et donne son cheval à l’intendant. Le ministre se rendait régulièrement au sanctuaire sans doute pour prier car sa lignée s’était éteinte. | |
TE018122 | Hosshinshū: 58. | LE SAINT HOMME MOKU, QUI ASSISTE À LA CONSÉCRATION DU HÔJÔ- JI, AFFERMIT EN LUI L’ESPRIT DE LA VOIE.– Le saint homme Moku se rend au Hôjô-ji le jour de la consécration présidé par le chancelier et se prosterne devant les Bouddhas. Le chancelier n’égale personne en splendeur, mais quand paraît le seigneur, le chancelier passe pour moins que rien. Mais quand le seigneur se prosterne devant le Bouddha, le saint homme estime que c’est le Bouddha qui occupe le rang suprême. | |
TE018123 | Hosshinshū: 59. | DIVERSES RÉFLEXIONS SUR LA CONDITION HUMAINE.– A) Après les propos de trois mendiants sur un certain Ômi, un moine se sent misérable et honteux en pensant que les Bouddhas et les Bodhisattvas doivent trouver la conduite des hommes bien légère. B) Un homme passe la nuit dans un logis tenu par un vieil homme perclus de douleurs. Pris de pitié pour le vieillard, il lui conseille de se retirer du monde et d’invoquer Bouddha avant de mourir. Mais le vieillard répond qu’il désire occuper le poste de notable quand celui qui l’occupe actuellement, âgé de trois ans de plus que lui, sera mort. Voilà bien une conduite profondément coupable et digne de pitié. Les espérances que nourrissent en ce monde les grands comme les humbles témoignent d’une même attitude. C) Lors d’un conflit guerrier, un homme, personnage de haut rang, est capturé et emmené brutalement pour être décapité. Et dans cette situation pitoyable et désespérée, les badauds sont peinés de voir l’homme faire soudain un écart pour éviter de mettre le pied sur des ronces. D) Et voici ce que répond, Zennin, illustre moine du célèbre monastère Mii-Déra, à ceux qui le félicitent, quand il est promu au titre le plus élevé dans la hiérarchie ecclésiastique : « Dans une vie antérieure, j’ai occupé le rang de roi dans les six cieux du monde du désir et dans les quatre cieux de méditation. Comment un rang obtenu dans ce minuscule pays perdu aurait-il de quoi me plaire ? ». De façon générale, l’homme ordinaire ignore ce qu’est sa propre condition dans ce qu’elle a de bas et de vulgaire. |
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TE018124 | Hosshinshū: 60. | UN HOMME PAUVRE QUI AIME LES PLANS D’ARCHITECTE.– Un vieil homme, privé par manque d’appui d’un poste de fonctionnaire, vit très pauvrement dans une chapelle délabrée. Il occupe son temps à quémander des papiers sur lesquels il dessine inlassablement les plans de la maison qu’il pourrait se construire. Cet homme, contrairement à d’autres, ne se donne pas le mal de bâtir la demeure qu’il projette. Son œuvre n’est qu’une feuille de papier, mais elle suffit à y loger son esprit. Ainsi « ceux qui, riches, continuent de nourrir des désirs, sont pauvres ; ceux qui, pauvres, ne désirent rien sont riches ». On dit qu’en Chine un maître de cithare garde son instrument dépourvu de cordes. Il assure que les mélodies lui reviennent quand il regarde sa cithare et qu’il se sent autant apaisé que s’il en jouait. | |
TE018125 | Hosshinshū: 61. | GONSÔ PREND EN PITIÉ ÉIKÔ.– Eikô, un vieux moine pauvre, a installé sa mère dans le monastère et assure difficilement sa subsistance. Quand il reçoit sa part de riz, il la divise en quatre portions : une pour sa mère, une pour un mendiant, une pour son petit domestique et enfin une pour lui. Un jour son voisin Gonsô entend le petit domestique sangloter. Celui-ci dit à Gonsô que son maître Eikô vient de mourir et qu’il ne sait comment procéder aux funérailles. D’autre part il s’inquiète du sort de la mère du défunt. Gonsô, pris de pitié, lui promet de s’occuper avec lui des funérailles, et de prendre sur sa ration de riz pour nourrir la mère d’Eikô. Ainsi dans la nuit Gonsô et le garçon procèdent à l’inhumation du défunt dans la montagne. Quant à la vieille dame, elle continue de recevoir sa nourriture comme auparavant, sans jamais apprendre qu’elle a perdu un fils. Mais un jour, alors que le domestique lui livre sa nourriture tardivement, il ne peut retenir ses sanglots devant les plaintes de la vieille femme, et il lui avoue toute la vérité. A ces mots la femme, effondrée, dit que son attente de voir son fils venir lui rendre visite a donc été vaine, et dans l’instant elle expire. Gonsô procède à son inhumation dans un temple de montagne et se dépense sans compter pour toutes les cérémonies de célébration. Plus tard Gonsô, ce personnage remarquable, a été nommé à titre posthume, recteur monacal. |
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TE018126 | Hosshinshū: 62. | LA MÈRE DU CONTRÔLEUR MONACAL SHÔZAN VOUE À SON FILS UNE TENDRESSE PROFONDE.– Le contrôleur monacal Shôzan vit très pauvrement dans la montagne enneigée. Il n’ose demander de l’aide à sa mère avec qui il entretient de lointaines relations. Mais celle-ci adresse à son fils une lettre de la capitale où elle réside, s’inquiétant avec délicatesse de sa situation. Elle lui fait porter aussi quelques présents. Shôzan est très ému par cette attention et il allume un feu et prépare la nourriture offerte par sa mère à son messager transi de froid. Mais ce dernier fond en larmes et refuse de manger. Il explique que la mère de Shôzan, à bout de ressources, a coupé sa chevelure pour l’échanger contre cette nourriture. Il n’est rien qui, pour la profondeur de la compassion, surpasse les sentiments d’une mère. Et c’est ainsi pour les oiseaux et toutes les bêtes même privées de raison. Ainsi un homme élevant un faucon entreprit de tuer une chienne pour la lui donner à manger. Il ouvre le ventre de la chienne : en sortent deux petits. La chienne qui s’est enfuie revient les chercher mais tombe morte. A cette vue, l’homme renonce au monde. |
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TE018129 | Hosshinshū: 63. | SHÖKÜ DONNE SA VIE EN ÉCHANGE DE CELLE DE SON MAÎTRE.– Alors que dans le monastère MIi-déra le chapelain impérial Chikyô très âgé et malade agonise, le fameux devin Séiméi dit qu’il n’y a plus aucun recours à cette fin inéluctable, sauf si un disciple très attaché au chapelain accepte de prendre sa place. Chikyô dévisage alors tous ses disciples mais aucun ne semble vouloir échanger sa vie contre la sienne. Or le jeune maître instructeur Shôkû s’approche du chapelain et dit qu’il souhaite donner sa vie et offrir son corps aux bouddhas des trois mondes [passé, présent et futur]. Avant cela, il demande la permission d’aller visiter sa mère pour lui exposer les raisons de sa décision. A ces mots, tous sont très émus. Shôkû explique à sa mère que par sa conduite il est assuré de bénéficier de la pitié des bouddhas des trois mondes. Et son acte méritoire permettra aussi sans aucun doute l’éveil de sa mère dans l’autre monde. Ainsi par l’abandon de ce misérable corps, c’est à deux êtres qu’il rendra ses bienfaits. La mère de Shôkû se désole d’être abandonnée par son fils, mais accepte sa décision, sachant qu’en vérité ni jeunes ni vieux ne sont assurés de leur sort ni de leur fin. Elle lui enjoint de renaître dans la terre pure et de lui obtenir son salut. Il envoie une lettre au devin Séiméi pour effectuer les prières en vue de l’échange des vies. Pendant la nuit, Shôkû pris de douleurs insupportables se rend à son ermitage, met ses affaires en ordre et se tourne vers une peinture représentant le vénéré Fudô [l’un des rois de la science]. Très éploré, il adresse à la divinité une dernière prière pour invoquer sa compassion et ne pas tomber dans une voie mauvaise. Alors des larmes de sang coulent des yeux du Bouddha de l’image. Une auguste voix dit alors que puisque Shôkû prend la place de son maître, Bouddha va prendre celle de Shôkû. Cette voix transperce le moine jusqu’aux os, et lui pénètre le foie. Il se sent subitement revigoré. Dès lors le chapelain, libéré de sa maladie, met toute sa confiance en Shôkû devenu un disciple remarquable. On dit que les traces de larmes sont toujours visibles sur l’image de Fudô installée plus tard dans le palais impérial. |
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TE018130 | Hosshinshū: 64. | UNE SUIVANTE DU PALAIS DE L’IMPÉRATRICE ÉPROUVE DU CHAGRIN LORSQUE DISPARAÎT LE RECTEUR MONACAL DE L’ICHIJÔ-JI.– Après le décès du recteur monacal du monastère de lIchijô-ji, lors de l’office de clôture, la dernière cérémonie de deuil, une jeune femme ne cesse de pleurer. Certains participants trouvent sa conduite inadmissible et veulent la chasser, alors que d’autres sont plutôt curieux d’obtenir une explication. Quelqu’un finit par l’aborder pour la questionner. La femme explique qu’elle a bénéficié de la compassion du révérend recteur quand celui-ci l’a recueillie, alors qu’enfant elle avait été abandonnée et gisait sur les bords d’une rivière. Le révérend l’a confiée à des parents adoptifs qui l’ont élevée. Mais ils sont décédés tous deux quand elle avait treize ans. Après quelques années d’errance, elle finit par entrer au palais de l’impératrice comme servante. Elle ne se sent plus délaissée sous la protection de ce haut personnage, mais ignorant tout de ses parents géniteurs, et souffrant de la mort de ses parents nourriciers, elle ressent une reconnaissance infinie à l’égard du révérend. C’est grâce à lui qu’elle est devenue une personne à part entière. Elle ne savait que faire pour le remercier. Sa condition de femme l’empêchait de se mettre à son service. Parfois elle l’apercevait au-loin et ressentait un immense bonheur. Quand elle a appris son décès, elle a eu l’impression que le monde l’avait plongée dans le noir et que sa vie était terminée. Alors elle s’est absentée du palais en prétextant un empêchement pour assister à cette cérémonie de l’office de clôture. Elle éclate ensuite en sanglots et tous, même ceux qui se montraient méfiants, sont saisis de pitié et versent des larmes. Ainsi une faible femme est douée d’une sensibilité assez profonde pour conserver le souvenir d’un bienfait. C’est ce que fait aussi un personnage qui porte toute sa vie un vêtement qu’il a pris pour le deuil de sa majesté l’empereur Murakami. |
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TE018131 | Hosshinshū: 65. | UN EMPLOYÉ DE LA CHANCELLERIE PRIVÉE DE L’EMPEREUR HORIKAWA ENTRE DANS LA MER PAR NOSTALGIE DE SON SOUVERAIN.– L’empereur Horikawa apprécié de tous, nobles et manants, pour sa délicatesse, son raffinement et son règne admirable dans un monde en paix, meurt à l’âge de vingt-neuf ans. Un employé assidu de la chancellerie privée de l’empereur, ne supportant pas cette disparition, se lamente et finit par prendre la tonsure. Il ne fait qu’implorer les bouddhas pour connaître le lieu de Renaissance de l’empereur. Or plusieurs années plus tard il voit apparaître en songe l’empereur qui est devenu un dragon dans la mer de l’ouest. Un jour de grand vent l’homme embarque sur un canot et prend la mer. Ballotté par les flots, il finit par disparaître. Il est certain qu’il a rejoint le défunt empereur, et qu’il continue de le servir. On connaît plusieurs exemples de simples domestiques qui offrent leur vie, alors que d’autres sur qui on compte se montrent plus négligents. Cela tient aux liens noués dans une existence antérieure. |
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TE018132 | Hosshinshū: 66. | UNE MÈRE ET SES DEUX FILS, TOUS TROIS PLEINS DE SAGESSE, SONT DISCULPÉS.– Un homme a deux fils : l’aîné qui est né d’une première épouse, et le cadet de son épouse d’alors. L’aîné témoigne à sa belle-mère une piété filiale exemplaire, et cette dernière le considère comme son propre fils. Le père tombe gravement malade, et avant de mourir il s’inquiète auprès de sa femme du sort de son fils aîné et lui demande de voir en son fils une image de lui-même, et de le prendre en pitié. Par la suite la femme se montre encore plus attentive à l’égard de l’aîné que du cadet. Quand ces garçons deviennent des hommes, l’aîné épouse une femme très belle courtisée par beaucoup d’hommes. Parmi eux, un homme exerçant ses fonctions au palais, épris et prétentieux, se montre sans vergogne chaque nuit chez l’aîné. Alors le cadet tue l’homme; il est arrêté et condamné à mort. Au moment de l’exécution, le frère aîné du condamné se présente et dit que c’est lui, et non son frère, qui doit être inculpé. Mais le cadet rétorque que son frère n’est coupable que d’être marié à cette femme. L’empereur met fin à cette dispute en demandant à leur mère de se prononcer. La femme en pleurs dit qu’il faut punir le cadet. Elle s’explique en disant que l’aîné est son beau-fils qui s’est fié à elle comme à sa propre mère. Cet enfant lui a été recommandé par son défunt père, et l’aîné est pour elle l’image que son père a laissée. Et elle se fie à son cadet comme à un autre elle-même. Elle ajoute que si son fils est inculpé, c’est certainement la rétribution détestable d’une de ses vies antérieures. Tous sont pris de pitié et l’empereur les disculpe tous les trois. |
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TE018133 | Hosshinshū: 67. | LA FILLE DE SAIGYÔ QUITTE LE MONDE.– Avant de quitter le monde, le moine Saigyô donne sa fille à son frère cadet et lui demande de veiller sur elle. Quelques années plus tard, le moine, ayant à faire près de la capitale, vient observer discrètement la fillette et est ému à la vue de sa fille habillée d’une vilaine robe et jouant dans la cour de la maison du frère cadet avec quelques garnements. Mais celle-ci est effrayée lorsqu’elle aperçoit le moine et se réfugie dans la maison. Bien plus tard Dame Renzei, fille du seigneur de la neuvième avenue, propose à la mère de la fillette de l’adopter. Celle-ci accepte et Saigyô est rassuré de savoir sa fille entourée de tendres soins. A l’âge de quinze ou seize ans, la jeune fille devient chambrière au service d’un gouverneur, époux d’une sœur cadette de la mère adoptive. Saigyô se rend secrètement dans une maison proche de la résidence du gouverneur et fait mander sa fille. La jeune fille juge la demande du messager suspecte, mais, curieuse de rencontrer son père, elle quitte la résidence et suit le messager jusqu’au lieu de rendez-vous. Là, émue par l’aspect misérable du moine, elle vide son cœur et s’entretient avec lui. En voyant sa fille aussi belle et épanouie, il lui demande de l’écouter. Il dit qu’il l’a choyée dès sa naissance et a toujours espéré pour elle de la voir entrer au service d’une impératrice ou à quelque personne de naissance princière. Il ne pensait pas la voir ainsi préposée à l’entretien dans une maison de deuxième ordre. Alors il souhaite maintenant que sa fille devienne nonne, qu’elle s’établisse près de sa mère, et qu’elle se consacre au service du Bouddha. La fille de Saigyô réfléchit longuement, puis accepte. Elle n’informe personne de sa décision et la veille de son départ, elle dit qu’elle veut se laver les cheveux. Dame Renzei s’étonne mais pense que celle-ci prépare sans doute un pèlerinage, et la laisse faire. Le lendemain la fille du moine prétexte une affaire urgente chez sa nourrice. Dame Renzei fait préparer une voiture pour l’y conduire. Au moment d’y prendre place la fille du moine revient sur ses pas et regarde intensément le visage de la Dame avant de partir. Sans nouvelle depuis plusieurs jours, la Dame finit par apprendre la vérité par la nourrice. Elle verse des larmes de dépit car elle a toujours traité cette enfant comme sa propre fille. Mais elle est malgré tout attendrie quand elle se rappelle que la jeune fille est revenue la dévisager longuement avant de partir. Sans doute avait-elle le cœur serré de cette séparation. La jeune fille se fait nonne et rejoint sa mère qui a déjà renoncé au monde et elle pratique l’ascèse avec elle. Par la suite Dame Renzei pratique la voie de façon admirable en peignant quotidiennement. On dit qu’elle a réalisé une image du Bouddha, figure qui apparaît dans le ciel quand la vie de la Dame touche à sa fin. |
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TE018134 | Hosshinshū: 68. | LE CHAMBELLAN ET GRAND CONSEILLER [NARIMICHI], ENCORE ENFANT, EMPÊCHE QU’ON FASSE APPEL À UN SECOND EXORCISTE.– Le chambellan et grand conseiller Narimichi contracte la malaria à l’âge de neuf ans. Ses parents font appel à un contrôleur monacal qui pratique depuis quelques années les conjurations. Mais l’enfant est pris d’un accès de fièvre. Alors que ses parents se demandent s’ils doivent appeler un autre moine, Narichimi demande à revoir le même moine, car c’est grâce à lui qu’il a vécu jusque là sans accident. Il serait désolant que ce moine soit contrarié par sa maladie. Il ne désire la présence d’aucun autre moine, même si celui-ci peut faire tomber sa fièvre. L’enfant ajoute que sa maladie n’est pas mortelle et qu’il finira bien par guérir. Lors du prochain accès de fièvre ils font venir le moine à qui ils racontent tout. Ce jour-là le moine éploré procède aux conjurations en y mettant tout son cœur. La fièvre du garçon tombe net. Cet enfant devient plus tard un homme sensible, délicat et doté d’une merveilleuse élégance de cœur. |
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TE018135 | Hosshinshū: 69. | LE MAÎTRE DE LA LOI ÉISHÛ POSSÈDE L’ÉLÉGANCE DU CŒUR– Le maître de la loi Éishû est issu d’une famille pauvre, et possède l’élégance du cœur. Il passe tout son temps à jouer de la flûte. Les voisins, incommodés, finissent tous par partir. Mais malgré sa pauvreté, son comportement est approuvé par tous. Son lointain parent Yorikiyo [l’intendant du sanctuaire de Hachiman] le prend en pitié et lui propose son aide. Éishû répond qu’il y a une chose qu’il désire ardemment demander à l’intendant et qu’il va venir sans tarder. Yorikiyo regrette alors amèrement d’avoir manifesté de la sympathie pour cet individu qui de toute évidence va l’accabler de demandes. Éishû se présente devant l’intendant. Ce dernier est sûr que le maître de la loi convoite un domaine quand le moine lui dit que Yorikiyo possède de nombreuses terres dans Tsukushi. Mais ce qu’il sollicite, c’est que l’intendant lui fasse don d’une flûte en bambou chinois. Il ajoute que depuis des années, à cause de sa basse condition, il cherche vainement à acquérir pareil instrument. Yorikiyo est très ému par cette demande, et lui promet de lui offrir une flûte aussitôt. Mais il veut faire plus pour lui et lui propose de l’aider pour améliorer ses conditions de vie. Mais Éishû dit qu’il n’a besoin de rien. Il se satisfait de son vêtement et de la nourriture qui se présente à lui. Yorikiyo est émerveillé devant l’élégance du cœur de cet homme. Il lui offre une flûte, et, malgré les dires du moine, il se charge plus tard des besoins nécessaires d’Éishû. | |
TE018136 | Hosshinshū: 70. | L’AMOUR DE L’ART QUI ANIME TOKIMITSU ET SHIGÉMITSU PARVIENT AUX OREILLES DE L’EMPEREUR.– Pendant que Tokimitsu, joueur d’orgue à bouche, fait une partie de go avec le maître de flûte Shigémitsu, tous deux entonnent l’air Katô- raku. Un émissaire du palais vient mander Tokimitsu pour une affaire urgente, mais ce dernier n’y prête aucune attention. A son retour, l’envoyé du palais rendant compte à l’empereur du comportement de Tokimitsu pense que celui-ci sera certainement sérieusement sermonné. Mais l’empereur trouve qu’aimer la musique à ce point, s’y adonner en oubliant tout, est une conduite digne d’un profond respect. L’empereur regrette que sa dignité royale l’empêche d’aller entendre ses deux musiciens. A méditer cette affaire, on voit que l’amour de l’art peut constituer un excellent moyen pour se déprendre des préoccupations de ce monde. | |
TE018137 | Hosshinshū: 71. | LA PRATIQUE DU RÉVÉREND HÔNICHI CONSISTE À DÉCLAMER DES POÈMES.– L’ascète Hônichi récite trois poèmes chaque jour : un à l’aurore, un au milieu du jour et un le soir pour contempler en esprit la fuite des jours. C’est une pratique bien curieuse, mais ces pratiques sont aussi diverses que les façons pour le cœur de s’exprimer. Un moine a pu renaître dans la "Terre Pure" en jetant des ponts sur les rivières, un autre en conduisant un bac à la perche. A plus forte raison la poésie aide à purifier son cœur, à contempler en esprit l’impermanence de ce monde. Même le fameux contrôleur monacal Éishin, alors qu’il trouvait les belles paroles des poèmes bien trompeuses, ému par la beauté d’un paysage sur un lac, finit par composer des poèmes. Le moine Rennyo, lui, récite très souvent des vers adressés à l’empereur écrits par l’impératrice mourante. Une autre fois il réussit à pénétrer en jouant de la flûte dans la résidence assiégée de l’empereur Sutoku. Il communique alors avec ce dernier en échangeant des poèmes. Quant à l’adjoint principal du gouverneur général, il entre chaque jour dans sa chapelle privée et joue du luth. | |
TE018138 | Hosshinshū: 72. | UNE COURTISANE DE L’ESCALE DE MURO NOUE UN LIEN DE SALUT AVEC UN SAINT HOMME EN CHANTANT UNE CHANSON.– Un saint homme, lors d’une escale dans le port de Muro, voit la barque d’une courtisane s’approcher de son bateau. Celle-ci répète plusieurs fois un chant poétique puis s’adresse au moine : « Etre comme moi une grande pécheresse, c’est sans nul doute la rétribution attendue d’une vie antérieure. ». Puis elle le supplie de la secourir et noue un lien de salut avec lui de tout son cœur. L’homme raconte que cette rencontre l’a ému au plus haut point. | |
TE018139 | Hosshinshū: 73. | UNE NONNE MENDIANTE FAIT À UN TEMPLE L’OFFRANDE DE LA CHEMISE QU’ELLE A REÇUE.– Une vieille nonne mendiante se présente devant la cellule de retraite d’une dame nouvellement nommée au service du palais. Les gens se moquent de ses haillons. La dame offre à la vieille femme des fruits qu’elle dévore aussitôt et avant son départ lui donne une chemise. Alors qu’on croit la nonne partie, on découvre qu’elle est allée dans la salle du temple vouée aux offrandes pour y déposer la chemise et rédiger un poème. | |
TE018140 | Hosshinshū: 74. | LE MAJORDOME YÛHÔMON-IN S’EN VA VIVRE EN MUSASHI.– L’ascète Saigyô traverse la lande de Musashi par une nuit de pleine lune quand une voix qui psalmodie un sûtra se fait entendre. Intrigué, le moine découvre une hutte au toit de chaume, entourée d’une multitude de plantes. L’homme qui habite là est un vieillard qui dit avoir été autrefois le majordome d’Yûhômon-in, fille de l’empereur Shirakawa. Après la mort précoce de la princesse, il a décidé de prendre le vêtement monacal et de se retirer. Il s’est établi dans cette lande, charmé par la variété de fleurs qui s’y épanouissent. Saigyô, très ému par les paroles d’Yûhômon-in, lui demande comment il subvient à ses besoins. Celui-ci répond qu’il vit de la compassion des gens, et qu’il lui arrive de rester plusieurs jours dépourvu de tout. De plus, il ne fait cuire aucun repas quotidien pour qu’aucune fumée ne monte au-milieu de ces fleurs. A ce récit Saigyô envie cet homme au cœur si pur. |
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TE018141 | Hosshinshū: 75. | DEUX CHAMBRIÈRES DE JÔTÔMON – IN VIVENT AU FOND DES MONTAGNES.– Un ascète en quête d’un lieu où s’établir découvre au fond d’une sombre vallée deux femmes qui habitent deux misérables huttes de branchages. Le moine les questionne, mais celles-ci restent muettes. Elles finissent par répondre au moine touché par la décision de ces femmes de se retirer ainsi du monde. Lorsqu’elles avaient vingt ans, elles étaient au service de l’impératrice retirée Jôtômon-in. Mais elles décidèrent de disparaître pour échapper, dans ces lieux voués au raffinement, aux souffrances du corps et aux multiples péchés. Après avoir erré quelque temps dans des endroits habités, elles ont fini par s’installer dans ce lieu où elles vivent depuis quarante ans. Tous les quinze jours une des deux femmes se rend au bourg pour subvenir à leurs besoins. Après avoir pris des nouvelles l’une de l’autre, en ouvrant leur fenêtre, elles consacrent leurs journées à invoquer le Bouddha. L’ascète est très ému par la franchise et l’élégance de ce récit, et il se met à pleurer. Ils se promettent de se retrouver dans l’unique terre pure de Bouddha. L’ascète s’en retourne, et revient plus tard avec des robes et des vivres, mais les deux ermitages ne sont plus habités. Les femmes ont disparu vers une destination inconnue. Ainsi loger un corps souillé et éphémère au fond des forêts, confier sa vie au Bouddha afin d’obtenir un état de pureté sans régression, est en vérité une conduite dictée par une volonté personnelle. |
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TE018142 | Hosshinshū: 76. | LE RECTEUR MONACAL ÉISHIN SE PRÉSENTE AU RÉVÉREND KÛYA.– Le contrôleur monacal Éishin rend visite au vertueux révérend Kûya. Éishin demande au vieil homme comment accomplir sa Renaissance. Ce dernier répond que si l’on tient en dégoût ce monde souillé et que l’on aspire du fond du cœur à la terre pure, même si on est dépourvu de sagesse et de pratique vertueuse, on peut accomplir sa Renaissance. Éishin, trouvant ce jugement très fin verse des larmes et par la suite garde toujours en tête cet enseignement et donne la primauté au rejet du monde souillé et à la quête de la terre pure. | |
TE018143 | Hosshinshū: 77. | LE RÉVÉREND KÛYA SE DÉPOUILLE DE SON VÊTEMENT ET L’OFFRE À LA GRANDE DIVINITÉ BRILLANTE DE MATSUNOO.– En visite dans la capitale, le révérend et ascète Kûya croise un homme semblant transi de froid. Questionné par le révérend, l’homme répond qu’il est la grande divinité brillante du sanctuaire de Matsunoo et qu’il est heureux d’enfin rencontrer le révérend Kûya pour lui exposer ses doléances. Il dit qu’il souffre d’un froid insupportable à cause de la bise des pensées dévoyées, des notions erronées, et du givre des passions et actes porteurs de mal. Puis il demande au révérend de lui offrir une lecture du sûtra du lotus. Kûya ému et confus répond qu’il fera cette offrande dans le sanctuaire de la divinité. Puis il dit qu’il veut lui offrir sa chemise qu’il porte sous son vêtement depuis quarante ans et qui est imprégnée de la lecture du sûtra du lotus. Le dieu enfile la chemise et, tout joyeux, dit qu’il se sent alors parfaitement réchauffé et qu’il protègera dorénavant le révérend Kûya jusqu’à l’heure où il réalisera la Voie du Bouddha. Le zèle de cet ascète a permis à tous de pratiquer l’invocation au Bouddha, qui n’était pas alors répandu encore au Japon. Au cours de ses pérégrinations, Kûya proclame Amida [le Bouddha sauveur] et les gens l’appellent « l’ascète d’Amida » ou « l’ascète de la ville ». Là où il manque un pont il en construit un, là où il manque un puits il en creuse un. On peut dire qu’il est le fondateur de l’invocation. Ainsi il accomplit sa Renaissance en ayant fait de la lecture du sûtra du lotus et de l’invocation au Bouddha des actes conduisant au paradis. |
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TE018144 | Hosshinshū: 78. | FIDÉLITÉS DIVERSES AU SUTRA DU LOTUS.– A) Le général en second Masamichi lit assidûment le sûtra du lotus depuis sa jeunesse. Cependant, au service de la cour, il commet à contrecœur quantité d’actes mauvais mais ne cesse de réciter un verset du sûtra du lotus. Plus tard il est écrit que Masamichi dans ses derniers instants de vie, après avoir entonné ce verset, voit apparaître toutes sortes de signes fastes et qu’il a sans aucun doute accompli sa Renaissance. Le haut dignitaire Michimasa est incrédule et dit qu’un homme comme Masamichi qui a passé son existence à tuer des êtres vivants, à suivre égoïstement son chemin n’a pu accomplir sa Renaissance. Quelques années plus tard, le dignitaire, lors d’un sermon entend une nonne raconter qu’alors qu’elle pensait que sa pauvreté l’empêchait d’accomplir des actes en vue de sa Renaissance, elle a vu en songe un moine qui lui dit qu’une personne qui invoque le Bouddha d’un cœur pur ne manque pas de renaître au paradis. Ce moine dit aussi que récemment le général en second Masamichi a accompli sa Renaissance grâce à son cœur pur et sa foi dans le sûtra du lotus. Après avoir entendu le récit de la nonne, Michmasa ajoute foi alors à ce qu’on lui avait dit. B) On raconte aussi qu’un certain Seng Yan, maître de la Loi dans un pays de Chine nommé Bing [Shanxi], entreprend de lire mille fois le sûtra du lotus pour parvenir à la Renaissance. A la centième lecture, durant la nuit il sent en songe qu’il est pourvu d’ailes et qu’il peut voler. En effet, les mots du sûtra se sont assemblés pour former des ailes. Alors Seng Yan, espérant voler jusqu’au paradis prend son envol et se pose à destination au pied d’une allée bordée d’arbres ornés de joyaux. Les mots qui ont poussé sur son corps comme des plumes se muent en plus de soixante-neuf mille bouddhas rayonnants [comme le nombre de mots dans le sûtra du lotus], qui se rangent tous autour du bouddha Amida. Celui-ci explique à Seng Yan, très ému, qu’il doit retourner dans le monde d’en bas pour terminer ses mille lectures, et instruire la foule des vivants. Après ces paroles, les bouddhas redeviennent des ailes, et Seng Yan s’en retourne. Lorsqu’il se réveille de ce songe, il adore ces bouddhas en se prosternant, et éveille son cœur en effectuant la lecture du sûtra. C) Le maître en méditation Hui Chao, profondément attaché au sûtra du lotus, prend à son service un jeune moine qui se révèle doué d’une capacité remarquable pour deviner les pensées et les sentiments des autres. Mais quand Hui Chao décide de ne plus lire le sûtra du lotus, mais de réciter les formules véridiques, composées de peu de mots, le moine disparaît subitement. Hui Chao qui se désole de son absence voit en rêve le moine qui lui dit être en réalité le Bodhisattva Jizô. Ce dernier dit à Hui Chao qu’il a admiré sa ferveur à se consacrer au sûtra du lotus, mais qu’il l’a quitté, fort déçu de le voir s’appliquer dorénavant aux formules véridiques. En réalité, l’erreur qu’il lui reproche n’est pas dans le contenu des formules véridiques, mais c’est de rejeter une pratique à laquelle il consacrait ses efforts. D) Un moine dévoyé et père de nombreux enfants ne manque pas, dès qu’un petit se trouve en âge de parler, de lui apprendre les titres des chapitres du sûtra du lotus. Puis il lui apprend à lire à haute voix un chapitre, voire un rouleau. A ceux qui le questionnent, le moine dit qu’enseigner ce sûtra, c’est l’intention originelle de la venue du Bouddha en ce monde. Ainsi permet-il à ses enfants de nouer un lien, s’il arrive qu’ils meurent en bas âge. On n’a pas le sentiment qu’il soit difficile de renaître avec la condition d’être humain, mais en vérité l’expression « renaître dans cette condition pour avoir parfaitement observé les commandements [l’interdiction du meurtre, du vol, de la fornication, du mensonge et de la consommation d’alcool] » en montre toute la difficulté. Et c’est bien grâce à la diffusion de ce sûtra que l’humanité n’a pas disparu. |
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TE018145 | Hosshinshū: 79. | A) LA FILLE DE KAMO, QUI AVAIT FAIT SIENNE LA FORMULE « NATURE DE BOUDDHA DEMEURE ÉTERNELLEMENT », ACCOMPLIT SA RENAISSANCE. B) UN HOMME EST LIBÉRÉ DE L’ENFER.– A) La poétesse appelée fille de Kamo se fait nonne et prend le nom de Myô. Assise, éveillée ou allongée, elle ne cesse de répéter ces mots : « Nature de Bouddha demeure éternellement. » [sûtra du Lotus]. Et après avoir vécu ses derniers moments, elle accomplit sa Renaissance. Cette formule ne permet pas à elle seule la Renaissance au paradis, mais la Renaissance dépend aussi des habitudes prises dans les vies antérieures et de la réorientation de nos actes. B) Un pieux laïc se moque d’un homme qui soutient qu’entendre les mots « demeure éternellement » empêche de tomber dans l’une des Voies mauvaises. Comment deux petits mots du sûtra pourraient nous sauver de fautes graves ? Après sa mort, ce laïc comparaît devant le roi Enma [roi et juge des enfers]. Condamné à être expédié en enfer pour outrage, l’homme finit par croire en la puissance de ces deux mots et est libéré de l’enfer. | |
TE018146 | Hosshinshū: 80. | LE RÉVÉREND KAKUNÔ, QUI DEMEURE AUPRÈS DU TOMBEAU DU PRINCE, AIME LA MUSIQUE.– A) L’ascète Kakunô a un amour peu ordinaire pour la musique. Sa seule occupation est de fabriquer toutes sortes d’instruments avec des matériaux offerts par la nature (planche, crin de cheval, tige de bambou…). Tout en jouant de ces instruments, il se dit que le concert des Bodhisattvas et des saints doit être vraiment merveilleux. Si un enfant s’empare d’un de ses instruments pour jouer et le détruit, Kakunô se met en colère. Des années plus tard, quand l’ermite meurt, il entend résonner à ses oreilles le céleste concert. Son corps demeure longtemps indemne de toute dégradation, et tous les gens du voisinage viennent le vénérer, tel un Bouddha. Il disparaît le quarante-neuvième jour [période intermédiaire avant que soit fixé le sort posthume du défunt], et nul n’a connaissance de son destin. Pour ceux qui croient que la musique est une conduite qui conduit à la terre pure, elle devient en effet un moyen de Renaissance. B) Un saint homme très vertueux questionné sur ses pratiques dit qu’il s’applique à s’abstenir des mauvaises actions et à accomplir toutes les actions encouragées par le Bouddha. L’homme ajoute qu’il n’a aucune prétention sur son lieu de Renaissance, et c’est Le Bouddha qui le jugera et qui en décidera. Sa fin est merveilleuse : il meurt assis sur ses talons, les mains jointes immobiles durant plusieurs jours. C) Un ami de bien vient visiter un brillant docteur ès lettres chinoises qui agonise, et l’exhorte à invoquer le Bouddha. Mais l’homme, poète, est obsédé par les beautés du vent et de la lune et ne prête pas attention aux conseils de son ami. Alors celui-ci lui dit qu’un homme comme lui qui a composé tant de vers remarquables devrait laisser quelque pièce pour célébrer le paradis qui doit posséder encore plus de splendeurs que les plus beaux sites de notre monde ! L’homme voit en imagination aussi nettement qu’en réalité toutes les ressources du paradis. Il finit par prononcer l’invocation, et vit ses derniers moments comme il les a souhaités. Les amis de bien qui assistent les mourants doivent connaître à fond le cœur humain. D) La prêtresse de Yoshhida, mourante, fait venir le révérend Yakunin comme ami de bien. Celui-ci l’encourage à prononcer l’invocation au Bouddha. La dame récite plusieurs passages essentiels avec une expression de parfaite fermeté et connaît une fin merveilleuse qui attendrit tout son entourage. Mais le révérend, lui, s’est endormi pendant les prières et ne semble pas vouloir se retirer. C’est alors que la prêtresse revient à la vie. Durant quatre heures, elle ne montre plus l’expression qu’elle avait précédemment, et c’est toute languissante qu’elle rend son dernier soupir. Le révérend dit qu’elle vit là sa véritable fin. Un démon a accompli un de ses tours, déjoué par la vertu de ce saint homme. E) Un malade mourant fait venir un moine, ami de bien qui l’exhorte à prononcer l’invocation au Bouddha. Mais l’homme ne dit rien. Le moine, pensant que l’homme est sourd, récite l’invocation d’une voix forte à son oreille. Alors qu’il semble que tout soit fini, l’homme guérit. Il raconte plus tard que cette voix insupportable a résonné dans tous ses membres, et qu’il n’a pas eu la moindre pensée, fût-ce pour une Renaissance au paradis. |
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TE018147 | Hosshinshū: 81. | UN SAGE MINISTRE SE DÉCOUVRE UN CHEVEU BLANC.– Un jour qu’il quitte le palais, le sage ministre de la résidence d’Ono voit un petit homme vêtu de blanc trotter derrière sa voiture. Celui-ci le rattrape et lorsque le ministre veut le chasser, le petit homme dit qu’il se nomme Cheveux Blancs et qu’il est le messager du roi Enma [roi et juge des enfers]. Aussitôt il saute dans la voiture, grimpe sur son chapeau et disparaît. De retour chez lui le ministre regarde et se découvre un cheveu blanc. Et depuis ce jour, lui qui n’avait en rien l’esprit de la Voie, se livre assidûment à de pieux exercices en vue de sa vie future. | |
TE018148 | Hosshinshū: 82. | UN MOINE DU MII-DÉRA VOIT EN SONGE LA PAUVRETÉ QUI EST SON LOT.– Un moine très pauvre décide de quitter le monastère du Mii-déra où il n’a aucune soutien, et de tenter son destin ailleurs. Alors qu’il se repose avant son départ, il voit en songe un jeune garçon à l’air souffreteux et mélancolique chaussé de bottillons de paille et prêt à partir. Questionné par le moine, le garçon répond qu’il demeure ici depuis des années, qu’il n’a jamais quitté le moine et qu’il va faire route avec lui. Il ajoute que ceux qui le voient l’appellent « le jeune dénuement de rétribution ». A ces mots le moine s’éveille et décide alors de demeurer dans le monastère, se repentant de la légèreté de sa conduite. |
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TE018149 | Hosshinshū: 83. | LE RÉVÉREND DÔJAKU, LORS D’UN PÈLERINAGE À HASÉ, PRIE POUR OBTENIR L’ESPRIT DE LA VOIE.– Dans sa jeunesse, lors d’un pèlerinage à Hasé, le révérend Dôjaku voit en songe un moine qui lui dit : « L’esprit de la Voie n’a pas de forme déterminée. Ton esprit, tel qu’il est, voilà simplement ce qu’on appelle esprit de la Voie. » Aussitôt Dôjaku quitte le monde, rase sa chevelure et va pratiquer l’ascèse. Puis il se construit un ermitage et se livre à la méditation assise ainsi qu’à l’évocation au Bouddha, lisant chaque jour le sûtra d’Amida. Il accomplit ainsi sa Renaissance. |
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TE018150 | Hosshinshū: 84. | LE CONTRÔLEUR MONACAL ÉSHIN RENONCE AU MONDE PAR FIDÉLITÉ AUX SENTIMENTS DE SA MÈRE.– Le contrôleur monacal Eshin, pris par ses obligations, ne peut manifester à sa mère pauvre et très âgée sa piété filiale. Quand il reçoit de nombreuses gratifications après avoir présidé un office bouddhique, il s’empresse d’aller porter tous ces présents à sa mère. Mais celle-ci se met à pleurer. Elle reproche à son fils cet acte qui la conduira aux enfers, alors qu’elle pensait qu’avoir un fils moine contribuerait à son salut dans l’autre monde. A ces mots le moine éveille son cœur et renonce au monde. | |
TE018151 | Hosshinshū: 85. | LE MAÎTRE INSTRUCTEUR JITSUIN VOIT SES PÉCHÉS S’EFFACER LORS D’UNE CÉRÉMONIE EN L’HONNEUR DU GRAND BOUDDHA.– Lors d’une cérémonie en l’honneur du grand Bouddha, un ascète voit en songe un moine qui lui dit que dans toute cette foule se trouve le maître instructeur Jitsuin et que les péchés que ce dernier a commis depuis très longtemps sont effacés. L’ascète fait chercher Jitsuin et lui demande à quelles pratiques il se livre. Jitsuin répond qu’il s’est tenu devant le Bouddha et qu’il a éveillé en lui une foi plus profonde qu’à l’ordinaire, et qu’il a lu tout le sûtra du principe de la sagesse. | |
TE018155 | Hosshinshū: 86. | MINAMOTO NO CHIKAMOTO ENCOURAGE LARGEMENT LA PRATIQUE DE L’INVOCATION AU BOUDDHA ET ACCOMPLIT SA RENAISSANCE.– Le gouverneur Minamoto no Chikamoto, pris de remords pour les péchés qu’il a commis passe ses journées à prier avec ferveur pour renaître au paradis. A sa nomination il ne donne pas la primauté au culte des dieux, mais à celui des Bouddhas. Durant son mandat il édifie une grande chapelle dans laquelle il installe une immense statue du Bouddha Amida. Il encourage les habitants à pratiquer l’invocation. Il les récompense selon le nombre des invocations : cent mille invocations correspondent à un setier de riz, il relaxe des inculpés de délits s’ils pratiquent l’invocation. Ainsi toutes les provinces voisines envient ce pays prospère et ce peuple soumis. A la fin de son mandat, lorsque Minamoto se met en route vers la capitale, tous se sentent orphelins. Finalement le gouverneur n’entre pas dans la capitale, mais quitte le monde et s’installe dans le monastère du Mii-déra. Lorsque sa dernière heure arrive, il entend une musique suave et voit apparaître toutes sortes de signes fastes. Il est écrit qu’il accomplit sa Renaissance. |
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TE018156 | Hosshinshū: 87. | LE RÉVÉREND SHINKAI N’ARRÊTE SES PAS EN NUL ENDROIT.– Quand l’ascète itinérant Shinkai séjourne en Chine ses pratiques se révèlent très inhabituelles. On raconte qu’ayant pénétré dans les montagnes avec deux compagnons, lors de sa méditation assise, sans abri, il s’expose à la pluie et la rosée durant de longues périodes allant jusqu’à cinquante jours. De retour dans son pays, il erre par monts et forêts sans jamais s’arrêter. Rien-bô, l’une des nombreuses sœurs de Shinkai, s’inquiète du sort de son frère qu’elle n’a plus vu depuis plusieurs années quand elle voit surgir un individu répugnant, amaigri et vêtu de haillons. Elle reconnaît alors Shinkai, et prise d’une grande pitié, elle demande à Shinkai de s’établir et de pratiquer l’invocation au Bouddha. Rien-bô bâtit alors un ermitage pour son frère et lui adjoint les services d’un jeune moine. Après plusieurs mois de cette vie paisible, Shinkai reçoit un ascète avec lequel il s’entretient toute une nuit. Le jeune moine entend la conversation. Shankai dit qu’il souhaite reprendre ses pérégrinations sans but, en se gardant de toute souillure du cœur. Le jeune moine pense que ce départ ne se fera pas de sitôt, mais Shankai disparaît quelques jours plus tard. Le jeune moine, très attristé, le recherche et finit par le retrouver et demande à Shankai de rester auprès de lui. Mais ce dernier rétorque qu’il ne peut donner satisfaction à sa requête, désirant rester distant, et le jeune moine s’en retourne. Et désormais on perd toute trace de ce saint homme. |
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TE018157 | Hosshinshū: 88. | LE FILS DU CONTRÔLEUR SURNUMÉRAIRE DE L’IMPÔT NARIKIYO VA VIVRE SUR LE KOYÂ.–Le fils du collecteur d’impôt Narikiyo qui s’adonne la chasse et la pêche, conçoit l’esprit de la Loi lors d’un pèlerinage et désire ardemment réduire son corps à néant pour pratiquer la Voie du Bouddha. Ses parents s’opposent farouchement à ce désir et le garçon garde secrète son intention. Plus tard il se rend à la capitale et rend visite à un révérend à qui il confie son intention de raser sa chevelure. Le révérend le questionne sur ses motivations, et le jeune homme répond qu’il est fortuné, qu’il a une femme et des enfants auxquels il est attaché, mais devant la précarité de ce monde, tout lui paraît dépourvu de sens. Il lui semble plus sage de se lancer à corps perdu dans la Voie du Bouddha. Le révérend, très ému par ces paroles s’apprête à raser le crâne du jeune homme, lui ôte sa coiffe et voit sa chevelure tomber en désordre sur ses épaules. Le garçon explique que par crainte de revenir sur sa décision, il a coupé, avant de venir, le toupet de ses cheveux. Le révérend n’a plus alors aucun doute sur le sérieux des intentions du jeune homme. Ce dernier reçoit la tonsure et se mêle aux disciples du révérend, et pendant trois ans travaille le jour, et la nuit prononce sans relâche l’invocation au Bouddha. Le révérend, émerveillé devant la conduite exemplaire de ce disciple qui ne se soucie aucunement de son corps ni de sa vie, lui suggère malgré tout de mettre son corps au repos en s’établissant au monastère du Kôya, pour prononcer sans relâche l’invocation au Bouddha. Le jeune homme répond qu’il pense encore parfois à sa femme et ses enfants, et que s’il s’établit dans les profondeurs de la montagne, il n’aura plus ces pensées et se sentira beaucoup mieux. Et c’est ainsi qu’il monte sur le Kôya et mène une vie exemplaire dans le groupe des vingt-quatre du monastère de la Renaissance. Tous ses proches, bouleversés par sa disparition, le recherchent, vivant ou mort. Ses parents finissent par apprendre qu’il vit sur le Kôya. Ils lui écrivent une lettre dans laquelle ils expriment leur respect pour son entrée en religion mais aussi leur mécontentement devant son silence et le choix de son monastère. Devant la position inflexible de leur fils, les parents l’invitent à une entrevue au pied du Kôya et sont bouleversés de le voir ainsi, amaigri et vêtu de haillons. Malgré le grand désarroi de ses parents, l’homme dit que c’est à contrecœur qu’il a quitté son monastère pour les rencontrer. Il ajoute que cette rencontre sera la dernière. S’ils souhaitent le revoir, ils doivent éveiller leur cœur et aspirer à la Voie du Bouddha. Sa femme venue elle aussi, l’observe discrètement par l’interstice d’une cloison et éclate en sanglots. Tous repartent, encore plus éplorés qu’auparavant. Plus tard ils envoient à leur fils toutes sortes de choses. Celui-ci accepte ces dons comme moyen d’effacer les péchés de ces donateurs et il les distribue à ses compagnons. Ses parents construisent pour lui un grand ermitage, mais il le cède à quelqu’un d’autre. Lui-même vit alors sans abri fixe, ne se lave plus, ne lave plus ses vêtements. Il ne pense qu’à méditer, attendant que le Bouddha vienne l’accueillir à l’heure de sa mort. C’est lui qui s’occupe de la crémation des morts, recueille les restes et accomplit les rites avec grand soin. Chaque jour il se rend dans un sanctuaire, été comme hiver, sans chapeau ni cape, souvent trempé jusqu’aux os ou glacé jusqu’à la moelle. A ceux qui s’en étonnent, il dit qu’il ne ménage pas sa vie car il a éveillé son cœur et désire à présent accomplir sa Renaissance. Ainsi il meurt au bout de sept ou huit ans après avoir renoncé au monde, assis sur ses talons, prononçant sans relâche l’invocation au Bouddha. |
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TE018158 | Hosshinshū: 89. | LE RÉVÉREND TOKIRYÔ TIENT CACHÉS SES MÉRITES.– Un ascète est surnommé Tokiryô car il mendie de maison en maison sans faire aucune lecture de sûtra ou invoquer le nom de Bouddha, mais en disant seulement à chaque fois « Tokiryô » [Des vivres !]. Un fonctionnaire du gouvernement provincial, touché et intrigué par la condition de cet ascète, le suit furtivement. Il pénètre dans une montagne et trouve un sanctuaire au fond d’un ravin escarpé. Il se cache et à la tombée du jour entend l’ascète se livrer à la confession de ses péchés puis au milieu de la nuit, il l’entend réciter le sûtra du lotus avec une très grande dignité. Au lever du jour Tokiryô découvre la présence du fonctionnaire et se désole d’avoir été découvert, lui qui désire tenir cachés tous ses désirs et s’échapper de la roue des existences au fond de ce ravin. Il ajoute que désormais le fonctionnaire doit renoncer à sa vie car il est devenu son ennemi. L’homme, tremblant d’effroi, dit qu’il a éveillé sa foi devant les vertus de l’ascète et jure que jamais il ne soufflera mot à quiconque de ce qu’il a vu. L’ascète accepte alors de le laisser repartir chez lui. Dès lors l’homme visite secrètement Tokiryô qui ne se rend plus au bourg. L’ascète accomplit sa Renaissance et c’est en présence du fonctionnaire qu’il vit ses derniers instants tout à fait admirables. |
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TE018159 | Hosshinshū: 90. | UN ASCÈTE QUI A ÉDIFIÉ UNE CHAPELLE PAR SOUCI DE SA GLOIRE DEVIENT DÉMON –DES-MONTAGNES.– Un ascète renommé pour ses vertus édifie une chapelle et sculpte des Bouddhas. Il accomplit toutes sortes d’actes méritoires durant sa vie, et meurt de façon édifiante. Ainsi tous pensent que l’ascète a accompli sa Renaissance. Mais un jour quelqu’un, habité par l’esprit de l’ascète, dit qu’il est devenu démon - des - montagnes. Questionné par les disciples, l’esprit avoue que durant sa vie il a affiché des mérites qu’il ne possédait pas, et qu’il a sculpté des Bouddhas uniquement pour en tirer de la gloire. Ainsi ses souffrances redoublent à chaque fois que les fidèles rendent hommage à son monastère. |
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TE018160 | Hosshinshū: 91. | A) L’ORGUEIL DE L’ASCÈTE QUI S’IMMOLE PAR LE FEU OPPOSÉE À B) LA SAGESSE D’UN VOLEUR.– A) L’ascète de Nishio et l’ascète de Higashio, se ressemblant fortement, s’adonnent tous deux, dans une vive émulation, à des pratiques méritoires durant des années. Les fidèles s’en remettent à l’un ou l’autre pour nouer un lien. [Un lien de salut que l’homme cherche à établir avec le Bouddha par l’intermédiaire d’un saint homme]. Or un jour on entend dire que l’ascète de Nishio veut s’immoler par le feu. Tous les fidèles qui souhaitent nouer avec lui un lien se rassemblent pour lui rendre hommage. L’ascète de Higashio ne croit pas à cette folle nouvelle. Le jour dit, les disciples mettent le feu au bûcher et on entend une voix qui prononce deux cents fois l’invocation au Bouddha, et qui, avant de mourir, prononce ces mots « Maintenant, je l’ai pour de bon emporté sur l’ascète de Higashio ! ». Ceux qui entendent ces propos sont très déçus, regrettent d’avoir noué un lien avec lui et pensent que l’ascète est certainement devenu un démon-des-montagnes. B) Une nuit, un empereur de Chine qui se repose sur sa couche distingue à la lueur de sa lampe un voleur qui s’empare de ses biens. Saisi de crainte et feignant de dormir, l’empereur voit le voleur avaler une poignée de cendres déposées près de l’empereur et destinées à la préparation de ses remèdes. Puis l’empereur fort perplexe voit le voleur sortir tous les objets de son sac et les remettre en place. L’empereur interpelle le voleur avant qu’il ne reparte à pas de loup et le questionne sur son attitude si étrange. Le voleur répond qu’à la mort de son père qui était ministre, il était jeune et sans ressource. Répugnant à devenir domestique, il a décidé de devenir voleur. Etant gêné de dépouiller un homme du commun, il est venu au palais. Tenaillé par la faim, il a cru que les cendres placées ici étaient ce qu’il cherchait et il les a avalées. Une fois rassasié, il a compris qu’en cas de nécessité, on peut se nourrir même avec ce genre de chose. Et il a alors subitement regretté son projet insensé. Très ému par la sagesse et la pureté de cet homme, l’empereur le laisse repartir chez lui et lui promet de le convoquer et de lui rendre la place qu’occupait son père. Ainsi l’homme, comme il l’avait toujours souhaité, sert l’empereur et succède à son père. Le révérend de Nishio renonce à la vie pour l’amour de la gloire, mais ce pauvre voleur, lui, s’il vole des trésors, a un cœur pur et délicat. |
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TE018161 | Hosshinshū: 92. | LA FILLE DE TACHIBANA NO ISSÉI SE REND SUR LES LIEUX DE SON EXIL.– La fille de Tachibana no Isséi ne supportant pas le départ de son père en exil veut partir avec lui. Malgré le refus catégorique des officiers de l’escorte, la jeune fille suit le cortège secrètement chaque nuit, relais après relais. Après un voyage très difficile, affaiblie et amaigrie, elle finit par rejoindre son père. Peu de temps après son arrivée son père meurt et la jeune fille s’acquitte jour et nuit de ses derniers devoirs. Tous éprouvent compassion et chagrin à son égard et nombreux sont ceux qui la vénèrent et nouent un lien [Un lien de salut que l’homme cherche à établir avec le Bouddha par l’intermédiaire d’un saint homme] avec elle. Après quelque temps, la jeune fille dit au gouverneur qu’elle veut obtenir la grâce de l’empereur pour son père défunt, rapporter à la capitale ses restes et lui rendre les derniers devoirs de piété filiale. Le gouverneur, ému par l’exposé des faits, donne son consentement. Pleine de joie, la fille remonte à la capitale avec la boîte contenant les cendres de son père suspendue à son cou. Ainsi on parvient toujours, hier comme aujourd’hui, à réaliser ce que l’on a sincèrement conçu avec une ferme volonté. |
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TE018162 | Hosshinshū: 93. | A) L’ERMITE AVEUGLE. B) LE PERROQUET QUI PRIE .– A) Un ascète rencontre au pied d’une montagne un moine aveugle qui se rend à Kamakura. Ce dernier dit à l’ascète qu’il n’espère rien, juste trouver pour au moins un jour un moyen de subsistance, au milieu des tourments et des peines qui jalonnent sa route. Tout en le plaignant l’ascète se remémore la parole d’un sage à propos de la marche vers le paradis : « Qu’un homme dépourvu de sagesse aille y renaître, il en est comme d’un aveugle qui va sur un chemin ; mais celui qui connaît le sens profond des saints enseignements est comme un pèlerin qui a la vue claire ». L’ascète demande à l’aveugle s’il n'a pas peur d’échouer, mais celui-ci répond que beaucoup, qui ont tous les moyens à leur disposition, faute de volonté ne sont jamais allés voir ne serait ce que le pays d’Omi ; mais lui, avec ce corps défaillant, une fois sa décision prise, il peut cheminer. B) En Chine un moine récite du matin au soir l’invocation au Bouddha. Un perroquet qui vit près de chez lui imite le moine et répète constamment « Amida le Bouddha ». Quand le perroquet meurt les moines l’enterrent. Par la suite un lotus pousse sur sa tombe et quand on creuse le sol on découvre que le lotus a pour racine la langue du perroquet. C’est sans doute en raison de la générosité du vœu compatissant que, malgré son absence de foi, l’invocation que prononçait le perroquet ne reste pas sans effets bénéfiques. |
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TE018163 | Hosshinshū: 94. | UNE NONNE DU CHÔRAKU-JI MANIFESTE LA PUISSANCE MERVEILLEUSE DE FUDÔ.– Pendant des années un moine vénère une haute statue d’un Fudô [un des rois de la science qui représente la volonté du Bouddha suprême de subjuguer les puissances hostiles à l’éveil]. Un jour, alors qu’il psalmodie avec recueillement, la statue disparaît, laissant le socle vide. Stupéfait, alors que le moine s’interroge sur cette disparition, la statue réapparaît. Par la suite, la statue s’éclipse à maintes reprises. Le moine procède à des ablutions, observe une très sévère abstinence, et multiplie les offices et les prières. Il voit alors en songe le vénéré Fudô qui lui dit qu’il se rend de temps à autre depuis plus de vingt ans auprès d’une personne qui le supplie de la secourir. En effet cette dernière craint d’être assaillie, lors de ses derniers instants, par des démons. Le moine demande le nom et le lieu de résidence de cette personne et le vénéré répond qu’il s’agit de la nonne Yuiren-bô qui loge au monastère Chôraku-ji. Le vénéré ajoute qu’il se rendra régulièrement auprès d’elle durant les trois années à venir, car la fin de sa vie approche. Le moine s’éveille de son rêve, et se rend au monastère où il trouve l’ermitage de la nonne vide. Il finit par la rencontrer dans un autre monastère dans lequel loge la confrérie de l’invocation au Bouddha. Il l’interroge sur ses pieux exercices en vue de l’autre monde et la nonne répond qu’elle pratique l’invocation au Bouddha et la récitation de la formule d’invocation à la compassion et au secours de Fudô depuis une vingtaine d’années. Le moine lui narre alors les raisons de sa venue. La nonne est très émue et se réjouit en entendant ce récit. Peu de temps après, la nonne tombe gravement malade, mais elle dit à ses proches que sa mort n’aura lieu que l’année suivante. Et c’est ainsi qu’à la date prévue, sans être malade, elle rend son dernier souffle. |
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TE018164 | Hosshinshū: 95. | DEUX MORTS [DE LA MÈRE D’UN GUERRIER ET DE L’ADMINISTRATEUR D’UN MONASTÈRE] SURVENUES A LA SUITE DE VIVES DOULEURS MORALES.– A) Un guerrier qui a réussi dans le monde, méprise sa mère, ne lui témoigne aucune piété filiale. Il lui reprend, sur les conseils de sa belle-mère, un domaine qu’il lui avait donné et sur lequel elle vivait pour le céder à quelqu’un d’autre. La mère refuse de croire tous ceux de son entourage qui la préviennent de cette décision. Mais le régisseur du domaine lui lit l’arrêté. Le coup est si violent pour la mère qu’elle en perd la parole. Elle demeure immobile, comme égarée, et elle expire sur place. Sans doute est-elle consumée à cet instant par de mauvaises pensées. Et le guerrier, objet présumé de ses pensées, ne tarde pas à mourir à son tour. B) Quand la pagode du Hosshô-ji à neuf étages est frappée par la foudre et réduite en cendres, l’administrateur du monastère ne peut supporter sa douleur. Il perd ses esprits et trépasse. Voici comment le cœur s’éveille par l’expérience du bien et du mal. |
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TE018165 | Hosshinshū: 96. | UNE VIEILLE NONNE SE TRANSFORME, APRÈS SA MORT, EN VERS ATTAQUANT UN MANDARINIER.– Un grand mandarinier produit abondamment chez un moine des fruits d’une saveur exceptionnelle. Sa voisine, une nonne gravement malade, ne pouvant plus rien avaler, a très envie pourtant de manger des mandarines. Mais son voisin refuse sans pitié. La nonne, si près de mourir, enrage de ne pouvoir se régaler de deux ou trois de ces fruits. Elle qui aspirait à renaître au paradis désire désormais devenir vers pour dévorer toutes les mandarines. Tant qu’elle n’a pas déchargé sa colère, pas question de renaître dans la Terre Pure. Sur ces mots elle meurt. Après plusieurs jours, le moine, ignorant le décès de sa voisine ramasse une mandarine, la pèle, et aperçoit au moment de la déguster, un gros vers logé dans chaque quartier du fruit. Tous les fruits de l’arbre sont véreux et le moine, au bout de quelques années, finit par couper et jeter le mandarinier. |
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TE018166 | Hosshinshū: 97. | UNE FEMME AU SERVICE DE LA PRINCESSE DE LA QUATRIÈME AVENUE DEVIENT UNE MENDIANTE POUR AVOIR PRONONCÉ UNE MALÉDICTION.– Voici ce qu'une vieille nonne mendiante raconte de sa vie. Servante chez la princesse de la quatrième avenue, elle entretient alors une liaison avec un homme qui est nommé gouverneur dans une province. Ce dernier lui propose de venir avec lui. Celle-ci fait ses adieux à la princesse et à tous ceux de sa maison. Tous la comblent de cadeaux d’adieu. Mais à l’heure du départ, aucune voiture ne se présente pour l’emmener. Elle apprend alors que l’homme est parti, accompagnée de son épouse qui avait feint jusque là de ne rien savoir, mais qui a soudain pesté contre l’intention de son époux de l’abandonner. La nonne explique que, honteuse de cette trahison, elle ne se montre plus au palais, accomplit dorénavant les purifications et entreprend cent nuits de pèlerinage nocturne à Kibuné [sanctuaire où la divinité est censée protéger les amants malheureux]. C’est là qu’elle implore la divinité de l’aider à décharger sa colère. Elle demande que le mal frappe la femme de son amant en échange de sa propre vie. Elle ajoute que si elle demeure saine et sauve par la suite, elle s’engage à mendier le reste de sa vie et à accepter de tomber en enfer dans sa prochaine vie. Un mois après l’arrivée du couple dans la province, l’épouse qui prend son bain aperçoit soudain à travers les vapeurs un être qui fait pendre du plafond une jambe longue d’un empan, revêtue d’une chaussette. Cette chose n’étant visible que d’elle seule, elle est frappée sur l’heure d’un mal sévère et meurt. La nonne se réjouit de cette mort, mais finit par être tourmentée par toutes sortes de contrariétés, des songes terribles et demeure dans un état misérable. Etant vieille à présent, la nonne regrette ses pensées coupables qui lui interdisent le salut en cette vie, mais ces regrets resteront stériles. |
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TE018167 | Hosshinshū: 98. | UN HOMME QUI A EU DES RAPPORTS AVEC SA FEMME SUR LE MONT KIBÛ, DEVIENT AVEUGLE DES ANNÉES PLUS TARD.– Au terme d’un pèlerinage au mont Kibû, un homme et son épouse se reposent dans le pavillon de prière. Ils s’assoupissent et quand l’homme s’éveille, encore embrumé par le sommeil et oubliant qu’il est en pèlerinage et non chez lui, a des rapports avec sa femme. Peu à peu le mari sort de son sommeil et estime sa conduite inqualifiable. Ne sachant que faire, lui et sa femme se retirent de la présence de l’auguste Kongôzô-ô [divinité ésotérique vénérée sur le Kibû souvent représentée sous forme d’une grande figure noire à l’expression irritée], vont à la rivière pour de minutieuses ablutions, se lamentent et vont demander pardon avant de repartir. Ils gardent cette affaire secrète et pendant des mois et des années, ils attendent la venue d’un châtiment. Mais rien ne se produit. Après quarante ans, un de leurs proches prépare son départ pour l’auguste pic pour se livrer à d’excessives austérités. Le mari qui est devenu un vieil homme lui dit que ce n’est certainement pas nécessaire, et il raconte l’acte qu’il a commis en présence de Kongôzô-ô. Il ajoute qu’il ne lui est rien arrivé depuis tout ce temps et que la question est simplement de dire les choses ou de les taire. Le proche du mari est effaré par la conduite déplorable de ce dernier. Le mari part se coucher après ces beaux discours et perd durant la nuit l’usage de ses yeux. La divinité, devant la stupidité de l’homme ordinaire et le sérieux de sa contrition lui avait pardonné ; mais la faute commise à été aggravée par la légèreté de l’époux devant la sollicitude des Bouddhas et la tentative de troubler la foi d’autrui. |
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TE018168 | Hosshinshū: 99. | SHÔBON ET ÉICHÔ QUITTENT LA MONTAGNE POUR ALLER VIVRE DANS LA CAPITALE DU SUD.– L’abbé Shôbon et le contrôleur monacal Eichô passent de longues années à étudier dans le monastère du mont Hiei. Puis ils partent pour Nara. Shôbon pense qu’il a plus de chance de devenir célèbre au temple de Todai-ji qui est peu fréquenté, et il conseille, de façon quelque peu hypocrite, à son ami de se séparer de lui et de se rendre au temple Kôfuku-ji qui fourmille de monde. Tous deux sont des clercs distingués mais Eichô qui a un cœur droit progresse rapidement et devient contrôleur monacal alors que Shôbon n’affiche aucun succès. Malgré sa grande érudition, Shôbon se comporte comme un fourbe. Il possède un coffret rempli de fragments de textes essentiels des Ecritures qu’il découpe dans des manuscrits empruntés. Son érudition ne lui rapporte rien et il finit par perdre la vue et à sa mort il manifeste des signes patents de ses nombreux péchés. Eichô, lui, reclus dans le sanctuaire de Kasuga, voit à maintes reprises en songe la divinité. Mais celle-ci se montre toujours de dos. Eichô la questionne et la divinité répond qu’elle ne peut se tourner vers lui car il ne prie pas pour sa propre vie future. En effet, les Bouddhas ne jugent sans doute pas conformes à leur dessein les prières que l’on fait uniquement pour la vie présente. |
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TE018169 | Hosshinshū: 100. | UN HOMME QUI A APPARTENU À LA GARDE DES GENDARMES RENONCE AU MONDE ET ACCOMPLIT SA RENAISSANCE.– Un homme de la garde des gendarmes se rend très souvent dans le sanctuaire de Kamo. Il y prie pour son avancement, dépité de voir son frère cadet réussir une belle carrière au bureau de la police alors que lui-même demeure dans la médiocrité. Une nuit, alors qu’il est confiné dans le sanctuaire, il rêve que les portes s’ouvrent et que l’Amida l’Ainsi-Venu [le Bouddha sauveur qui occupe une place centrale dans l’enseignement de la "Terre Pure"] apparaît dans une lumière irradiant les dix directions. Il se réveille après avoir adoré le Bouddha avec révérence et gratitude. Il regrette d’avoir pensé que le Bouddha ne l’écoutait pas et il éveille alors son cœur, coupe sa chevelure et récite nuit et jour l’invocation au Bouddha. Il meurt après deux ou trois jours de maladie, l’esprit droit à sa dernière heure. |
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TE018170 | Hosshinshū: 101. | UN SAINT HOMME QUI A RELÂCHÉ UNE CARPE PROMISE À UNE OFFRANDE FAIT L’OBJET DE VIFS REPROCHES EN SONGE.–Un ascète qui traverse le lac d’Ômi voit un homme emportant dans sa barque une grosse carpe. Ému par le poisson encore vivant et agité de soubresauts, l’ascète échange son vêtement contre la carpe qu’il remet à l’eau. Alors qu’il pense s’être conduit de façon fort méritoire, il voit en songe durant cette nuit-là un vieillard vêtu de blanc qui lui dit être la carpe qu’il a relâchée le matin même. Il ajoute que la conduite de l’ascète a été déplorable. Le vieillard explique à l’ascète déconcerté qu’il vivait au fond de ce lac avec ce corps écailleux depuis de nombreuses années et qu’il attendait la délivrance. Or il était sur le point d’être apporté comme offrande au sanctuaire de Kamo et allait enfin échapper à ses souffrances. Il reproche à l’ascète d’avoir voulu faire le malin et de prolonger sa condition de bête infligée en rétribution de ses actes passés. |
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TE018171 | Hosshinshū: 102. | UN MOINE QUI VIENT DE LA MONTAGNE PERD CONSCIENCE DEVANT LE SANCTUAIRE DE KAAI.– Un moine qui descend de la montagne voit trois jeunes garçons qui discutent vivement devant le sanctuaire de Tadasu. Interrogés par le moine, les garçons expliquent qu’ils ne sont pas d’accord sur le nom du sûtra que les gens commencent par lire à haute voix devant le dieu. Le premier garçon dit que c’est « le sûtra véridique », le deuxième « le sûtra profond » et le dernier « le sûtra divin ». Le moine s’en amuse et dit qu’ils se trompent tous car il s’agit du « sûtra du cœur ». Le moine quitte les jeunes gens qui se séparent et après avoir parcouru quelques mètres, il a un étourdissement et tombe au milieu de la grève. Il voit alors en songe un homme de noble prestance qui dit ne pas avoir toléré sa conduite. En effet chaque garçon avait de bonnes raisons pour parler ainsi. Dire « le sûtra véridique » n’est pas incorrect car ce sûtra transmet la loi véritable ; dire « le sûtra profond » n’est pas non plus incorrect, car sa doctrine repose sur un principe profond ; dire « le sûtra divin » n’est pas faux car les divinités ont pour lui une prédilection. L’homme reproche au moine d’avoir interrompu la discussion entre les garçons. En effet il se plaisait à les entendre débattre de ces questions. Après avoir vu le dieu lui parler ainsi, le moine inondé de sueur se relève. |
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TE018172 | Hosshinshū: 23. | UN SAINT HOMME REFUSE DE RECEVOIR UN VISITEUR.– Un ascète pratique sans relâche l’invocation au Bouddha. Prétextant une affaire importante, il refuse de recevoir un visiteur. Questionné par un de ses disciples, il répond qu’ayant obtenu la condition d’être humain, il n’y a rien de plus important pour lui que d’échapper cette fois-ci à la roue des existences, et de renaître au paradis. Ainsi il est dit dans le Sutra de la méditation assise : « Aujourd’hui on s’occupe de ceci, demain on vaquera à cela ; attaché aux plaisirs, aveugle aux souffrances, on ne prend pas garde à la venue de ce brigand, la mort. » |
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TE018173 | Hosshinshū: 24. | UN VIEILLARD DU PAYS DE SRĀVASTĪ N’ACTUALISE PAS LES MÉRITES ACQUIS EN UNE VIE ANTÉRIEURE .– Alors que Shaka [[e Bouddha historique], accompagné de son disciple Ānanda , se trouve au pays de Srāvastī, il croise un vieillard et sa femme. Tous deux ont des cheveux blancs, sont ridés, décrépis, très amaigris et peinent à trouver leur souffle. Le Bouddha dit alors à son disciple que ce vieillard a accumulé de grands mérites dans une vie antérieure et qu’il aurait pu devenir un notable et même un saint s’il avait pratiqué. Mais, faute d’avoir aspiré au salut, ce vieil homme est réduit à présent à un état misérable. Il aura vécu pour rien dans cette condition humaine si difficile à obtenir. Shaka ajoute que rien ne le distingue de ce vieux mendiant, lui qui vit dans l’indolence, sans pratiquer l’ascèse alors même qu’il a rencontré le Sûtra du lotus, et a été instruit du vœu compatissant du Bouddha Amida. |
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TE018176 | Hosshinshū: 103. | LA GRANDE DIVINITÉ DE SHINRA DAIGNE SE RÉJOUIR QU’UN MOINE AIT ÉVEILLÉ SON CŒUR.– Après l’incendie qui a réduit en cendres le monastère de Mii-déra, un moine éploré membre de la communauté se rend au sanctuaire de la grande divinité de Shinra [divinité protectrice du Mii-déra]. Durant une nuit de veille il médite longuement et s’adresse à la divinité. Inconsolable, il lui demande des explications : pourquoi n’a-t-elle pas protégé le monastère ? Est-elle partie ? Est-ce que la loi du Bouddha a disparu de ces lieux qu’elle a détruit et dont elle était la gardienne ? Alors qu’il s’est assoupi, la divinité lui apparaît en songe, le visage empreint d’une joie indicible. Celle-ci explique au moine ébahi qu’il ne doit pas se lamenter. La loi du Bouddha n’est pas vouée à disparaître et si elle se réjouit c’est qu’un moine de la communauté a fait naître en lui la pensée de l’éveil en voyant ce que le monastère est devenu. Il accomplira assurément sa Renaissance. Le moine rétorque qu’il ne comprend pas que la divinité éprouve de la compassion pour un seul être alors que tant de moines se sont rendus coupables de crimes. La divinité répond qu’elle est certes attristée par les péchés, mais encore plus réjouie de voir un homme suscitant profondément en lui l’esprit de la Voie, ce qui ne se produit que très rarement. Après cette vision le moine est tiré de son rêve. Voilà comment les dieux viennent guider les humains. |
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TE018177 | Hosshinshū: 104. | LE CONTRÔLEUR MONACAL KANSHUN DOIT À SA PAUVRETÉ D'ACCOMPLIR SA RENAISSANCE.– Un maître de la loi Kanshun vit dans le plus grand dénuement sur la montagne. Déplorant de ne pas assurer sa subsistance, il se rend depuis des années au sanctuaire du roi de la montagne [divinité de Hiyoshi] où il implore vainement la divinité. Dépité, il rejoint un homme parti faire retraite au sanctuaire d’Inari, dans lequel il reste reclus et prie pendant sept jours. La dernière nuit de son séjour, il rêve qu’une dame très belle et distinguée ouvre la porte de la chapelle et vient vers lui. Elle lui fend la poitrine dans laquelle elle glisse un papier avant de s’en retourner. Le moine lit le papier. C’est un bon pour mille setiers de riz. Il pense avoir bénéficié d’une merveilleuse grâce divine, mais un personnage de haut rang surgit alors entouré d’une nuée de serviteurs. La dame réapparaît alors et dialogue avec le riche personnage. Ce dernier demande à la dame de reprendre ce qu’elle a donné au moine. Certes, il a prié avec ferveur pendant sept jours, mais il s’est plaint à lui depuis des années et c’est délibérément qu’il ne lui a pas prêté oreille. La dame arrache le billet de la poitrine de Kanshun et disparaît. Le moine pense que le riche visiteur doit être le roi de la montagne et est rempli de ressentiment. Il entend alors la dame qui interroge le visiteur sur les raisons de sa venue et de sa conduite envers elle. Le visiteur répond qu’avant de quitter la roue des existences, le moine, s’il obtient en cette vie l’opulence, aura en lui des attachements bien plus profonds et il lui faudra encore demeurer dans un monde souillé. C’est pourquoi il a pris des dispositions pour que Kanshun accomplisse sa Renaissance. Le moine s’éveille alors et par la suite il rompt avec les espoirs de ce monde et se voue entièrement aux exercices en vue de sa prochaine vie. Il accomplit, semble-t-il, une merveilleuse Renaissance. |
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TE018178 | Hosshinshū: 105. | LE ROI DE LA MONTAGNE PARLE PAR LA BOUCHE D’UNE NONNE.– Entendant une vieille nonne possédée par la grande divinité de Hiyoshi et prononçant toutes sortes d’oracles, un moine scandalisé l’interpelle et la met à l’épreuve. Il lui demande quelle pratique il doit mettre en œuvre pour s’assurer d’aller renaître au paradis. La nonne, malgré la conduite détestable du moine, accepte de l’instruire. Elle lui conseille l’ascèse, la foi et les exercices assidus pour accumuler les mérites. Et s’il croit en elle, elle lui dira les deux choses qu’il faut garder par-devers soi. Après réflexion, le moine, pénétré de respect, demande à entendre l’oracle pour acquérir une foi profonde. Alors la nonne l’instruit : les deux choses essentielles sont la compassion et la simplicité du cœur. Sans elles il est extrêmement difficile d’accomplir sa Renaissance. Le moine se lamente devant la difficulté de la tâche. L’oracle lui répond que l’essentiel est la simplicité du cœur, même si sa compassion est imparfaite. Le moine verse des larmes et, depuis, accomplit un pèlerinage chaque année au sanctuaire de Hiyoshi. |
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TE018179 | Hosshinshū: 106. | UNE DIVINITÉ FAIT DES REPROCHES AU PRÉDICATEUR TANSHU AU SUJET DE L'IMPURETÉ.– Le chambellan et grand conseiller Narimichi est à l’agonie. Le prédicateur Tanshû demeure à ses côtés pour obtenir sa guérison. Une jeune suivante, Jûzengi [en réalité divinité protectrice du monastère du roi de la montagne], s’assoit devant le prédicateur et lui fait reproche d’impureté. Le prédicateur se défend et finit par admettre ce que dit Jûzengi. |
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